Lectures Septembre 2024

LE MYSTÈRE OU L’ABSURDE ?
Saint Thomas d’Aquin, Sartre et quelques autres
LUC ARTUR
Éditions Sainte-Madeleine, 2024, 300 pages, 27 €

Le Père Luc Artur, moine bénédictin du Barroux, offre une réflexion sur le mystère, réalité cachée manifestée dans un signe, avec en vis-à-vis le problème de l’absurde, appétit fondamental inassouvi d’unité, tel qu’il a été compris au fil des siècles. En introduction, l’auteur prend la défense de mystères naturels tout en distinguant foi et raison : foi au mystère révélé, raison qui s’oppose à l’absurdité apparente des choses. Le mystère se caractérise par le secret, par l’inépuisable ou l’infini, par l’inexplicable. Le premier chapitre recherche quelle a été la compréhension du mystère chez saint Thomas d’Aquin avec ses sources grecques et bibliques. Que dit la philosophie de la nature sur le mystère qui affronte le mouvement, le temps et la durée ? Quelle est la philosophie de la connaissance à l’aune du mystère ? Une philosophie de l’art, de la musique et des mathématiques, et même de la morale, apporte-t-elle un éclairage sur le mystère ? Le mystère de l’être et celui de l’Être conclut le chapitre 3. Le chapitre suivant entre dans le vif du sujet en écartant les hypothèses d’Urs von Balthasar et de Pascal Ide et en épousant les lignes du Père Guérard de Lauriers, représentant très personnel d’un certain thomisme spéculatif. L’auteur cherche à vérifier ces définitions auprès de ce qu’on désigne par la signification, celle des signes et des symboles, de la relation, du couple matière et forme. Qu’est-ce qui peut rejoindre le mystère à partir de l’incommunicable ? Pieper est analysé dans le mystère par excès, et Giono brièvement dans les mystères dits familiers. Guérard renvoie à l’engagement. Vient alors l’analyse de l’absurde avec une rétrospective historique qui aligne Tertullien, Kierkegaard, Schopenhauer et Mallarmé. Les maîtres de l’absurde à proprement parler et d’un certain mystère philosophique sont l’objet des chapitres 8 et 9 : Sartre et Camus. Une place décisive est laissée à Cioran en final. Une conclusion récapitule les acquis sur le mystère et l’absurde que d’aucuns trouveront en partie hétéroclites.
En dehors d’impératifs académiques, la publication d’un ouvrage est souvent prématurée. Il faut demeurer longtemps dans les concepts abordés avant que la lumière intérieure fasse le tri, même si le jugement final est équilibré et nuancé. Il y a beaucoup de citations, qui témoignent d’une culture considérable ; mais trop citer finit par encombrer l’esprit d’inutiles et trop scrupuleux détours. Le lecteur aimerait savoir à chaque tournant ce que le Fr. Luc pense de ces sujets de haute altitude intellectuelle, il faut le souligner à son bénéfice, rarement et si correctement évoqués.

Fr. Édouard Divry O. P.

FRANCE-VATICAN
Deux siècles de guerres secrètes
BERNARD LECOMTE
Perrin, 2024, 448 pages, 24 €

En faisant le récit de « deux siècles d’affrontements, parfois violents, parfois feutrés », Bernard Lecomte, ancien journaliste à La Croix, à L’Express et au Figaro Magazine, auteur de Tous les secrets du Vatican, nous plonge dans les coulisses des relations tumultueuses entre la France et le Vatican, de la mort de Pie VI en 1799, alors prisonnier de la France, jusqu’à François. L’auteur propose une galerie de quinze épisodes, racontant les moments de tensions – le ralliement, la séparation, ou les prêtres ouvriers –, ou de relative symbiose – les années 1920 autour de la canonisation de Jeanne d’Arc, le concile Vatican II ou les années Lustiger. Prenant le parti de l’anecdote et du détail significatif, le journaliste a l’art de mettre en scène ses personnages – Charles Jonnart, André Latreille, Jacques Maritain, parmi tant d’autres. Il met également en perspective ces relations, en esquissant une évolution historique : dans un premier temps, une certaine exceptionnalité du catholicisme français s’affirme, due à son statut de « fille aînée de l’Église », qui suscite souvent les inquiétudes de Rome, accentuées par un État français qui tend à vouloir s’arroger le pouvoir spirituel. Les relations entre la France et le Vatican se distendent ensuite, du fait de la « marginalisation » du catholicisme, qui devient un « lobby comme les autres ». Ce mouvement correspond aussi à la spiritualisation et à l’universalisation récentes du pouvoir pontifical, sur lesquelles l’auteur insiste moins. Qui imaginerait le président Macron faire campagne pour un candidat « pro-français », comme le fit encore de Gaulle pour Roncalli (Jean XXIII) ?

