Cinéma Juin 2019

La voix du pardon (22 mai 2019)
Texas, vers 1980. À 10 ans, Bart Millard est abandonné par sa mère et laissé à un père alcoolique violent. Si ensuite, au lycée, il peut s’évader loin de son père grâce à la musique, il comprend que pour devenir un véritable artiste, il devra affronter son passé. Mais peut-il pardonner à son père ?
Cette biographie n’est pas plus la vie du héros, Bart Millard, que de sa chanson phare I can only imagine. C’est une « chanson chrétienne », ce qui aux États-Unis est un genre ayant droit de cité, reconnu par les programmateurs de radio, et pour qui existent aussi des classements selon les ventes. I can only imagine a pulvérisé les records de ce genre en étant « double disque de platine » (deux millions d’exemplaires vendus). C’est une chanson immédiatement plaisante, mais on devine que son succès n’est pas seulement dans sa musique, simple, ni dans ses paroles, plus simples encore. Elle a un secret, qui est justement celui que dévoile le film. Au début de sa carrière, Bart, très sûr de son talent, a la douloureuse surprise d’être refusé par des éditeurs de disques : « Tu ne donnes pas assez de toi dans tes chansons », lui disent-ils. Dans ce doute, Il retrouve son père (un grand rôle pour Dennis Quaid) qu’un cancer a totalement transformé moralement. Il découvre le père qu’il aurait aimé avoir dans son enfance. Mais il ne peut que l’accompagner dans sa fin. Les paroles d’une chanson, où il imagine son père dans sa vie future, tombent alors toutes seules sur le papier. La voix de Bart, que rejoint celle de la grande star de la chanson chrétienne Amy Grant, porte maintenant pleinement parce que c’est celle du pardon à son père.

Le fils (22 mai 2019)
Sur les pas de son cousin Dima, tué au combat, le documentariste nous plonge dans l’univers clos des futures Spetsnaz, unités d’élite de l’armée russe. Nous suivons les étapes de formation des jeunes recrues, de leur parcours du combattant dans la boue, aux manœuvres en forêt, entre explosions et rafales, jusqu’à l’examen final après lequel les meilleurs recevront le béret rouge. En parallèle, les parents de Dima vivent leur deuil.
Alexandre Abaturov, l’auteur de ce film bouleversant, indique que ce sont les parents de Dima qui lui ont appris sa mort, en 2013, pendant des opérations anti-terroristes, et que ce sont eux au téléphone qui le réconfortaient. La mère de Dima lui a dit : « Maintenant du dois faire un film. » Cette source personnelle fait mieux comprendre le climat d’intimité qui règne dans le film, avec la famille endeuillée, bien sûr, mais aussi avec l’ensemble des jeunes recrues qui gardent toutes leur personnalité, chaque futur membre de Spetsnaz conservant sous la caméra d’Abaturov son caractère original, de sorte que même si c’est un documentaire on a les réactions émotionnelles, et même spirituelles, que peut susciter un grand film de cinéma.

François Maximin

© LA NEF n°315 Juin 2019