Requiem pour le rêve américain, de Noam Chomsky

Linguiste mondialement connu, philosophe et activiste politique de gauche, Chomsky a souvent pris des positions polémiques, et parfois provoqué le scandale. En 1979, il signait une pétition en faveur de Faurisson. Chomsky avait ensuite expliqué que défendre la liberté d’expression d’un individu ne revient pas à soutenir ses idées. Une position plus facile à comprendre outre-Atlantique, où la notion de liberté d’expression est plus élargie qu’ici. Reste que Chomsky laisse rarement indifférent, quand il s’engage dans un combat politique. Ce Requiem pour le rêve américain est une adaptation livresque enrichie d’un documentaire éponyme sorti en 2016, tous deux construits à partir d’entretiens avec le philosophe politique. C’est une façon abordable d’appréhender la pensée de l’un des intellectuels américains les plus influents de ces 50 dernières années, ce qui bien sûr ne revient aucunement à en soutenir les thèses. Ici, Chomsky s’attaque à l’Amérique qui a élu Trump, considérant que cette élection marque un tournant majeur dans l’histoire américaine : la rupture avec l’un de ses socles, l’égalité. C’est pourquoi cet essai traite des inégalités aux États-Unis, en « dix principes » visant à démontrer que celles-ci n’auraient jamais été aussi fortes qu’aujourd’hui en Amérique et que le fait que 1 % de la population détienne plus de richesses que les 99 % restants sape le possible même d’une démocratie. De cela, Trump serait, selon Chomsky, le nom.

Matthieu Baumier

Requiem pour le rêve américain, de Noam Chomsky, Climats, 2017, 136 pages, 14 €.

© LA NEF n°301 Mars 2018