Cinéma Octobre 2025

Sacré Cœur

(1er octobre 2025)

Un film sur le Sacré Cœur ? Vous voulez dire sans doute un film sur la basilique du Sacré-Cœur, mis sur YouTube par un internaute ? Non, non ! Un film sur le Sacré Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ, tel qu’il est vénéré dans l’Église au moins depuis le Moyen Âge et plus spécialement depuis les apparitions à sainte Marguerite-Marie au XVIIe siècle. Un vrai docu-fiction de cinéma, projeté dans les multiplex, avec pop-corn à l’entrée ! Avec la contribution de Canal+ comme pour tout grand film français qui se respecte. Bref, une bombe dans le cinéma français, même si la distribution sera plus restreinte que pour des blockbusters.
Les auteurs de ce véritable exploit sont un couple de catholiques, Sabrina et Steven J. Gunnell, déjà réalisateurs d’Une seule Chair, Gaspard, Eternam I, IIt III et Claire Aime. Lui a connu la célébrité comme membre du Boys Band Allliage avant de sombrer dans la déchéance physique et morale dont une révélation divine foudroyante l’a définitivement guéri et qui l’a converti. Leur nouveau film est non seulement une déclaration de foi et d’amour bouleversante mais en même temps une réalisation de grande qualité professionnelle, capable à elle seule se susciter une attention et un intérêt que la seule sincérité personnelle ne saurait pas obtenir.
Le film est composé comme le sont les grands documentaires dont les Anglo-Saxons, et singulièrement la BBC, sont les spécialistes. Ils alternent des interventions de témoins, soigneusement filmés (mais heureusement sans la dramatisation anglo-saxonne) et des reconstitutions d’événements historiques, notamment des épisodes de la vie de sainte Marguerite et surtout des scènes de la Passion du Christ. Il faut saluer ces dernières, meilleures que la plupart de celles qu’on peut voir au cinéma, avec des acteurs très crédibles et une grande véracité, visiblement inspirée du Saint-Suaire.
L’essentiel du film est au-delà : dans l’affirmation claire et directe du message du Sacré Cœur transmis par la sainte visitandine et commenté profondément par les intervenants, notamment des prêtres, spécialement le recteur du sanctuaire de Paray-le-Monial et ses coopérateurs, des prêtres connus pour leur apostolat comme le père Potez ou l’abbé Raffray, et d’autres encore qui témoignent des prodiges que le Sacré Cœur a opérés dans leur sacerdoce. Le plus touchant est peut-être les récits de religieuses, ou des simples laïcs, lesquels, parfois sauvés au fond de profondes dérives, ont été visiblement sauvés par l’amour du cœur de Jésus.
Mais le plus touchant, pour nous, est le récit, par un de ses descendants, de l’aventure artistique et spirituelle de son aïeul, le peintre George Desvallières, héraut, avec Maurice Denis, du renouveau de l’art religieux. Il présente un tableau inouï où Jésus crucifié, au cœur des tranchées de 14-18, arrache son cœur de sa poitrine et l’imprime au milieu du drapeau tricolore. Le drapeau français au Sacré Cœur, une image désuète ? Ou une image d’avenir ? Le sous-titre du film est : « Son règne n’aura pas de fin ».

François Maximin

© La Nef n° 384 Octobre 2025