LA MORALE REMISE À SA PLACE
RÉMI BRAGUE
Gallimard, 2024, 150 pages, 18 €
Rémi Brague nous offre un excellent petit essai comme il en a le secret, subtil, puissant et plein d’esprit, sur un sujet central : la morale. Bien que l’époque croie s’en être affranchie, elle baigne en réalité dans un moralisme pesant – et d’autant plus pesant que la notion de pardon y est absente –, il n’est que de voir comment sont traités des sujets « protégés » comme le climat, l’avortement ou l’homosexualité.
D’emblée, Rémi Brague explique que la diversité des cultures ne justifie pas le relativisme moral, puisque finalement elles s’accordent toutes autour de « la morale tout court », morale commune de l’humanité qui se résume peu ou prou au décalogue de la Bible, aucune civilisation n’ayant fait du meurtre, de l’adultère, du mensonge ou de l’irrespect envers ses parents des vertus à développer.
Rémi Brague développe trois grands modèles de l’éthique : le modèle sociopolitique qui, inspiré d’Aristote, cherche à « assurer le mieux possible l’intégration de l’individu dans le corps politique auquel il appartient », la morale ayant pour but de « lubrifier » les « frictions à l’intérieur du corps social » ; le modèle ascétique, à l’inverse, conduit vers une fuite hors de la cité dans un souci de purification individuelle ; enfin, le modèle légaliste qui s’appuie sur la loi morale reçue comme loi divine.
Le christianisme, lui, n’a pas de modèle propre, car, explique Rémi Brague, il n’existe pas de « morale chrétienne » : « ce qui est propre au christianisme… est moins la présence des trois modèles éthiques ou d’éléments qui en proviennent que la synthèse qui en résulte. Cette synthèse ne se réalise pas dans une quelconque doctrine morale, mais dans la sainteté. […] On dira alors que la morale chrétienne est moins une morale de la vertu qu’une morale de la virtuosité. La sainteté qui est son but est la virtuosité éthique. » Clair et revigorant.
Christophe Geffroy
HUMILITAS
La naissance des hommes seuls
NICOLAS DIAT
Fayard, 2024, 176 pages, 17, 90 €
« Telle est ma certitude. Il y a une humilité copte. Un génie chrétien en terre d’Égypte. L’ascèse des moines du désert ne s’éteindra pas. » Ces mots ont été choisis par Nicolas Diat, écrivain et éditeur, pour conclure le récit du périple qu’il a effectué récemment à la découverte du monachisme égyptien. Mais avant d’entraîner ses lecteurs dans la visite des lieux, l’auteur rappelle ce fait historique : le pays du Nil est le berceau mondial du monachisme qui y a vu le jour au IVe siècle à l’initiative de ses premiers « prophètes », saint Antoine suivi de saint Pacôme, tous deux de langue copte (ce mot dérivé du grec ancien signifiant « égyptien » est réservé aux chrétiens depuis la conquête musulmane, en 641).
Le parcours de l’anachorète Antoine le Grand, inventeur de l’érémitisme, a atteint une notoriété universelle grâce à la biographie que lui consacra saint Athanase, l’évêque d’Alexandrie, qui bénéficia d’ailleurs de son soutien dans sa lutte contre l’hérésie arienne. Nicolas Diat en reprend des passages décisifs avant d’évoquer le rôle de Pacôme, instigateur du cénobitisme (vie communautaire) reposant sur une règle qui fut traduite en latin par saint Jérôme et ainsi se répandit en Europe, puis l’initiative de saint Macaire, promoteur d’une voie médiane, la vie semi-anachorétique. « La succession égyptienne est un âge d’or », écrit l’auteur au terme de cette première partie.
