Les chrétiens d’Orient, de Bernard Heyberger

Contrairement à une idée répandue, les chrétiens d’Orient ne sont pas seulement des peuples qui subissent passivement les aléas d’une histoire où leur rôle serait négligeable. Telle est l’une des idées principales qui traverse ce livre consacré à un thème qui manquait à la célèbre collection Que sais-je ? Agrégé d’histoire, l’auteur maîtrise son sujet. Plutôt qu’une carte d’identité des diverses Églises composant le christianisme au Levant (pays arabes, Turquie, Arménie, Iran, Égypte), avec la description de leur organisation, de leurs rites et traditions, il en privilégie le déroulement historique, dont il propose une synthèse réussie. Il n’oublie pas pour autant les causes doctrinales qui, dès les IVe-Ve siècles, ont provoqué l’éclatement du christianisme en confessions trop souvent rivales. Des pages très intéressantes concernent l’institution et le développement du monachisme.
La vie des chrétiens sous domination musulmane, arabe et ottomane, constitue évidemment une partie essentielle de l’ouvrage. Heyberger décrit la dhimmitude et la variété de ses applications, refusant toutefois, de façon un peu trop tranchée, de voir dans l’essence de l’islam la cause principale du déclin démographique et de l’influence des chrétiens, même s’il a raison de valoriser leur apport intellectuel sous certains régimes et de montrer l’influence néfaste des ingérences de l’Europe, de la Russie, puis de l’Amérique. On peut regretter enfin qu’il n’aborde pas la situation des chrétiens en Israël.

Annie Laurent

Les chrétiens d’Orient, de Bernard Heyberger, PUF, coll. Que sais-je ?, 2017, 126 pages, 9 €.

© LA NEF n°297 Novembre 2017