Lectures Octobre 2024

LES FRONTIÈRES D’UN DISCOURS
Les papes et l’accueil de l’étranger

JACQUES-BENOIT RAUSCHER
Cerf, 2024, 188 pages, 18 €

La venue de François à Marseille il y a un an n’a fait qu’accentuer un certain malaise parmi les catholiques français, provoqué par la position du pape sur l’accueil des migrants. Un malaise que Jacques-Benoît Rauscher n’esquive pas dans ce petit livre incisif. Ce dominicain, spécialiste de théologie morale et bon connaisseur de la doctrine sociale de l’Église, met à jour trois « frontières » – ou limites – du discours pontifical sur le sujet.
La première tient au registre explicitement théologique des prises de parole des derniers papes, qui tranche avec les propositions de Paul VI pour faire entrer l’Église en dialogue avec les institutions internationales, alors que leurs discours sont toujours à destination de tous les hommes malgré le contexte d’exculturation du catholicisme.
Ensuite, les papes convoquent presque toujours le Nouveau Testament, passant sous silence les tensions caractéristiques de l’Ancien Testament, où l’étranger peut parfois être synonyme de menace. Une surreprésentation qui manifeste une lecture souvent spirituelle du phénomène migratoire – insistant par exemple sur l’expérience de la rencontre avec l’étranger, assimilé à l’Autre –, mais qui prend peu en compte la réalité politique des sociétés.
Enfin, le dominicain déplore, à partir du XVIe siècle, l’adoption par l’Église d’une approche jusnaturaliste, selon les catégories modernes de pensée : elle ne fait plus que formuler des injonctions générales, sacralisant des droits naturels, au détriment d’une réflexion sur les critères de discernement de l’action.
Face à ces limites, la proposition de l’auteur est à la fois simple et convaincante : redonner toute sa place au domaine de la pratique et à l’autonomie du créé, alors même qu’en réaction à la prétention moderne d’évincer la sagesse de Dieu de la délibération, la tentation est forte de faire dériver chaque décision singulière de Dieu lui-même. En rester aux grands principes conduit à l’impasse, comme le montre l’antagonisme entre le principe de la propriété privée, présenté comme un droit naturel exigeant l’arrêt des migrations par Léon XIII, et celui de la destination universelle des biens, qui justifie selon le pape François la circulation des hommes. Le dominicain invite alors à se tourner vers la pensée morale classique, vers Thomas d’Aquin, à partir duquel il propose plusieurs critères de discernement : quels biens nous sont nécessaires et quels sont ceux que l’on peut partager ? Quel est le niveau d’urgence de la situation de l’immigré et quelles sont les réponses à y apporter selon les différents états de vie ? Qu’est-ce qui est à préserver dans le lien social et à partir de quelle taille le collectif est-il fragilisé ?

Guillaume Daudé

SEMPER VIRGO
La virginité de Marie, forme de la vie chrétienne

PÈRE SERAFINO LANZETTA
Via Romana, 2024, 164 pages, 18 €

Une phrase mélodique parcourt la symphonie de vérités chrétiennes, liant tous les mouvements dont elle se compose : la Virginité Perpétuelle de Marie. C’est cette mélodie que le Père Serafino Lanzetta, franciscain marial, nous fait entendre dans son livre. L’auteur démontre comment sa virginité est si indissolublement unie au mystère du Verbe incarné, que tout obscurcissement de son mystère ternit de même celui de son Fils. De nos jours, une façon novatrice d’entendre ce mystère induit une méconnaissance de la valeur de la virginité et de la chasteté. En plus d’une réflexion théologique profonde sur cette vérité de notre foi qu’est la virginité de Marie, le Père Lanzetta offre à l’Église un chapelet en l’honneur de sa virginité perpétuelle qui sera une puissante aide pour demeurer dans la chasteté de corps et d’esprit, et qui se compose de sept mystères : la prophétie d’Isaïe ; la conception virginale ; l’enfantement miraculeux ; la virginité après l’accouchement ; le dogme confessé dans le Credo ; la virginité célébrée par la liturgie ; et le moule virginal qui forme nos âmes. La vie de l’esprit et de la prière ainsi nourrie, le lecteur entendra ce chant que nos cœurs aspirent à entendre éternellement, là où « Marie toujours vierge sera la douce mélodie qui retentira à travers les cieux sans bornes de l’Éternel, où nous serons avec Dieu pour toujours ».

