La progression de l’islamisme

En France, ce n’est pas l’« islamophobie » qui progresse de façon inquiétante, mais bel et bien l’islamisme. De nombreux signes le montrent de façon indubitable. Il serait temps d’ouvrir les yeux.

Le 10 novembre 2019, 12 000 personnes manifestaient à Paris « contre l’islamophobie », mot discutable dans un pays sans conteste très accueillant, tout en étant le pays occidental le plus touché par les attentats islamistes. Un nombre modeste et pourtant un succès politique pour les associations islamistes ayant appelé à descendre dans la rue afin de promouvoir le port du voile. Succès ? L’islamisme s’est tant installé dans la société qu’il occupe l’espace politique, médiatique et public au point de le saturer. La preuve ? Le gouvernement a jugé nécessaire, pour communiquer, de fermer le 15 novembre des lieux de culte, des débits de boissons et des écoles dans une quinzaine de quartiers, le secrétaire d’État à l’Intérieur, Laurent Nunez, affirmant que le gouvernement lutte « contre l’islamisme politique qui laisse penser que la loi de Dieu est supérieure à celle de la République », mais qu’il ne faut pas « confondre islamisme politique et islam ». Des propos qui sont pain bénit pour un islam dont c’est la façon d’infiltrer la société – manière portant même un nom : la « taqiya ».

L’agenda de la République est fixé par les musulmans
Tout se déroule donc comme si l’agenda musulman (qui sont les islamistes, sinon des musulmans ?) était devenu l’agenda de la République. Cela correspond à la stratégie des différents courants islamistes. Aujourd’hui, les musulmans sont partout. Ce n’était pas le cas hier, il y a peu, trente ans, malgré ce que prétendent des documentaires comme Histoires d’une nation (cinq épisodes diffusés sur France 2 en 2019, à grand renfort d’annonces sur France Inter, France Culture ou Le Monde) ou, pire, de petits documentaires destinés aux écoliers sur la plateforme Francetvéducation à usage pédagogique dans les salles de cours de l’Éducation Nationale, qui parfois prétendent que l’islam aurait été présent en France dès le Moyen Âge, avec pour « preuve » la découverte d’une (seule) tombe musulmane sur le littoral méditerranéen.
Il y a donc collaboration avec la présence de l’islam en France. Par clientélisme, d’abord, apparu clairement le 10 novembre : des mouvements politiques de gauche ont besoin d’électeurs musulmans dans les villes où l’islam est religion dominante, à Saint-Denis comme au Kremlin-Bicêtre ou à Villeurbanne. Par volonté d’agitation politique, ensuite, pour les tenants des gauches les plus radicales qui espèrent que les musulmans, « opprimés » par un « racisme d’État » en France, seront le nouveau prolétariat révolutionnaire. C’est pourquoi des groupes socialistes et communistes révolutionnaires, autonomes et LGBT manifestaient en compagnie des musulmans contre ce prétendu racisme. Un récent sondage IFOP assurant que plus de 60 % des musulmans considèrent avoir été victimes de discrimination, cela aide. Il est à noter qu’aucun sondage n’interroge les non-musulmans Français pour savoir quel pourcentage a été victime de discriminations de la part de musulmans. Sans doute le résultat probable effraie-t-il. Ces militants de la gauche radicale seraient pourtant les premières victimes d’islamistes au pouvoir, à commencer par les LGBT.
Reste que si une telle ambiance règne sur le sol national en 2019, c’est que l’État a laissé faire. Sous Sarkozy, lors des conférences avec les représentants musulmans, une salle de prière a ainsi été ouverte au ministère de l’Intérieur. Ce fut par incompréhension de ce que sont Frères musulmans, wahhabites ou autres, dans un premier temps. Voir l’émir du Qatar regarder jouer le club de football de la capitale, dont son pays est propriétaire, n’est-il pas révélateur ? Exactement ce que veulent les islamistes : avancer masqués, s’installer discrètement dans la société, en se distinguant officiellement des auteurs d’attentats auxquels ils sont pourtant intimement reliés par idéologie commune interposée.
Disons-le tout net : les islamistes sont partout, y compris sur les plateaux de télévision ou de radio, et ce n’est que le haut de l’iceberg. La réalité est que la société française devient musulmane en profondeur. Quelques exemples parmi tant : les cafés uniquement masculins se multiplient (ils entourent, par exemple, la station de métro de La Guillotière à Lyon, quartier où l’on n’aperçoit plus d’Européens) ; les écoles proposent d’apprendre l’arabe (à Mâcon, ville préfectorale, un papier est donné en début d’année à tous les parents avec trois possibilités de langues à apprendre : arabe algérien, arabe tunisien, arabe marocain ; dans d’autres villes, des femmes voilées refusent de parler avec les professeurs des collèges si la discussion n’est pas en arabe et avec un interprète) ; les syndicats (Sud, CGT) sont phagocytés ; des quartiers entiers ou même des communes, ainsi Roubaix, sont des enclaves musulmanes ; des universités, Lyon II par exemple, sont devenues des lieux de propagande islamiste, tandis qu’à Orléans une liste étudiante musulmane a obtenu 20 % des voix ; des associations imposent des règles qui n’ont rien à voir avec l’islam mais tout avec un projet politique totalitaire (le voile et le halal, par exemple, ne sont pas religieux) ; la rue devient musulmane par la langue…
Le fait est que la France est en voie de transformation rapide. La France a-t-elle toujours été un pays musulman où les femmes ne peuvent décider de la façon dont elles s’habillent ? Non. Un gouvernement va-t-il prendre la mesure du réel ou sommes-nous destinés à vivre dans un pays de culture arabophone appartenant à l’oumma ?