Guillaume Daudé

MÉMOIRES
Un cardinal dans la tourmente
CARDINAL HERCULE CONSALVI
Cerf, 2024, 490 pages, 39 €

Ce gros volume contient les cinq mémoires que le cardinal Hercule Consalvi, alors en exil à Reims par ordre de Napoléon, rédigea de juin 1810 à février 1813, date où il recouvra la liberté. Le cardinal Consalvi, qui fut secrétaire d’État du pape Pie VII de 1800 à 1806, puis de 1814 à 1823, nous livre ici un témoignage de toute première main sur les événements majeurs de l’histoire de la papauté de 1800 à 1810 et de ses rapports particulièrement conflictuels avec Napoléon. C’est une figure singulièrement attachante que celle d’Hercule Consalvi : dépourvu d’ambition, ne devant son poste qu’à ses talents, incorruptible, portant un regard lucide sur son temps, y compris sur les États de l’Église, d’un caractère doux et conciliant, il laissa un excellent souvenir à tous… sauf à Napoléon ! Quand il s’agit des intérêts supérieurs de la religion catholique, lui et Pie VII refusèrent de céder aux exigences de Napoléon et de subordonner l’Église à son pouvoir, ce qui leur valut emprisonnements et persécutions. Hercule Consalvi manqua de peu d’être fusillé pour avoir refusé d’assister au second mariage de l’Empereur, la déclaration de nullité de son premier mariage n’ayant pas été faite selon les règles canoniques en vigueur. Les très difficiles négociations du Concordat de 1801, rapportées en détail par l’auteur qui en a été un des principaux artisans, sont très révélatrices du caractère despotique et retors de Napoléon. Le récit détaillé du conclave qui aboutit à l’élection de Pie VII est également d’un très grand intérêt. Ajoutons pour finir que le style du cardinal est des plus agréables à lire.

Bruno Massy de La Chesneraye

AGIR EN CHRÉTIEN DANS UN MONDE QUI NE CROIT PLUS
CHARLES VAUGIRARD

Téqui, 2024, 132 pages, 11,90 €

Pour réaliser cet ouvrage, Charles Vaugirard s’appuie sur plusieurs analyses marquant le déclin du catholicisme français et occidental : celles de Guillaume Cuchet (Comment notre monde a cessé d’être chrétien), de Gaël Brustier (Le Mai 1968 conservateur), de Rod Dreher (Le Pari bénédictin). Il exprime aussi sans le citer certains propos d’Emmanuel Todd sur le catholicisme « zombie » et « zéro ». Le travail documentaire est très fourni pour cette petite synthèse. Il revient aussi sur sa propre expérience, fait un constat alarmant mais non désespérant. Il existe selon lui des solutions à la désertion occidentale du catholicisme : s’investir autrement dans le champ politique, créer des îlots de chrétienté d’où pourrait ressurgir une civilisation chrétienne. Il donne de la cohérence et du bon sens au discours sur la famille et la vie humaine qui est la source philosophique, la ligne de conduite politique du catholicisme aujourd’hui, et offre un véritable témoignage à contre-courant.
En revanche, l’approche de l’investissement chrétien en politique de Charles Vaugirard est discutable : comment ne pas vouloir en rester aux points non négociables développés par Benoit XVI sous prétexte qu’aucun homme politique aujourd’hui ne satisfait à ces exigences, et tendre en même temps à l’idée que s’associer à une personnalité comme Éric Zemmour revient à nuire politiquement à l’image de marque du catholicisme ? Si l’on doit tendre à l’ouverture – car il est vrai qu’au sein de l’Église s’expriment des opinions politiques extrêmement variées –, ne faut-il pas s’ouvrir à tous, y compris à la radicalité si cela est nécessaire ? L’expression des extrêmes (de certains politiques comme de l’abstentionnisme) n’est-elle pas souvent méprisée par un catholicisme qui s’est gentrifié ? L’entendre tout en l’orientant serait justement une piste pour l’avenir du catholicisme en Occident.