Karen Darantière

LES DIX CONCLAVES QUI ONT MARQUÉ L’HISTOIRE
YVES CHIRON
Perrin, 2024, 280 pages, 21 €

Les conclaves sont le reflet de la vie institutionnelle de l’Église catholique. L’Église s’est construite avec la Révélation, mais aussi avec l’expérience des siècles qui a forgé sa tradition. Le processus électoral au cours des dix conclaves que nous présente l’historien Yves Chiron, marque aussi l’histoire de la papauté et la manière dont ont été dépassés progressivement certains écueils de la vie de l’Église. Ainsi en a-t-il été de la pratique de la simonie (achat et vente des biens spirituels), de la durée du conclave, du népotisme (tendance d’un clerc à favoriser l’ascension des membres de sa famille au sein de l’Église)… Chaque conclave présenté résout l’un de ces abus et renforce la légitimité de l’élection. L’auteur remet ces derniers dans le contexte de l’époque : ce qui nous paraît scandaleux aujourd’hui ne l’était pas forcément à l’époque. Par exemple, le népotisme était communément vu, y compris de la part de saint Thomas d’Aquin, comme une pratique légitime visant à placer dans des postes clés, des hommes de confiance. Il a fallu du temps et de nombreux abus pour que cette pratique vienne à disparaître. Aussi, il a fallu attendre le conclave de 1903 pour que cessent les interventions des puissances étrangères lors de l’élection.
Chaque conclave est une expérience visant à renforcer la légitimité de l’élection. Ces conclaves font de l’Église une institution complète, à la fois monarchique par le pape élu, aristocratique par l’assemblée des cardinaux, et démocratique par l’élection. Le livre d’Yves Chiron résume très bien cela.
En revanche, concernant le pape François, le dernier chapitre rejette toute lecture d’une élection préparée dès 2005, avis qui n’est pas partagé par l’ensemble des vaticanistes.

Pierre Mayrant

ZONE ET CHÂTIMENT
– CULTURE DU VIDE

THEODORE DARLYMPLE
Carmin, 2024, chacun 360 pages, 22 € (ouvrages disponibles uniquement sur www.editions-carmin.com)

Né en 1949, Theodore Darlymple – de son vrai nom Anthony Daniels – a été psychiatre pour la prison et pour l’hôpital de Birmingham et s’est livré, dans une série d’articles publiés dans les années 1994-2005 et recueillis dans ces deux livres publiés pour la première fois en français, à d’authentiques méditations sur les méfaits concrets et sordides qu’ont pu avoir les théories loufoques et destructrices de l’intelligentsia britannique (mais en fait occidentale) sur la société en général et particulièrement sur la population la plus fragile (spirituellement, culturellement et économiquement) et qu’il nomme sous-prolétariat. Parmi ces idées bohèmes parfaitement assimilées par le sous-prolétariat nous pouvons citer « la culture de l’excuse », « le laxisme », « l’assistanat décomplexé », « la vision psychothérapeutique de la vie » ou encore « l’amour libre » et ses conséquences : enfants illégitimes, jalousie exacerbée, divorces… Ce qui ressort de cette plongée dans les bas-fonds anglais pourrait se résumer par la formule suivante : « l’intelligentsia s’enivre mais ce sont les pauvres qui trinquent. »
Si Darlymple a côtoyé la misère la plus crasse et l’a restituée sans fard, son style, sa vaste culture distillée avec art et son humour raffiné offrent l’oxygène nécessaire pour évoluer parmi les consternantes anecdotes et les tristes histoires qu’il nous rapporte et que l’on aurait grand-peine à imaginer. Le Christ nous l’avait dit : « Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous » (Mc 14, 7), mais il est possible qu’avec la promesse de confort tenue par le matérialisme, les pauvres aient été invisibilisés, que la pauvreté soit devenue littéralement impensable. Nul doute qu’avec ces deux indispensables ouvrages – magnifiquement édités par les jeunes et modestes éditions Carmin – nous pourrons « voir ce que l’on voit » (Péguy) c’est-à-dire la moche réalité de la misère et ainsi pouvoir « annoncer aux pauvres la pauvreté » (Bernanos), scandaleuse mission du chrétien.