Matthieu Baumier

Peut-on parler des religions à l’école ?

La France connaît une période qui voit la question religieuse redevenue centrale dans le débat et l’espace public quotidiens, en particulier du fait de la présence de plus en plus massive de l’islam, présence que 70 % des Français refusent selon un sondage publié dans Le Journal du Dimanche daté du 27 octobre 2019. Qui pouvait croire il y a vingt ans que la vie politique française tournerait autour de la religion et de la laïcité ? Pour beaucoup, les choses paraissaient réglées, et cela s’était fait à l’encontre de la religion chrétienne, celle de la civilisation européenne et française, avec une grande violence propagandiste, en forme de christianophobie. Ce dernier mot, jamais reconnu par les autorités, contrairement à celui d’islamophobie qui sature l’espace public, correspondait et correspond toujours à une réalité : la France a combattu sa propre religion, ce que Jean-Paul II était d’ailleurs venu rappeler avec des mots célèbres : « France, qu’as-tu fait des promesses de ton baptême ? » Une France aux « élites » massivement combatives face à la religion de leurs ancêtres et en même temps complètement aveugles quant aux dangers présentés par une religion allogène récemment installée sur le territoire et conquérante.
Telle est maintenant la situation, et cette situation touche évidemment l’école, terrain sur lequel se penche Isabelle Saint-Martin, directrice d’études à l’EPHE-PSL et ancienne directrice de l’Institut européen en sciences des religions au sein de l’École pratique des hautes études. Dans son essai intitulé Peut-on parler des religions à l’école ? Isabelle Saint-Martin montre que la reconnaissance en 2002, suite au rapport Debray, d’enseigner le fait religieux à l’école n’empêche pas l’échec : dix-sept ans après, la compréhension entre croyants, non-croyants et croyants de différentes religions n’a pas été produite par l’école de la République. L’auteur propose sans tabou mais aussi sans polémique une intéressante analyse des différentes causes de cet échec, montrant par ailleurs des réussites concrètes. Au fond, son questionnement vise à comprendre ce que signifie « fait religieux » et en quoi la laïcité aurait le devoir de l’enseigner. Bien sûr, l’ouvrage donne une place majeure à l’histoire mais Isabelle Saint-Martin propose aussi de s’appuyer sur les arts. La réflexion est intéressante.
Cependant, le contexte dans lequel est publié ce livre, un enseignant relaxé pour avoir simplement utilisé des textes de la Bible en classe, ce qui se faisait naturellement il y a vingt ans, contre lequel le ministère de l’Éducation Nationale s’acharne en faisant appel, des collèges où évoquer la religion juive et le génocide est impossible, cela dans le déni complet du ministère, l’occultation aussi du génocide vendéen… Tout cela donne à penser qu’il serait temps pour la République de faire preuve d’autorité vis-à-vis de la seule religion qui pose réellement problème. Une dernière phrase que d’aucuns jugeront islamophobe. Là est le véritable problème.

M.B.

Isabelle Saint-Martin, Peut-on parler des religions à l’école ? Albin Michel, 2019, 220 pages 18 €.

© LA NEF n°320 Décembre 2019