Comment cet héritage est-il vécu aujourd’hui ? Les explications et confidences recueillies par N. Diat lors de son « Grand Tour » copte dans sept monastères (dont un féminin), à commencer par celui où se trouve la tombe de saint Antoine, témoignent de la rigueur du discernement, de l’attraction pour la prière, la discipline et l’ascèse mais aussi pour l’oubli du monde, la sagesse et le combat spirituel. « Toute vie monastique est une confrontation avec Satan », lui a avoué le Père Wadid, disciple de Matta El-Meskine que l’auteur cite fréquemment. Ce moine célèbre, qui a profondément marqué l’Église copte du XXe siècle par ses enseignements, a contribué avec le patriarche Cyrille VI au rayonnement actuel du monachisme local après une période de déclin. Aujourd’hui, 6000 moines et moniales prient et travaillent dans les 50 monastères relevant du patriarcat. Le développement des vocations s’accorde avec le renouveau de l’art religieux, souligne aussi Nicolas Diat. « L’art copte respire l’humilité. Il est le reflet de l’âme égyptienne. Les icônes des monastères irradient la simplicité et la pureté des visages. »
Cet ouvrage entraîne avec finesse le lecteur dans une découverte édifiante au cœur du désert spirituel.
Annie Laurent
MÉTAMORPHOSES DE LA SYNODALITÉ
De Vatican II au pape François
CARLO FANTAPPIÈ
Artège, 2023, 166 pages, 12,90 €
Partant de la conviction que la praxis synodale inaugurée par le pape François soulève un certain nombre de questions théologiques et canoniques qui n’ont pas été suffisamment élucidées jusqu’à présent (p. 14), l’auteur, un canoniste de Rome, commence par retracer la réflexion théologique et canonique postconciliaire sur la notion de synodalité. Il distingue trois périodes : les débuts (1966-1977), la recherche de la nouvelle synodalité (1978-1993), les ajustements doctrinaux (2001-2018). Il conclut que ces nombreuses tentatives n’ont pas abouti à « une définition unitaire » mais plutôt à « une pluralité de conceptions et une certaine hétérogénéité de points de vue » (p. 77).
« Avec l’avènement du pape François, le concept de synodalité a subi un changement de sens, de contexte et de portée » (p. 151). Déjà perceptible dans l’encyclique Evangelii gaudium (2013), sa vision s’affirme dans le discours pour le 50e anniversaire du Synode des évêques (2015) et dans la constitution apostolique Episcopalis communio réformant le statut dudit Synode (2018). Fantappié note que la conception qu’a François de la synodalité a évolué de manière significative au cours de son pontificat. Après avoir distingué cinq types de réception de la vision pontificale, l’auteur distingue cinq risques correspondants. 1/ L’absolutisation de la dimension synodale, qui devient « le critère régulateur suprême du gouvernement permanent de l’Église » (p. 109). 2/ Une vision idéaliste et romantique de la synodalité éludant le problème du conflit dans l’Église. 3/ Une vision plastique, générique et indéterminée de la synodalité. 4/ La prévalence du modèle sociologique sur le modèle théologico-canonique. 5/ L’identification de la synodalité avec la dimension pastorale.
Au terme de cet ouvrage remarquable, Fantappiè note que la limite de la nouvelle conception de la synodalité est son caractère « liquide », « conceptuel » et « programmatique » et plaide pour que soient délimités ses contenus concrets et déterminés ses objectifs à court et moyen terme.
P. Martin de La Roncière
VOICI, JE VIENS FAIRE TA VOLONTÉ
SERGE-THOMAS BONINO
Cerf, 2024, 216 pages, 21,50 €
La Providence est un mot qui a vieilli. Il recouvre pourtant une réalité centrale de l’existence du chrétien. Comment conduire ma vie, avec la liberté que Dieu m’a vraiment donnée, tout en me laissant conduire par lui ? Comment savoir ce que je dois faire ? Comment mieux suivre Jésus ? L’être moderne et son désir d’indépendance ont sapé en nous la confiance dans la puissance de Dieu qui conduit l’histoire et en la bonté de la Providence dans notre histoire très personnelle. L’auteur a rassemblé quinze enseignements, donnés au cours d’une retraite. Il se réfère à l’Écriture, à saint Thomas d’Aquin et à de nombreux saints, dont Élisabeth de la Trinité.
