Guadalupe, Mère de l’humanité
(4 décembre 2024)
Vingt millions de pèlerins viennent chaque année à Mexico vénérer l’image de Notre-Dame de Guadalupe apparue à Juan Diego en 1531. Le documentaire remonte aux temps précolombiens, quand les Aztèques croyaient assurer la perpétuation du soleil par les sacrifices humains. Ils résistaient alors à l’évangélisation mais après les apparitions à Guadalupe, leurs baptêmes se comptèrent rapidement en millions ! Jean-Paul II voyait dans Guadalupe l’exemple parfait de l’inculturation.
Le sommet du récit est la dernière visite de Juan Diego à l’évêque, quand il révèle le signe donné par la Sainte Vierge : des roses de Castille, inconnues au Mexique et inexplicables en hiver. C’est alors qu’apparaît l’image miraculeuse de la Vierge sur le manteau, la « tilma », de Juan Diego. Une tilma se désagrège normalement en quelques mois alors que celle-ci résiste depuis cinq siècles !
Le film des apparitions est entrecoupé de scènes actuelles : pasteurs qui commentent le message de la Sainte Vierge, et surtout fidèles ayant bénéficié de miracles. Ces miracles de guérison, évidents, sont précédés d’autres, invisibles, mais découverts récemment par l’observation scientifique. Ainsi a-t-on remarqué que les quarante-six étoiles qui ornent le manteau de la Vierge reproduisent les constellations visibles dans le ciel de Guadalupe au moment des apparitions, ou que les yeux de la Vierge portent chacun l’image en reflet des personnes présentes à l’entrevue chez l’évêque. Plus merveilleux, encore, peut-être, un informaticien a traduit en composition musicale les lignes induites par la position des étoiles. On en entend dans le film quelques mesures, et on se demande si on n’entendrait pas la musique des anges.
Conclave
(4 décembre 2024)
À Rome, le Pape vient de mourir. Aussitôt se met en place la procédure rituelle de l’élection d’un nouveau pape. Le film, tiré d’un roman éponyme de Robert Harris, est clairement une fiction. S’il n’a pas la profondeur psychologique du livre, il en garde le caractère général d’étude du pouvoir et de sa conquête.
Le réalisateur allemand Edward Berger aime « regarder derrière les portes closes des luttes de pouvoir ». Comme l’image du film est très belle, la musique sensible dans sa sobriété, et les acteurs (Ralph Fiennes, Stanley Tucci, John Lithgow) de très haut vol, on est immanquablement happé par le drame, huis clos par excellence.
Avec le parti-pris des auteurs, on ne s’étonne pas de ne trouver parmi les cardinaux réunis qu’ambitions, rivalités et calculs, aggravés de mensonges, pièges ou calomnies. Ce serait vite étouffant si, malgré leurs défauts, ces cardinaux n’étaient aussi de hautes figures, par l’intelligence et le caractère. Le personnage central, le doyen du Sacré-Collège (inégalable Ralph Fiennes), serait à cet égard presque irréprochable, n’était son ambition. Entre ces papabili, le suspens ne cesse qu’à la fin, hautement improbable et donc incapable de scandaliser comme elle le voudrait.
François Maximin
© LA NEF n° 375 Décembre 2024