« Une maîtrise illusoire »

Nous souhaitions donner ici la parole à ceux qui contestent la responsabilité de l’homme dans le réchauffement. François Gervais est physicien, il a été rapporteur critique du GIEC et a publié L’innocence du carbone, Albin Michel, 2013, 316 pages, 22 €. Nous le remercions d’avoir accepté de répondre à nos questions.

La Nef – Que pensez-vous de la COP21 qui se réunit en ce moment à Paris, qu’en attendez-vous ?
François Gervais – La sensibilité climatique est définie comme l’élévation de température de la Terre en cas de doublement du taux de CO2 dans l’air. Selon une étude (1) basée sur la sensibilité climatique de 3 °C retenue dans le dernier rapport AR5 du GIEC (2), le total des promesses de réduction des émissions par tous les états éviterait un réchauffement de 0,05° C en 2030 et de 0,17° C en 2100. Or l’estimation du GIEC est exagérée comme le montrent les plus récentes études publiées dans des revues internationales à comité de lecture. Ainsi l’impact sur le climat des politiques de réduction n’apparaît même pas mesurable.

Dans L’innocence du carbone, vous remettez en cause nombre d’idées reçues, notamment le fait que le gaz carbonique serait le seul responsable de l’effet de serre et du réchauffement climatique : pourriez-vous nous expliquer votre argumentation ?
Le principal gaz « à effet de serre », dénomination impropre, est la vapeur d’eau et heureusement, sinon la planète serait invivable. Personne ne se hasarde à prôner une « lutte » contre l’eau et sa vapeur. Comme le rappelait Schneider dans Science en 1971, l’effet de serre du CO2 est saturé. L’absorptivité de l’atmosphère est déjà de 100 % aux deux fréquences de vibration de la molécule. Le reconnaissant, les modèles ont dû élever la source de l’effet là où la pression atmosphérique est plus faible. Malheureusement pour cette tentative, pas la moindre évolution de température n’est observée depuis 1993 dans la basse stratosphère selon les mesures satellitaires Remote Sensing System (RSS) corroborées par celles, indépendantes, de l’Université d’Alabama (UAH). Or ce n’est pas moins de 40 % de tout le CO2 émis qui l’a été depuis 1993, sans le moindre impact mesurable sur la température depuis 23 ans. Le climat réel ne valide pas les modèles de climat virtuel.

Y a-t-il un réchauffement climatique, alors que la température observée stagne depuis un peu plus de dix ans et à quoi est-il dû si ce ne sont pas les gaz à effet de serre qui en sont responsables ?
Deux cycles climatiques naturels d’environ 248 et 60 ans sont passés par leur maximum durant la première décennie de ce siècle. Les dernières années ont donc effectivement été un tant soit peu plus chaudes. Mais le début de leur phase décroissante s’amorce comme le montrent les mesures RSS et UAH depuis 2002. S’y superpose une plus faible amplitude du cycle actuel de taches solaires laissant présager vers 2030 un minimum équivalent à celui observé durant le dernier « petit âge glaciaire » sous le règne de Louis XIV.

Est-ce l’activité de l’homme qui contribue principalement à la croissance des gaz à effet de serre et ces derniers sont-ils un danger pour la planète ?
L’augmentation de la proportion de CO2 dans l’air, passée de 0,03 % à 0,04 % en un siècle, est effectivement imputable au moins pour partie à la combustion de charbon, pétrole, gaz, y compris de schiste. Mais comme on n’en mesure pas d’impact sur le climat, il faut insister sur ses effets bénéfiques puisque le CO2, au contraire d’être le « polluant » injustement vilipendé, est la nourriture indispensable et irremplaçable de la végétation. Son augmentation a permis d’accroître de 16 % le rendement des récoltes, profit évalué à 3000 milliards d’euros. Comment se prétendre « vert » et ignorer ce bénéfice pour l’Humanité ?

