Penser le travail avec Simone Weil, d’Emmanuel Gaballieri

Simone Weil est décédée il y a 74 ans, le 24 août 1943. Elle avait 34 ans et déjà une œuvre philosophique et spirituelle majeure. Une œuvre qui inspire sur le plan intellectuel et pratique. Montrer cela, est une des forces de ce Penser le travail avec Simone Weil. Matière et esprit, des inséparables selon Gaballieri. En 34 ans de vie, Simone Weil a été l’élève d’Alain, agrégée de Philosophie, « vierge rouge » envoyée enseigner au loin par le ministère, activiste en Espagne durant la guerre, ouvrière en usine… Une année, quelques mois à peine diront certains. C’est toujours plus que pour beaucoup de piètres moralisateurs. Proche de Thibon, résistante, auteur de La Condition ouvrière, de L’Enracinement, de La Pesanteur et la Grâce, entre autres. Une vie d’une autre époque, mais une pensée qui dit beaucoup pour maintenant. Sur le plan spirituel, bien sûr. Aussi à propos de la question sociale et philosophique du travail. Ce livre est à lire pour plusieurs raisons. C’est une excellente introduction à la vie et à la pensée de Simone Weil, introduction qui se lit avec beaucoup d’intérêt. Et surtout, parce qu’il aide justement à penser la question du travail avec les intuitions de Weil. Celle-ci en particulier : la question n’est pas celle de l’aliénation mais de l’intégration du travail dans l’accomplissement spirituel et social du travailleur. Elle est donc question humaine avant d’être économique. Une pensée brûlante d’actualité.

Matthieu Baumier

Penser le travail avec Simone Weil, d’Emmanuel Gaballieri, Nouvelle Cité, 2017, 160 pages, 15 €.

© LA NEF n°297 Novembre 2017