« Donne à chacun la claire vision de ce qu’il doit faire et la force de l’accomplir », dit une collecte de la messe. L’ouvrage expose d’abord la volonté de Dieu pour les hommes, que saint Paul appelle le « mystère » tenu caché et révélé en Jésus-Christ. Ensuite, l’auteur enseigne à repérer la volonté divine pour avoir la « claire vision », et montre l’importance de la lecture des événements, qui sont nos maîtres. Enfin, il montre le chemin et les difficultés pour avoir « la force de l’accomplir ». Une lecture qui contemple le plan divin pour nous, et fait réfléchir sur notre vie quotidienne et concrète de disciple du Seigneur.
Abbé Étienne Masquelier
SCIENCE ET FOI
Les grandes controverses
FLORIAN LAGUENS
Artège, 2024, 232 pages, 18,90 €
« Science et foi » : vaste sujet… Si vaste, et déjà objet de nombreuses tentatives d’explication que Florian Laguens, licencié en physique et docteur en philosophie, enseignant-chercheur à l’Institut de Philosophie Comparée (IPC), a choisi d’aborder d’une manière très originale.
Derrière le titre de l’ouvrage, on trouvera une démarche historique précise et remarquablement mise en place, pour amener finalement à un questionnement philosophique. C’est ainsi à travers trois portraits croisés que Florian Laguens a choisi d’illustrer la confrontation multiséculaire de la foi et de la science moderne. Dans chacun d’entre eux, l’un des protagonistes est non seulement un scientifique, mais aussi un prêtre. Galilée, Descartes et Gassendi, Darwin et Teilhard de Chardin : les deux premières rencontres et les destins des chrétiens et des prêtres qui y sont présentés témoignent de la difficulté d’articuler sainement recherche scientifique et réflexion théologique. Le dernier duo (Albert Einstein et Georges Lemaître) illustre la possibilité d’une conciliation respectueuse. Les destins croisés et contrastés de ces hommes permettent finalement à l’auteur de déployer les linéaments d’une tentative d’harmonisation fondée sur un renouvellement de la philosophie. La tension apparente entre science et foi, latente depuis deux siècles, s’explique selon lui par le retrait de la philosophie. Un retour aux questionnements sur la nature et la place respective des différentes sciences, et sur la substance fondamentale des choses, est la condition d’un dialogue apaisé et fructueux entre science et foi, dont les grandes orientations sont données par la réflexion lumineuse de Jean-Paul II (Fides et Ratio, 1998). On suit avec passion les présentations des sept figures majeures du livre, souvent méconnues, qui illustrent avec à-propos la démonstration finale de l’auteur.
Abbé Paul Roy
AU CŒUR DE L’ISLAM DE France
ÉTIENNE DELARCHER
Éditions du Rocher, 2024, 220 pages, 19,90 €
Désireux d’y voir clair avec l’état actuel de l’islam en France, Étienne Delarcher, journaliste indépendant, s’est lancé dans une vaste enquête qui l’a conduit, pendant plusieurs années (2018-2023), à visiter 70 mosquées à travers l’Hexagone pour y interroger des imams, écouter leurs conférences ou lire les ouvrages mis à la disposition des fidèles. Il voulait savoir ce que l’on y enseignait vraiment, en particulier sur plusieurs aspects qui préoccupent les non-musulmans et conditionnent leur coexistence avec les adeptes de l’islam. Trois thématiques ont été au cœur de cette démarche : le rapport aux droits des femmes, aux textes sacrés et au reste de la société.