Si le CO2 n’est pas le principal facteur de l’effet de serre, pourquoi la communauté scientifique internationale ne le reconnaît-elle pas, le consensus scientifique dont on nous abreuve serait-il une illusion ?
Il n’y a pas de consensus sur le climat comme en témoigne un récapitulatif de pas moins de 1350 publications scientifiques dans des revues internationales à comité de lecture (3) qui ne partagent justement pas l’alarmisme prôné par le GIEC. La communauté scientifique est beaucoup plus partagée qu’on se plaît à le dire. Une volonté politique prétend museler le débat. Le financement de la recherche se fait de plus en plus par appels d’offres fléchés au détriment d’un « financement durable ». Le « réchauffement », devenu « changement » puis « dérèglement » climatique depuis que plus aucun réchauffement significatif n’est observé, est une formidable « poule aux œufs d’or » dont les climatologues tiennent à différer le plus longtemps possible la ménopause. Il s’agit d’un énorme business dont ils sont loin d’être les seuls à profiter. Combien d’officines et d’agences vivent confortablement du marché du carbone et sur le thème de l’énergie décarbonée ?

Vous avez collaboré avec le GIEC : que pensez-vous de cet organisme et de sa façon de travailler ?
Lorsque le GIEC (i) ignore les nombreuses publications sur la variabilité naturelle du climat, en particulier le cycle de 60 ans, qu’un « expert reviewer », votre serviteur, lui recommande pourtant de citer et de discuter, (ii) refuse de discuter le retard de 9 à 11 mois des fluctuations de CO2 sur les fluctuations de température et leur corrélation, (iii) refuse de montrer le spectre infrarouge du CO2 atmosphérique pourtant à la base du mécanisme dit d’effet de serre, et sa quasi-absence d’évolution temporelle, voici trois exemples parmi d’autres d’une façon de travailler qui n’obéit pas à la nécessaire rigueur scientifique.

Les scénarios du futur sur lesquels travaille la COP21 reposent sur des modélisations : quel est le degré de fiabilité de tels modèles et pourquoi retenir le chiffre de 2° C très précisément ?
L’écart de température entre le Nord et le Sud de la France est d’environ 5° C. Assistons-nous à des migrations de « réfugiés » climatiques du Sud vers le Nord ? Le contraire est plutôt observé durant la période estivale… Lorsque le vent tourne du Sud au Nord ou l’inverse, un écart de température de 10 à 15° C est couramment observé. Y survivons-nous ? Les publications des climatologues rapportent une sensibilité climatique calculée par des modèles informatiques s’échelonnant entre 0,4° C et 6° C. Qui croire ? Elle n’était que de 0,8° C en 1971 selon Schneider lorsque la Terre se refroidissait. Puis une tendance au réchauffement s’est manifestée entre 1975 et 1998 et elle s’est alors hissée à une moyenne de 3° C, valeur toujours retenue dans le rapport AR5 du GIEC, mais avec une incertitude comprise entre 1,5° C et 4,5° C, trop considérable pour guider une politique fiable. Depuis que la température stagne, les modélisateurs publient des valeurs en baisse de 10 % par an, ce que le GIEC n’a pas pris en compte mais qui devrait normalement poser problème aux futures COP.

Le discours catastrophiste correspond-il à la réalité et pourquoi le centrer seulement sur le climat ?
Aucune relation de cause à effet entre CO2 et température n’est démontrée par les observations. L’alarmisme est uniquement basé sur des modèles affligés d’une incertitude telle qu’ils se récusent mutuellement. Leurs projections divergent des mesures. A fortiori, il n’y a pas davantage de relation entre météo et CO2 qui joue en l’occurrence le rôle peu enviable de bouc émissaire. Comme l’avait découvert il y a trois siècles Torricelli, inventeur du baromètre, les variations de pression permettent de prévoir le temps, l’approche de la pluie, du vent, des tempêtes. Les pays les plus pauvres sont les plus vulnérables aux phénomènes météorologiques extrêmes. La solution passe par la lutte contre la pauvreté. La terminologie « dérèglement climatique » est inepte. Le climat a toujours changé. Prétendre le maîtriser par des lois et des taxes est illusoire.

Que préconisez-vous comme politique énergétique pour l’avenir, et notamment pour les pays en développement ?
Il faut laisser le temps à la recherche de mettre au point des énergies renouvelables qui s’affranchissent du problème de l’intermittence. Parallèlement, le développement de l’efficacité énergétique permet de moins solliciter les ressources de la Planète. En revanche, baser la solidarité Nord-Sud sur la seule relation non démontrée entre CO2 et climat lui serait préjudiciable.

Propos recueillis par Christophe Geffroy

(1) B. Lomborg (2015). Impact of Current Climate Proposals Global Policy, DOI : 10.1111/1758-5899.12295.
(2) Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.
(3) www.populartechnology.net/2009/10/peer-reviewed-papers-supporting.html

LA NEF n°277 Janvier 2016