Le robot sauvage
(9 octobre 2024)
Un, ou plutôt « une » robot, Roz, s’est échouée sur une île sauvage, peuplée uniquement d’animaux. Roz doit apprendre à s’adapter à cette faune, qui lui est aussi hostile qu’elle le craint. En constante compétition avec Disney/Pixar pour les dessins animés de synthèse, DreamWorks se montre souvent plus inventif dans les sujets et plus drôle dans les gags. La preuve est faite une fois encore avec ce nouveau film DreamWorks réalisé par Chris Sanders (Dragons). Le charme de l’histoire est le contraste entre une machine ultra-sophistiquée et des animaux sauvages aux traits criants de réalisme. La scène d’ouverture, à cet égard, une famille de loutres découvrant stupéfaite, au bord d’une mare, le robot échoué, est un chef-d’œuvre d’animation et d’humour, digne d’anthologie. Toute la suite du film s’applique à maintenir cette qualité, suivant le robot qui parvient à se gagner quelques amis, un poussin d’oie à qui il apprend à voler ou un renard qu’il parvient à faire renoncer à sa cruauté. Ce dernier trait commande la fin, sans doute trop naïve pour être honnête, où Roz s’emploie à faire découvrir la bonté et l’amitié à ces bêtes sauvages, qui ne sont pas nées pour cela. On pourra l’admettre si l’on y voit une illustration de la prophétie d’Isaïe où le lion habitera avec l’agneau. Interprétation certes plus favorable que celle qui verrait dans le robot une métaphore inconsciente de l’Amérique hypertechnicisée, prétendant imposer sa paix sur la planète au prix de guerres partout allumées. Point d’éclats de bombes, ici, heureusement, mais de constants éclats de rire.
Challenger
(23 octobre 2024)
Le métier de critique de cinéma offre parfois de jolies surprises. J’ai vu ce film de Varante Soudjian, dont les trois premiers n’avaient guère fait d’éclats, avec de piètres a priori. Le film commence. Alban Ivanov joue Luka, un raté qui se rêve en boxeur professionnel mais qui n’est qu’un amateur n’ayant jamais remporté un match. Il se lie avec une fille entreprenante (géniale Audrey Pirault, dont on n’a pas fini d’entendre parler) qui se propose d’être sa manageuse et qui, à la faveur des combats arrangés, obtient d’opposer son minable poulain à un professionnel. Et là, prodige, Luka envoie son adversaire au tapis. Maintenant Stéphanie voit grand : elle veut que Luka affronte le champion d’Europe, qui n’a jamais perdu un match et les a pratiquement tous gagnés par KO. On reconnaît la trame des films Rocky qui ont fait la gloire de Sylvester Stallone. Soudjian s’en démarque explicitement en les tournant en comédie hilarante tout en rendant les combats aussi réalistes que dans l’original, ce qui décuple leur puissance comique (au prix de plusieurs coups réellement endurés par Alban Ivanov !). On entrait pour un mauvais petit film, on sort d’un film, certes pas très grand, mais franchement bon. Et, à quelques rares vulgarités de langage près (mais non d’image), familial.
François Maximin
© LA NEF n° 374 Novembre 2024