Sur le premier sujet, les interrogations concernent toutes les formes d’inégalités entre hommes et femmes, ces dernières étant généralement subordonnées à la supériorité ou à la tutelle des premiers (héritage, témoignage en justice, mariage, vie de couple), tout cela en raison de leurs supposées déficiences naturelles. Concernant le mariage, Delarcher s’entend dire que l’amour n’en conditionne pas la validité. Quant à l’interprétation des Écritures, elle revêt une dimension figée par leur racine « divine » ou « prophétique » ; la charia qui en résulte, y compris avec les sanctions les plus injustes ou cruelles, est justifiée par sa fonction « dissuasive ».
Enfin, ces dialogues font ressortir le lien inséparable entre politique et religion : la théocratie (origine divine) domine la démocratie (responsabilité humaine et populaire), ce qui conduit au refus de la laïcité, cette dernière étant d’ailleurs rejetée par la plupart des interlocuteurs de l’auteur.
Sur tous ces sujets, quelques religieux ont certes exprimé des positions plus nuancées ou prudentes, mais dans l’ensemble l’approche littéraliste prévaut, nourrie par « la nostalgie étouffante d’un âge d’or inventé ». Tout en constatant l’échec des « solutions miracles » imaginées par l’État français pour adapter l’islam à « l’idéal républicain », Delarcher refuse toutefois d’exclure la possibilité d’une réforme fondée sur la prise en compte de la méthode historico-critique résultant des découvertes récentes relatives aux origines de l’islam. Le résultat de cette enquête n’est cependant pas rassurant.
Malgré son réel intérêt et l’audace de son auteur, la lecture de ce travail inspire une perplexité concernant la méthode choisie. Delarcher a pratiqué l’infiltration en se présentant partout comme un jeune converti à l’islam. Devait-il vraiment dissimuler sa véritable identité ?
Annie Laurent
LA CONQUÊTE RUSSE DU CAUCASE
IAROSLAV LEBEDYNSKY
Éditions LEMME, 2024, 122 pages, 18 €
Iaroslav Lebedynsky est un spécialiste reconnu de l’histoire des peuples de la steppe eurasiatique (Sarmates, Alains, Scythes, etc.). Il nous donne ici une brève synthèse de la conquête coloniale qu’entreprirent les Russes dans le Caucase, qui n’est pas sans analogie avec la conquête de la Gaule par Jules César. Tandis que certains peuples du Caucase souhaitent l’intervention des Russes pour échapper à la domination des Turcs ottomans ou des Perses (les Georgiens par exemple), d’autres s’opposent farouchement aux troupes russes. Comme toujours, l’auteur est clair et réussit le tour de force de présenter en peu de pages la véritable mosaïque ethnique que sont les peuples caucasiens. Il manquerait juste une analyse détaillée des raisons qui poussèrent les tsars à entreprendre la conquête du Caucase, laquelle fut singulièrement longue et difficile (1774-1864). Les ouvrages de la collection « Illustoria » des Éditions LEMME, comme celui-ci, destinés à un large public, sont très bien faits, alliant clarté de l’exposé et illustrations bien choisies.
Bruno Massy de La Chesneraye
AU SECOURS SAINTE RITA
AMANDINE CORNETTE DE SAINT CYR
Fayard, 2024, 150 pages, 19 €
Voilà un livre rafraîchissant, drôle, bien écrit et spirituel ! Une plaisante introduction pour partager la dévotion de l’auteur à sainte Rita, loin des bondieuseries qui entourent parfois les vies de saints. Il ne s’agit pas là d’une biographie, mais du récit du pèlerinage de l’auteur à Cascia, en Italie (où habitait sainte Rita), décidée à demander à la Sainte d’intercéder pour ses douleurs physiques… et pour guérir ses tourments existentiels. Ce voyage est l’occasion de découvrir sainte Rita, mais c’est plus encore une leçon de vie, la découverte des autres pèlerins, de leurs motivations et de l’amitié qui naît à l’occasion de ce pèlerinage. Le récit de l’auteur, plein d’humour, souvent drôle, est surtout poignant car elle sait décrire cette humanité souffrante à travers ces femmes pèlerines qu’elle voit d’un drôle d’œil au départ et qui finissent par être particulièrement attachantes. Un livre plaisant qui se lit d’une traite.