Pierre Mayrant

JACQUES ELLUL
Face à la puissance technologique
ÉDOUARD V. PIELY

Éditions de l’Escargot, 2024, 164 pages, 17,90 €

Jacques Ellul est un grand penseur de notre XXe siècle, sociologue, philosophe et théologien. Cet ouvrage constitue une bonne et vivante introduction à ses idées. Il donne envie de lire ou de relire Ellul dans le texte. Ce dernier est principalement connu pour sa critique, formulée dès les années trente, de la technique, dominante et totalisante. Il dénonce notre fascination, ou même notre idolâtrie, pour la technique et le manque de discernement qui en découle. Les analyses d’Ellul, mort en 1994, semblent de plus en plus pertinentes car l’omniprésence du numérique dans nos vies, l’ubérisation, le cyber-contrôle, ne cessent de démontrer comment la technique peut être aliénante. L’ouvrage d’Édouard Piely expose clairement cette critique de la technique dans sa seconde partie. Mais il nous parle aussi de l’homme Ellul, lecteur de Marx et de la Bible, anticonformisme et chantre de la liberté, résistant pendant la guerre, fidèle en amitié, pionnier de l’écologie, engagé localement en particulier contre les plans d’aménagement technocratique de la côte aquitaine ; il nous parle aussi de sa foi chrétienne. Une frustration pourtant, il n’entrait pas dans le projet de l’auteur de rendre compte du travail du théologien et exégète Jacques Ellul, non seulement intéressant en soi mais qui explique aussi sa critique de la technique.

Abbé Étienne Masquelier

EXORCISTES
Vingt siècles de lutte contre le diable
YVES CHIRON

Mame, 2024 216 pages, 19 €

Le Nouveau Testament relate plusieurs cas de possessions diaboliques où le démon est chassé par le Christ, premier exorciste, ou certains de ses apôtres. De grandes figures de la chrétienté continuèrent ce ministère spécifique façonnant et précisant au fil des siècles les contours et formulation de ce rituel. C’est ce voyage dans le temps qui est ici retracé aux travers de nombreux récits.
L’exorcisme est reconnu par l’Église primitive pour délivrer les possédés mais aussi comme faisant partie du rituel du baptême. Très tôt s’est imposé un discernement entre cas réel de possession et pathologie psychique.
À la fin du IIIe siècle, saint Antoine le Grand, puis son disciple Hilarion de Gaza, connurent une grande réputation d’exorciste. En Europe, du IVe au VIIe siècle, à la suite de saint Martin, se succédèrent de nombreux saints évêques exorcistes. L’exorcisme, déjà codifié, devient un ministère que seul l’évêque peut conférer. Au XIIe siècle nous croisons saint Bernard et sainte Hildegarde de Bingen. Suit la biographie d’Henri Institoris, inquisiteur du XVe siècle, auteur du livre le Marteau des sorcières qui précise à nouveau le rituel d’exorcisme.
Celui-ci est enrichi au siècle suivant, où nous croisons Girolamo Menghi et Matteo d’Agnone. Le XVIIe siècle est marqué par l’affaire des sorcières de Loudun où officia J.-J. Surin.
En pleine période des Lumières, le cas de J.-J. Gassner, prêtre autrichien, est étonnant puisqu’il oblige à un discernement sur la personne même de l’exorciste. Enfin, avec le Père Gabriele Amorth, nous suivons entre 1990 et 1998 l’évolution quelque peu critiquée du nouveau rituel des exorcismes promulgué par Rome, la fondation de l’Association internationale des exorcistes et une reconnaissance accrue de ce ministère parfois trop négligé.

