Littérature

Internée, lobotomisée, broyée : Mon vrai nom est Elisabeth

Mon vrai nom est Elisabeth, sorti le 6 février 2025, est devenu un phénomène d’édition. En tant que revue catholique, il nous a semblé important de parler de cet ouvrage brillant, dérangeant, écrit depuis un « endroit » qui n’est forcément pas le nôtre, qui ouvre de nombreuses pistes de réflexion et remises en cause.Ce livre est né d’une enquête ...

Lire la suite...

Barbey d’Aurevilly, « le réfractaire »

La Onzième Heure vient de rééditer des textes de Jules Barbey d’Aurevilly (1808-1889), occasion de découvrir cet écrivain original, monarchiste intransigeant et dandy.«Est-ce qu’il n’y a pas, Madame, une espèce de tulle qu’on appelle tulle illusion ? » Cette épigraphe à l’une de ses célèbres Diaboliques, « Le Dessous des cartes d’une partie de whist », renseignera immédiatement le jeune lecteur qui n’aurait ...

Lire la suite...

Jacques Rivière ou « l’effroyable plasticité » critique

« Vous êtes ce lecteur idéal auquel pense involontairement tout auteur quand il écrit » : le compliment de Claudel à Jacques Rivière offre un parfait exergue au travail de celui qui fut secrétaire, puis directeur de la NRF naissante. Si l’on considère que le véritable écrivain doit forcément être poète, dramaturge, romancier ou, à la rigueur, essayiste engagé, on jugera peut-être ...

Lire la suite...

« Tous vos gens à latin » : sur le déclin des « humanités »

« Je n’aime point céans tous vos gens à latin,Et principalement ce monsieur Trissotin. »Molière, Les Femmes savantes, II, 7, 609-610.Tout est dit avec la diatribe adressée par Chrysale à sa sœur, « femme savante » : associations d’idées et ressentiment perdurent envers le latin, moins envers le grec. Mais voilà, Chrysale dénonce le latin sans savoir qu’il … parle latin (gens retient la polysémie ...

Lire la suite...

Boualem Sansal ou la résistance de la langue

«Ceux-là se trompent qui disent que la prison n’est rien, que l’essentiel est d’être libre dans sa tête car le dictateur ne peut y mettre son nez. Ce n’est pas son nez mais des balles que le dictateur aime mettre dans la tête de ses prisonniers. » Les mots du dernier livre de Boualem Sansal prennent une étrange résonance, à présent ...

Lire la suite...

Tolkien : une apologétique imaginative

Il y a chez Tolkien (1892-1973) une forme d’apologétique non explicite et une immense confiance placée dans les pouvoirs de la fantaisie pour nous faire accéder à une vue claire des choses.Nul n’eût songé, de son vivant, lui-même peut-être moins que quiconque, à qualifier John Ronald Reuel Tolkien d’apologète chrétien : il était au premier chef professeur et philologue – ...

Lire la suite...

Duteurtre au paradis ?

Ne laissons pas s’achever 2024 sans rendre un bref hommage à Benoît Duteurtre, mort juste avant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. De quoi assurer une fin plus douce au plus murayen des romanciers contemporains ?À la nouvelle de sa mort, il était tentant de se consoler avec les premiers mots du narrateur de son Ordinateur du paradis : « Ce ...

Lire la suite...

Graham Greene : « une sorte de catholique »

Graham Greene (1904-1991), écrivain hors normes, converti au catholicisme en 1927, laisse une œuvre foisonnante. Retour sur cet auteur anglais qui a entremêlé vérité théologique et vérité romanesque.«Si certains catholiques sont offensés, vous ne devriez y prêter aucune attention. » Les mots de Paul VI à Graham Greene, lors d’une audience privée, étonnèrent l’auteur. En 1953, en effet, il avait été ...

Lire la suite...

L’Homme sans qualités ou le labyrinthe viennois de Robert Musil

Le roman de Robert Musil, L’Homme sans qualités, compte parmi ces romans fondateurs de la littérature qui demeurent pour certains illisibles et pour d’autres si denses qu’on renonce à aller jusqu’au bout de leur lecture. Il s’agit pourtant de la vaste fresque apocalyptique du monde d’hier, sous l’empire du vieux Kaiser Franz Joseph.Né en 1880 à Klagenfurt, en Carinthie, ingénieur ...

Lire la suite...

Le spectre paternel de Patrice Jean

«C’est un scélérat qui parle. » En ouvrant son nouveau roman avec la célèbre didascalie par laquelle Molière feignit de condamner son Tartuffe, pour tenter d’amadouer les censeurs, Patrice Jean ne se con­tente pas d’un clin d’œil complice aux victimes du nouveau clergé culturel ; il place son livre sous le signe d’une hypocrisie qui rend tous les mots potentiellement trompeurs, ...

Lire la suite...

Bernanos encore et toujours

Georges Bernanos encore une fois. On se souvient du magistral essai de Sébastien Lapaque, qui fit résonner la sainte fureur bernanosienne presque comme si on l’entendait pour la première fois. C’était en 1998 et Lapaque, par son titre, suggérait la méfiance possible du lecteur à l’annonce d’un nouveau livre sur l’écrivain.Sans doute faut-il donc préciser ce qu’on attend. Si c’est ...

Lire la suite...

Le diable et les pédagogues

Jusqu’ici, Le miracle de Théophile désignait une pièce de Rutebeuf. Le clerc Théophile, privé de sa charge par son évêque, fait un pacte avec le diable pour redevenir riche, avant d’être sauvé par la Vierge : Notre-Dame arrache à Satan la charte sur laquelle le pacte funeste a été signé. Confessons une tentation pour une réécriture contemporaine du miracle médiéval : ...

Lire la suite...