Une place pour Pierrot
10 septembre 2025
Pierrot, 45 ans, est autiste et vit dans un foyer médicalisé. Mécontente des traitements, sa sœur Camille le prend chez elle et cherche un endroit mieux adapté. Chemin semé d’embûches pour Camille et ses proches, mais aussi promesse d’une nouvelle vie où chacun trouvera sa place.
Ce premier film de fiction d’Hélène Médigue, réalisatrice et elle-même actrice, est issu de l’expérience de celle-ci avec son frère autiste. Ce n’est donc pas un autiste de cinéma à la façon du Rain Man créé par Dustin Hoffman.
Un film de ce genre repose naturellement sur ses acteurs. Pour jouer le frère autiste, Hélène Médigue a choisi comme une évidence Gregory Gadebois, au physique bonhomme et sans marques, à qui la finesse de son jeu permet d’être n’importe qui. Mais le choix décisif est celui de Marie Gillain pour jouer Camille. Cette actrice dont le naturel tranche sur les habitudes de cinéma, fait parfaitement ressentir l’ambiguïté du dévouement, quand, à force de se consacrer au service d’une personne vulnérable, on finit par idolâtrer ce service et ne plus discerner ce qu’il y a d’utile ou de nuisible en lui.
En cela le film rétablit l’équilibre que la société peine à trouver devant la « différence », qu’elle cherche ou à éliminer, ou à stariser. Là elle trouve, doucement, sa place.
Les Tourmentés
17 septembre 2025
Skender (Niels Schneider), ancien légionnaire réduit à la rue, mais désireux de renouer avec femme et enfants, est retrouvé par son ancien supérieur (Ramzy Bedia), devenu majordome d’une veuve milliardaire (Linh-Dan Pham). Cette passionnée de chasse propose à Skender un pactole s’il accepte d’être sa proie à la chasse.
La chasse à l’homme est un thème classique au cinéma depuis les Chasses du comte Zaroff (1932) qui ont fixé le genre. Le Belge Lucas Belvaux (Pas son genre) semble d’abord suivre le genre. Mais plus le film avance, moins il semble qu’on se soucie de cette partie de chasse qui est pourtant le pivot de l’histoire. Seuls de légers flashs attestent que c’est une réalité, mais l’intérêt du cinéaste est ailleurs. Il est dans l’étude des caractères de chacun des protagonistes. Le plus étudié est naturellement Skender, d’abord lancé comme un pauvre type pitoyable, mais qui se découvre un combattant d’exception, sorte de Rambo extrême, sûr de résister à tous les dangers. Mais ce foudre de guerre a un talon d’Achille, sa femme et ses deux garçons, pour lesquels il est prêt à mourir à l’instant. C’est tout le prix de ce film, la célébration de la vie et des raisons de la vivre. Il est résumé dans une formule inhabituelle, pendant de celle qu’on entend dans les expériences de mort imminente : « Il y a une vie avant la mort ».
François Maximin
© LA NEF n°383 Septembre 2025