Juste avant l’aube. Lettres de guerre et d’espérance du curé d’Alep, d’Ibrahim Alsabagh

Envoyé à Alep en 2015 pour s’occuper de la paroisse latine de la seconde ville de Syrie, le Père Alsabagh, religieux franciscain natif de ce pays, a pris l’habitude d’écrire pour que rien ne se perde des effroyables souffrances endurées par son peuple depuis six ans. L’intention de l’auteur n’est pas de proposer une analyse du conflit, de ses responsables et de ses enjeux. Dans son ouvrage, composé des lettres adressées à ses proches, de textes divers (entretiens, témoignages) et d’annexes (Alep avant la guerre, la Custodie franciscaine en Syrie), il décrit le quotidien de la guerre, l’action de l’Église pour aider ceux qui ont tout perdu, l’alternance entre le découragement et l’espoir de la population, y compris du clergé des différents rites qui coexistent dans cette ville naguère si prospère. Surtout, il livre ses réflexions sur la mission spécifique des chrétiens et la nécessité de leur maintien sur place comme instruments d’amour, de pardon et de paix. « C’est le Christ qui reste ici et c’est sa lumière qui éclaire ces peuples à travers notre sang et nos souffrances. » Précisément, les musulmans apprécient cette présence et certains assistent aux offices dans les églises encore debout (60 % d’entre elles ont cependant été détruites à Alep, qui a été consacrée au Cœur immaculé de Marie le 13 mai 2016). Le P. Alsabagh ne peut taire son admiration car « l’Église d’Alep est une Église rayonnante, lumineuse, qui répand foi, espérance et charité, non seulement pour ses enfants mais pour tout le peuple syrien ». Ce livre simple et poignant invite le lecteur à comprendre et à soutenir la vocation des chrétiens au Proche-Orient.

Annie Laurent

Juste avant l’aube. Lettres de guerre et d’espérance du curé d’Alep, d’Ibrahim Alsabagh, Cerf, 2017, 320 pages, 20 €.

© LA NEF n°296 Octobre 2017