Autopsie d’un déni d’antisémitisme. Autour du procès fait à Georges Bensoussan

Intellectuel engagé, Georges Bensoussan est à l’avant-garde de la dénonciation justifiée de la diffusion de l’antisémitisme dans les quartiers islamisés. Le 10 octobre 2015, l’historien, spécialiste de l’histoire culturelle contemporaine de l’Europe, et par ailleurs auteur de l’incontournable formule « territoires perdus de la République », était l’invité d’Alain Finkielkraut lors de son émission Répliques de France Culture. Il y a prononcé ces mots : « Aujourd’hui, nous sommes en présence d’un autre peuple au sein de la nation française, qui fait régresser un certain nombre de valeurs démocratiques qui nous ont portés. Il n’y aura pas d’intégration tant qu’on ne se sera pas débarrassé de cet antisémitisme atavique qui est tu comme un secret. Un sociologue algérien, Smaïn Laacher, d’un très grand courage, vient de dire dans un film qui passera sur France 3 : “C’est une honte que de maintenir ce tabou, à savoir que dans les familles arabes en France, et tout le monde le sait mais personne ne veut le dire, l’antisémitisme on le tète avec le lait de sa mère”. » Bensoussan citait un sociologue, le voici accusé de « provocation à la discrimination » et d’islamophobie, contraint de se défendre lors d’un procès au lourd climat tenu en janvier 2017. Sur fond de « déni d’antisémitisme » des banlieues islamisées. Ce livre donne toutes les pièces du dossier à son lecteur, ainsi que de nombreux témoignages et interventions de journalistes et intellectuels parus dans la presse. La justice a relaxé Bensoussan. Il est cependant nécessaire de lire les pièces de ce procès, pour saisir à quel point cet antisémitisme s’insère dans le corps social. Un doute ? Pensez à la seconde profanation de la stèle en hommage à Ilan Halimi à Bagneux le 7 novembre 2017 ou encore à ce qui a été révélé par le procès Merah : l’imprégnation antisémite fréquente des familles musulmanes populaires.

Matthieu Baumier

Autopsie d’un déni d’antisémitisme. Autour du procès fait à Georges Bensoussan, collectif (Geay, Sansal, Laval, Nora, Bensoussan, Gozlan, Lefebvre, Pill, Tarnero, Tribalat), L’Artilleur, 2017, 208 pages, 17 €.

© LA NEF n°299 Janvier 2018