Nicolas Pinet

– DONNER LE GOÛT DE LA LECTURE AUX ENFANTS DE 0 À 16 ANS
VALÉRIE D’AUBIGNY
Artège, 2024, 140 pages, 11,90 €
UNE BIBLIOTHÈQUE IDÉALE
ANNE-LAURE BLANC, VALÉRIE D’AUBIGNY, HÉLÈNE FRUCHARD
Critérion, 2024, 288 pages, 17,90 €

Alors que lire permet « un éveil unifiant de toute la personne », l’appétit pour cette « expérience à la fois universelle et personnelle » se heurte aujourd’hui à de nombreux obstacles. L’adulte qui souhaite transmettre le goût de la lecture à l’enfant peut se sentir démuni. Dans son livre Donner le goût de la lecture aux enfants de 0 à 16 ans, Valérie d’Aubigny, qui pilote depuis plus de 10 ans le Comité de sélection de livres pour la jeunesse 123loisirs.com, propose des actions concrètes, ouvre des pistes, élargit les perspectives. Elle répond dans de courts chapitres aux réflexions, aux questions entendues lors de ses nombreux échanges avec des parents et des jeunes. Chacun pourra y puiser selon ses besoins pour éveiller le plaisir de la lecture, éviter les embûches et développer son discernement. Le ton est empreint de ce climat éducatif si positif qui conjugue désir du plus beau et du plus vrai avec une attention vive à la personne de l’enfant en construction.
Mais comment dénicher la pépite qui correspondra aux goûts et aux aptitudes du jeune qu’il soit à l’école ou en famille ? La réédition attendue d’Une bibliothèque idéale répond à cette attente : 2000 titres y sont sélectionnés dans le patrimoine et la création contemporaine. Une « malle aux trésors » de titres de qualité devenus introuvables complète l’ouvrage.

Isabelle Le Tourneau

HISTOIRE DES JUIFS EN FRANCE
MICHEL ABITBOL
Perrin, 2024, 554 pages, 25 €

Dans ce gros volume, l’historien Michel Abitbol nous dresse un panorama saisissant des vicissitudes, persécutions, mais aussi des moments d’accalmie où les Juifs furent bien intégrés dans la société française, depuis le Moyen Âge jusqu’à nos jours. Après être passé rapidement sur le Moyen Âge – durant lequel il n’y eut pas de persécution avant le milieu du XIIe siècle – et l’Époque Moderne – où les Juifs sont de nouveau tolérés à partir du règne de Louis XV, malgré l’antisémitisme violent de certains philosophes des Lumières tel Voltaire –, l’auteur s’attache tout particulièrement à décrire la condition des Juifs dans la société française depuis le décret d’émancipation du 27 septembre 1791 qui fait d’eux des citoyens à part entière.
Après une brève persécution sous la Terreur, les Juifs s’intègrent à la société française et font le pari d’une véritable assimilation. Pour les intellectuels juifs du XIXe, le judaïsme doit être une religion comme les autres et les juifs ne doivent plus se considérer comme un peuple à part. Malgré une première vague antisémite dans la deuxième partie du XIXe, dont l’auteur montre qu’elle transcende tous les milieux, de l’extrême droite à l’extrême gauche – Proudhon, par exemple, est antisémite – et qui atteint son paroxysme avec l’affaire Dreyfus (1894-1906), la majorité des Juifs français garde confiance dans l’humanisme occidental et se refuse à soutenir le mouvement sioniste naissant. Puis, devant le patriotisme irréprochable des Juifs français durant la Première Guerre mondiale, l’antisémitisme se calme.
Mais, induit par la crise économique, il renaît dans les années 1930, sous forme d’un racisme d’une violence inimaginable. Michel Abitbol fournit une grande quantité de faits précis à ce sujet et fait bien la distinction entre cet antisémitisme racialiste et l’antijudaïsme chrétien traditionnel, même si ce dernier a créé un terrain favorable au premier. Le chapitre sur la Seconde Guerre mondiale est d’une grande justesse de ton, montrant à la fois la face sombre de la société française et du gouvernement de Vichy (ce dernier allant souvent au-delà des exigences allemandes), et le changement de l’opinion publique et des Églises chrétiennes françaises à partir de 1942 qui font le maximum pour cacher et sauver les Juifs. Au total, 75 % d’entre eux seront sauvés, le meilleur bilan pour les pays occupés par les nazis.
La dernière partie de l’ouvrage est centrée sur la relation de plus en plus étroite entre les Juifs français – déçus par l’échec de l’humanisme occidental – et le sionisme, avec pour corollaire de se sentir solidaires de l’État d’Israël. Il en résulte une résurgence d’un antisémitisme de gauche, lequel se compromet de plus en plus avec l’antisémitisme islamique. Un ouvrage remarquable par la justesse du ton et la richesse des informations, qu’il est bon d’avoir lu pour comprendre le judaïsme contemporain de la France d’aujourd’hui.