Anne-Françoise Thès

DÉFENDRE L’EUROPE CIVILISATIONNELLE
Petit traité d’hespérialisme
DAVID ENGELS

Salvator, 2024, 158 pages, 18,50 €

Universitaire catholique belge de 45 ans, spécialiste de l’histoire romaine, David Engels a enseigné en Belgique et en Pologne et à l’ICES de La-Roche-sur-Yon. Il est l’auteur de nombreux livres en allemand et de trois en français. L’un d’entre eux, Le Déclin (L’Artilleur, 2016), montrait les similitudes entre la crise de l’identité européenne et la chute de la République romaine. Il s’inscrivait ainsi dans le sillage ouvert il y a un siècle par Oswald Spengler (1880-1936) dans Le Déclin de l’Occident, œuvre dont la pertinence mérite d’être redécouverte.
Dans ce nouvel essai, synthétique mais riche d’analyses fécondes, Engels commence par analyser la destruction du sens de la transcendance, de l’homme, de la famille, de la tradition, des nations, de la démocratie, de l’économie, de la nature et de la beauté. À la racine de cette « grande confusion », il pointe l’effacement du christianisme au profit du matérialisme. C’est bien vu mais l’originalité de sa vision (qu’il qualifie d’« hespérialiste ») s’affirme surtout dans sa réflexion sur l’identité de l’Europe. La fragilité de l’Union européenne tient précisément à sa négation d’une unité spirituelle commune au nom d’un européisme mondialiste. Récusant également un souverainisme qui affaiblirait les États-nations face aux grandes puissances (Chine, États-Unis, Russie, monde islamique), Engels affirme que « l’Europe doit s’unir, mais elle devrait le faire sous de doubles auspices : d’abord, le retour idéologique à la transcendance, à la tradition et à la fierté civilisationnelle, puis une restructuration institutionnelle de l’Union », celle-ci s’inspirant du modèle du Saint-Empire qui, pendant un millénaire, assurait « l’unité civilisationnelle dans la diversité subsidiaire ». En annexe de son livre, l’auteur propose le texte d’un préambule d’une Constitution des nations européennes.
Comme Spengler, Engels affirme que la civilisation européenne arrive à son stade final. Il redoute aussi un chaos provoqué par le choc avec d’autres civilisations et les migrations de masse. Mais il espère que ces soubresauts suscitent par réaction un retour conscient, rationnel, à la tradition.

Denis Sureau

LES FRÈRES MUSULMANS À L’ÉPREUVE DU POUVOIR. Égypte, Tunisie (2011-2021)
SARAH BEN NÉFISSA, PIERRE VERMEREN (dir.)

Odile Jacob, 2024, 286 pages, 24,90 €

Janvier 2011 : cette date inaugure un cycle historique d’émeutes populaires démarrées en Tunisie puis en Égypte avant de s’étendre à d’autres pays d’Afrique du Nord et du Proche-Orient. En Occident, on s’est empressé de qualifier ces événements de « printemps arabes » pour exprimer ce qui semblait alors être une certitude : la victoire de la démocratie.
C’est pourtant l’islamisme qui, bien que n’ayant pas programmé ces révoltes, en est sorti vainqueur, notamment dans sa version traditionnelle incarnée par les Frères musulmans et leur « rêve califal » : remplacement de l’État-nation par l’unité panislamique (l’Oumma), réislamisation du droit, de la famille et de la culture, rejet de toute influence occidentale. Ce processus est bien avancé en Tunisie comme en témoignent la déscolarisation, les actes anti-soufis et l’envoi de djihadistes sur des fronts étrangers. Quant à l’Égypte, malgré la reprise de contrôle de l’État par le maréchal Sissi, elle reste largement sous l’emprise des Frères musulmans qui agissent à partir de diverses formes d’entrisme pour infiltrer certaines institutions et s’imposer à la société.
Il fallait donc remédier à ces malentendus, en finir avec l’illusion d’une correspondance entre des régimes ou partis chrétiens-démocrates et « islamo-démocrates ». Car, pour attrayante qu’elle soit, cette approche est sans fondement, expliquent les universitaires Sarah Ben Néfissa et Pierre Vermeren, principaux auteurs de cet ouvrage réaliste et très documenté. Pour enrichir leur démonstration, ils ont eu la bonne idée de s’inspirer des travaux d’auteurs reconnus dans le monde arabe qui, par leur science et leur audace intellectuelle, contribuent aujourd’hui à des débats prometteurs sur l’islam et l’islamisme.

