L’Arche d’Alliance : quelle histoire, quel sens ?

L’Arche d’Alliance était un coffre de bois d’acacia dont les parois, à l’intérieur comme à l’extérieur, étaient recouvertes d’or. Deux chérubins d’or placés vis-à-vis l’un de l’autre se trouvaient aux deux extrémités du couvercle de l’arche. Ce couvercle, le propitiatoire, était en or. « C’est de sur le propitiatoire – dit le Seigneur à Moïse –, d’entre les deux chérubins qui sont sur l’Arche du Témoignage, que je te donnerai mes ordres pour les Israélites » (Ex 25, 22).
L’Arche demeura au sanctuaire de Silo et c’est auprès d’elle que Samuel reçut sa vocation comme prophète, jusqu’au jour où les Philistins attaquèrent Israël et se saisirent de l’Arche comme butin de guerre. Cependant, la présence de l’Arche d’Alliance leur était maléfique au point qu’ils voulurent la rendre aux Hébreux. Alors, « les gens de Qiryat-Yearim vinrent et firent monter l’Arche du Seigneur. Ils la conduisirent dans la maison d’Abinadab, sur la hauteur » (1 Sam 7, 1). Environ 80 ans plus tard, le roi David, accompagné de toute l’élite d’Israël, 30.000 hommes, vint à Qiryat Yearim (Baala de Juda) afin de transférer l’Arche à la Cité de Sion. Et « David et toute la maison d’Israël dansaient devant le Seigneur de toutes leurs forces en chantant » (2 Sam 6, 5).

Notre-Dame de l’Arche d’Alliance

Le récit de la visite de Marie chez Élisabeth (Lc 1, 39-44.56) fait écho au transport de l’Arche de l’Alliance depuis Qiryat Yearim à Jérusalem. Le voyage de l’Arche et celui de Marie se déroulent dans la région de Juda (2S 6, 1-2 et Lc 1, 39). Élisabeth « s’exclama à forte voix [grec : anaphonéô] … » (Lc 1, 42), or le verbe grec anaphonéô est utilisé dans la Bible exclusivement pour les acclamations liturgiques, spécialement celles qui accompagnent le transport de l’Arche de l’Alliance (1 Ch 15, 28 ; 2 Ch 5, 13). David dit : « Comment pourrait venir chez moi l’Arche du Seigneur ? » (2 S 6, 9) ; et Élisabeth s’exclama : « Comment m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Lc 1, 43). « Le Seigneur bénit Obed Edom et toute sa maison… à cause de l’Arche de Dieu » (2 S 6, 11.12) ; et dès qu’Élisabeth eut entendu la salutation de Marie, son enfant tressaillit en son sein. L’arche stationna dans la maison d’Obed-Edom trois mois (2 S 6, 11) tandis que Marie resta avec sa parente « environ trois mois » (Lc 1, 56).

Emmaüs

Au bord du chœur de l’église actuelle, a été conservée une pierre vénérable, grossièrement taillée, soigneusement et mystérieusement enveloppée en tous ses contours par une fine mosaïque, aux gracieux rubans de couleurs, il est raisonnable d’y voir une relique du lieu de l’apparition du Ressuscité aux pèlerins d’Emmaüs, deux disciples qui allaient à la campagne (Mc 16, 12) en un lieu situé à 60 stades de Jérusalem, 15 kms (Lc 24, 13).
En décembre 2018, Israël Finkelstein, directeur de l’institut d’archéologie de l’université de Tel Aviv qui dirige les fouilles, auxquelles le Collège de France est associé, précisa dans le journal israélien Haaretz, que c’est sans doute en cet endroit que l’épisode d’Emmaüs, rapporté par les Écritures chrétiennes, a pris place.
Bien avant ces fouilles, sœur Joséphine Rumèbe (1850-1927) eut la vision de cette colline comme d’une « montagne en feu », et une autre fois, Jésus lui dit que « c’était Emmaüs, que là était la pierre sur laquelle Il avait mangé ». Mais qui est cette sœur ?