Bruno Massy de La Chesneraye

ÉCHEC ET MAT AU PARADIS
SÉBASTIEN LAPAQUE
Actes Sud, 2024, 334 pages, 22,50 €

En janvier 1942, un mois avant de mettre fin à ses jours, le grand écrivain autrichien Stefan Zweig rend visite au romancier français Georges Bernanos dans sa fazenda de Barbacena au Brésil. De l’entretien de ces deux hommes que tout semble séparer, peu de choses ont filtré. De quoi aiguiser la curiosité de Sébastien Lapaque, qui nous offre dans ce nouveau livre le fruit d’une minutieuse et passionnante enquête visant à reconstituer ce « chapitre d’une histoire sainte oubliée ».
Que retenir de cette patiente investigation qui s’étale sur deux décennies ? D’une part, émerge la raison de la rencontre improbable entre le Juif humaniste et sceptique et le catholique monarchiste. Zweig, résidant à Petrópolis, vit entouré de médiocres notables et de littérateurs sans envergure. Au surplus, la cité des hortensias se révèle alors comme un fief de partisans du nazisme, lesquels possèdent le pouvoir et l’argent. Zweig a donc naturellement cherché auprès de Bernanos une voix à sa hauteur et un soutien face à l’oppression. D’autre part, Sébastien Lapaque recompose de façon convaincante la teneur de leur discussion : échanges d’expériences, de souvenirs, de convictions, d’angoisses aussi – car ces deux écrivains sont deux angoissés. Plus encore, l’auteur suggère que Bernanos aurait proposé à son hôte un projet de déclaration commune dénonçant les crimes commis par Hitler, hypothèse confortée par la découverte dans la corbeille à papier de Zweig d’un document relatant le sort misérable des Juifs en Allemagne.
Le lecteur sera saisi par la mise en scène d’un dialogue vibrant d’authenticité entre un écrivain tourné vers « le monde d’hier », capitulant devant la terreur (et suivi dans le suicide par son épouse Lotte, dont la figure est remarquablement évoquée), et le polémiste granitique, mû par une invincible espérance et vivant son angoisse comme une participation à l’agonie du Christ.
À l’annonce de la mort de Stefan Zweig, Georges Bernanos réagit contre « les grossières apologies du suicide » parues dans la presse, espérant pour sa part que son compagnon d’exil soit accueilli dans la douce pitié de Dieu et contemple désormais la vérité sans voile. En d’autres termes : un « échec et mat au paradis » pour l’auteur du Joueur d’échecs.

Père Robert Augé

EN ATTENDANT LE PARADIS
100 méditations pour les moments perdus

THIERRY-DOMINIQUE HUMBRECHT, OP
Artège, 2024, 196 pages, 15,9 €

Nous sommes souvent confrontés à ce paradoxe d’un manque de temps supposé pour prier face à la multiplication de tant de moments perdus dans notre journée. Pour combler la vacuité de ces heures d’attente subies et paraissant si vaines, le Père Humbrecht nous propose d’en faire une porte pour le paradis : 100 courtes médiations, incisives, non dénuées d’humour, sur des thèmes variés, du combat de la prière à l’évangélisation, de l’année liturgique aux pièges de l’été, de l’ambition, des talents et humeurs du chrétien au mystère de l’Église. De quoi piocher au gré des heures ou des jours. Sous une apparente simplicité, les pistes lancées sont profondes, nous laissant parfois le soin de les prolonger comme on prolonge un chemin, mais un chemin qui veut mener au Ciel.