Annie Laurent

L’IMPOSSIBLE SUBSTITUTION.
Juifs et chrétiens (Ier-IIIe siècles)
JEAN-MIGUEL GARRIGUES
Les Belles Lettres, 2024, 232 pages, 25 €

Jésus est-il le fondateur d’une nouvelle religion à côté de celle d’Israël ? Lui-même a répondu négativement à cette question dans le Sermon sur la montagne : « Ne croyez pas que je sois venu abolir la Loi ou les prophètes : je ne suis pas venu abolir mais accomplir » (Mt 5, 17). Cette mise au point devrait suffire à montrer la parenté existant entre le judaïsme et le christianisme, même si bien des aspects permettent de les distinguer. Mais en aucun cas on ne peut cautionner l’idée que le second aurait remplacé le premier, démontre le dominicain Jean-Miguel Garrigues, spécialiste reconnu de cette discipline, dans les premiers chapitres de son livre où il met notamment l’accent sur la judéité assumée des premiers apôtres, en commençant par Pierre et Paul qui n’ont jamais renié leur identité, y compris dans le cadre de leur mission, comme en témoignent les textes du Nouveau Testament. L’auteur retrace ensuite les étapes qui ont abouti à un « christianisme autoréférentiel » exprimé par l’apparition du terme « chrétien » attribué à Antioche aux disciples du Christ.
Ces épisodes n’ont pas empêché le développement d’une « théologie de la substitution », répandue au sein de l’Église dès le IIe siècle dans un contexte politique douloureux pour les Juifs (destruction du Temple de Jérusalem et exil forcé) qui auraient payé ainsi leur crime de « déicide ». L’idée de « réprobation divine » fut reprise par certains théologiens chrétiens hérétiques pour qui les Juifs étaient définitivement privés de toute espérance de salut. Marcion préconisait le rejet complet de l’Ancien Testament, au motif que « le Dieu créateur et législateur n’est qu’un démiurge qui tient l’esprit des hommes prisonniers de la matière ».
Cause de graves malentendus et d’un antijudaïsme chrétien, la doctrine de la substitution, pourtant jamais confirmée par le Magistère, a perduré longtemps et il a fallu le réveil des consciences suscité par la Shoah pour que l’Église catholique s’engage dans une réflexion en profondeur illustrée par l’enseignement du concile Vatican II et les prises de position des papes qui ont suivi. « Les Juifs sont le peuple de Dieu de l’ancienne Alliance, une Alliance qui n’a jamais été révoquée par Dieu », déclarait saint Jean-Paul II en 1980. Pour comprendre le sens de cette affirmation et y adhérer, une lecture fouillée des textes bibliques comme celle que propose l’auteur est nécessaire. Le Père Garrigues décrit par ailleurs les acquis de la réconciliation judéo-chrétienne et l’ouverture théologique qu’elle a engendrée du côté juif. « Désormais, les relations bilatérales sur le plan religieux entre l’Église catholique et le peuple juif sont pacifiées et même cordiales […]. Le progrès est immense par rapport à tant de siècles d’ignorance et de mépris réciproques. » Pour la suite, « seul Dieu à qui appartient l’avenir fera faire les pas décisifs », conclut-il en une note d’espérance.

Annie Laurent

© LA NEF n°372 Septembre 2024