Sœur Josephine Rumèbe

Née le 18 octobre 1850 près de Toulouse (France), Jeanne Rumèbe entra à Marseille chez les soeurs de St Joseph de l’Apparition et prit le nom de sœur Joséphine. Un jour, devant le Saint Sacrement exposé dans l’ostensoir, elle vit « notre Seigneur tout éblouissant de gloire et de majesté […] Il avait sous les pieds des flammes d’une couleur rougeâtre qui prirent la forme d’une montagne. […] Et les bras du Sauveur étaient étendus comme pour dire : Venez ! ». Ensuite, elle partit pour soigner les malades, à Jaffa, à Jérusalem, à Chypre… et fut nommée responsable de la fondation à Qiryat Yearim. Sa grande charité attira le respect et la confiance.

Le jour où la première pierre de la basilique fut bénie en 1920 sous le vocable « Notre Dame de l’Arche d’Alliance », elle comprit que les flammes vues 50 ans plus tôt sous les pieds de notre Seigneur représentaient la Sainte Montagne où Jésus veut être adoré, aimé et consolé par des âmes d’amour. Par la suite, elle confia : « Jésus veut être là avec sa Croix triomphante et son Hostie rayonnante ». Elle avait aussi prévu une statue à l’extérieur : « [Marie] la nouvelle Arche d’Alliance entre les deux archanges, saint Michel et saint Gabriel, tournée vers la Ville Sainte et tenant son Fils Jésus entre ses bras, Le montrera et Le donnera au monde ».
Michel signifie : « Qui est comme Dieu (Mi-Ka-El) ? » Seigneur, nous t’adorons. Et que saint Michel nous protège des pièges de l’Antichrist, jusqu’au jour de la Venue glorieuse du Christ.

Un lieu d’adoration

L’Arche d’Alliance conservait, dans une urne d’or, un peu de cette manne. En effet, pendant l’Exode, le Seigneur donna à son peuple la manne : « Ils en recueillirent chaque matin, chacun selon ce qu’il pouvait manger » (Ex 16, 21). Venir à l’adoration eucharistique, c’est préparer ou prolonger la communion eucharistique, et recevoir la Vie divine, chacun selon ce qu’il peut recevoir, la capacité de recevoir augmentant avec la fidélité. Pour guérir les gens dans notre monde actuel, Jésus veut être élevé dans l’exposition du Saint Sacrement comme un soleil rayonnant qui donne la vie au monde. Élevé et exposé dans l’Hostie, Jésus attire à lui une multitude (Jn 12, 32) : nous qui venons l’adorer et tous ceux que nous lui présentons.
Les Hébreux ont découvert peu à peu que le Seigneur n’était pas simplement leur Dieu, un Dieu au-dessus d’autres dieux, mais LE Dieu unique de toute la création, le Créateur. Ainsi, quand tu intercèdes pour un malheureux, prie aussi pour tous les malheureux. Quand tu bénis Dieu pour la vie reçue et pour toute la création, bénis au nom de tous, depuis Adam jusqu’au dernier homme.
L’Arche d’Alliance est le lieu de la rencontre de Dieu avec l’homme. En ce sanctuaire, nous sommes invités à aller au cœur du coeur, au plus profond du mystère du Christ pour imiter l’union de sa volonté humaine à la volonté divine, par un acte d’intention et d’attention fréquent, et même permanent, comme la respiration.

« La Sainte Montagne va devenir un Thabor de gloire pour Jésus en Son Hostie perpétuellement exposée et un Foyer d’Amour pour Son Divin Coeur. De là, rayonneront ses flammes d’Amour bien loin à travers le monde. Certainement, tous ceux qui toucheront à cette Montagne en amis sentiront quelque chose de ce feu divin qui doit brûler sur ce Sommet. Nous vous demandons à tous, chers amis du Bon Dieu, et à tous, chers pèlerins de Terre Sainte, de nous aider à donner à Jésus, le plus tôt possible, ce triomphe pour Son Hostie et cette consolation pour Son Cœur » (Lettre circulaire de Sr Joséphine, 08.01.1920).

Gabrielle Lévy*
*Auteur de Le troisième temple et l’ultime Shabbat. L’arbre de vie et le Secret de Marie,
Éditions Veronne, 2022.

© LA NEF, exclusivité internet, mis en ligne le 14 juin 2024.

Cf. le site : https://www.kiryat-yearim-nd.com/