Anne-Françoise Thès

LE RETOUR AU CŒUR
ÉDOUARD DIVRY, OP
Cerf, 2023, 210 pages, 19 €

Le titre étonnant de cet ouvrage suscite une question : les chrétiens d’aujourd’hui ont-ils perdu le sens du « cœur » ? Eh bien oui ! constate le dominicain Édouard Divry, observateur attentif de la déchristianisation qui frappe l’Occident. C’est donc pour répondre à cet enjeu contemporain qu’il propose ici une profonde méditation associant l’enseignement théologique et les conseils spirituels, le tout éclairé par la Sainte Écriture et l’héritage de saints, sans oublier les rappels récents du Magistère pontifical.
Le cœur n’est pas seulement un organe corporel, il est une donnée essentielle de la foi comme en témoigne la fréquence de ce mot dans la Bible (856 fois), source majeure exploitée par l’auteur qui souligne à cet égard l’utilité des Psaumes. Le cœur concerne aussi bien Dieu que l’homme et ressort pleinement des mystères de l’Incarnation et de l’union hypostatique. Dans ses Confessions, saint Augustin, qui a la faveur du P. Divry, s’attarde sur la nécessité du retour au cœur, car « dans l’homme intérieur habite la vérité ». Soucieux d’aider le lecteur dans cette démarche, l’auteur propose ensuite cinq voies spirituelles : chercher Jésus, s’approcher de lui, l’accueillir, le suivre et reposer sur son Cœur. Dans cette partie très concrète, illustrée par des passages d’Évangile et des événements surnaturels marquants, l’accent est mis sur l’importance de l’écoute de la Parole de Dieu, de l’adoration et de la communion eucharistiques, mais aussi sur la vigilance face aux tentations et aux faiblesses (pélagianisme, acédie, langueur, trouble, etc.). En conclusion de son enseignement, le P. Divry a choisi d’honorer Benoît XVI, à travers une riche réflexion sur le thème du cœur au regard de l’encyclique Deus Caritas est. La lecture de cet ouvrage ne peut être que vivement recommandée car elle offre un excellent remède pour affronter les incertitudes et les malaises du temps présent.

Annie Laurent

LA LIBRAIRIE DES CHATS NOIRS
PIERGIORGIO PULIXI
Gallmeister, 2024, 286 pages, 22,90 €

Piergiorgio Pulixi, dont nous avons recensé ici les précédents ouvrages, est l’un des meilleurs auteurs italiens de romans policiers. Avec cette nouvelle histoire où il revient dans sa ville natale de Cagliari, en Sardaigne, il quitte l’enquête classique menée par ses précédents héros, le criminologue milanais Vito Strega ou les inspectrices Mara Rais et Eva Croce, pour mettre en vedette Marzio Montecristo, ancien professeur de maths reconverti en libraire – la librairie des Chats noirs spécialisée dans le roman policier. Il y organise un club de lecture dont les membres avaient aidé la police à résoudre une affaire complexe. Face à d’horribles crimes où l’assassin laisse le choix à sa victime – laquelle des personnes que tu aimes vais-je tuer, ta femme ou ton fils ?… –, la police se retrouve impuissante et sans piste. C’est donc vers Marzio et son club que l’inspecteur Flavio Caruso et la brigadière Angela Dimase se tournent. Et ils auront bien raison, car ce sont eux qui viendront à bout de cette enquête qui nous réserve des surprises. L’intérêt de ce roman, qui n’a rien de glauque, n’est pas dans l’enquête elle-même plutôt succincte, mais dans la personnalité des personnages et tout particulièrement celle de Marzio, personnage irascible, coléreux, mais profondément bon et attachant.

Simon Walter

© LA NEF n° 373 Octobre 2024