Le visage du Christ peint par F.-X. Boissoudy

Face-à-face : la nouvelle exposition de F.-X. Boissoudy

Après l’exposition Stat Crux qui s’est récemment tenue aux Bernardins pour vivre plus intensément Pâques, François-Xavier de Boissoudy dévoile une série de toiles au Musée de Fourvière pour sa réouverture après sept ans de travaux.

Sa technique picturale, le lavis d’encre sur papier, qui consiste à n’utiliser que de l’encre de Chine plus ou moins diluée pour faire varier les intensités, étonne. Le monochrome fait osciller les toiles entre le cru et la douceur : la force qui se dégage des toiles est saisissante et renforcée par le choix des grands formats – c’est le chaos du monde et la douceur de l’espérance, la violence de l’incarnation et l’extraordinaire espérance de la Résurrection. Face au Christ, le spectateur est à la fois bourreau et victime, témoin complice ou révolté. « Voilà donc mon travail, comme une boue qui serait visitée par la lumière. » Dans ces clairs-obscurs s’expriment tous les paradoxes funambules qu’embrasse le catholicisme. 

À la croisée de ces tableaux irradie la question de la rencontre avec le Christ, une rencontre personnelle et intime que le peintre a vécue, lui, en 2004, comme une irruption de lumière. « Quand on rencontre le Christ ressuscité, le regard est purifié et j’ai pensé qu’à mon tour, je pouvais témoigner d’un Dieu qui aime et qui guérit. » Sa peinture se fait témoignage ; les portraits du Christ jaillissent d’un art façonné par une vie intérieure assumée et invitent le spectateur à entrer à son tour en lui-même pour y rencontrer Celui qui aime jusqu’au bout. « Longtemps, je n’ai parlé que de moi, et il se trouve qu’un jour, j’ai fait une rencontre intérieure qui a changé ma vie. Face à des sujets qui me dépassent, comme par exemple la série des Face-à-Face, il me faut du temps, des étapes, pour définir ce qu’il m’apparaît juste de peindre, par exemple le fait que, même si tout le monde est concerné, la rencontre est personnelle. » Victor Hugo dirait : « Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas ? Ah ! insensé qui crois que je ne suis pas toi ! » Ce jeu de miroir – de réflexion – entre des êtres distincts n’est possible que par la présence – qui cherche à se manifester – d’une âme, et d’une âme qu’habite – ou que désire habiter – le Christ.

Constance de Vergennes

  • Musée de Fourvière, Lyon 5e, jusqu’au 29 septembre 2024.

© LA NEF n° 370 Juin 2024