Christophe Geffroy
MADAME CHESTERTON
NANCY CARPENTIER BROWN
Téqui, 2024, 288 pages, 20,90 €
On oublie souvent que les hommes ou femmes célèbres n’ont pas vécu seuls, et que leur conjoint a pu tenir une grande place dans leur vie, même si celle-ci est demeurée discrète. C’est bien le cas pour le célèbre écrivain catholique britannique qui, assurément, doit beaucoup à sa femme dont il était fort épris. Cette discrétion a été voulue par Frances Chesterton, en raison de son caractère, au point de demander à son mari de n’être point mentionnée dans son autobiographie, L’Homme à la clé d’or. Cette biographie de Frances révèle néanmoins une femme étonnante qui a formé avec son mari un couple amoureux particulièrement original et attachant. Et bien que n’ayant pas eu d’enfant, elle n’en fut pas aigrie et chérissait particulièrement ses neveux et nièces. Elle contribua à renforcer la foi du grand écrivain, et sa sensibilité poétique (des poèmes d’elle et de son mari sont proposés en fin d’ouvrage) autant que son souci de la justice sociale ont sûrement influencé l’œuvre de Chesterton. Bref, une riche personnalité qui mérite assurément d’être connue.
Simon Walter
LOUIS-MARIE, UN CHEMIN VERS LE CIEL
FLORENCE COTTE
Via Romana, 2023, 118 pages, 16 €
Bouleversant témoignage d’une mère qui raconte l’épreuve de son fils touché par une ataxie télangiectasie, maladie neurodégénérative fort rare qui provoque de graves incapacités. Comment la famille fait-elle face à la maladie de ce jeune garçon plein de vie, toujours joyeux et affectueux ? Et, plus encore, comment celui-ci se comporte-t-il ? Rappelé à Dieu dans sa 18e année, Louis-Marie Cotte n’aura pas eu besoin d’attendre un âge avancé pour atteindre une sainteté héroïque. Magnifique.
Simon Walter
Romans à signaler
CŒUR
THIBAULT DE MONTAIGU
Albin Michel, 2024, 336 pages, 21,90 €
« Je croyais écrire un livre pour mon père alors que c’était l’inverse : cette histoire, il me l’avait offerte. » Voilà ce que finit par comprendre Thibault de Montaigu, lorsqu’il a presque achevé Cœur, son nouveau roman familial, qui vient d’être récompensé par le prix Interallié.
S’il croyait écrire cet ouvrage pour son père, c’est parce que ce dernier le lui a effectivement commandé comme une faveur : « J’aimerais que toi, tu écrives l’histoire de Louis. » Louis de Montaigu, le bisaïeul de l’auteur, qui perdit la vie sabre au clair, à l’été 1914, lors de la dernière charge de cavalerie de l’armée française. Alors qu’il est à demi-aveugle et perclus de douleurs, le père de Thibault désire en savoir davantage sur son grand-père, dont il envie secrètement la fin héroïque. Thibault, donc, s’attelle à ce devoir familial. Alors, de bribes de souvenirs évanescents et de fragments d’archives, il recompose l’existence de son ancêtre hussard. On assiste donc, dans une sorte de mise en abîme, aux coulisses de la genèse d’un ouvrage, et les deux histoires se répondent, imbriquées. Le cadeau que ce dernier lui a fait, c’est celui « de partir une dernière fois en voyage ensemble ». Un voyage où ils grimpent tous les deux à la branche Montaigu de leur arbre généalogique ; ils y découvrent des « splendeurs évanouies », des « faillites retentissantes », d’étonnantes résonances d’une génération à l’autre à travers les siècles.
Comme l’écrit l’auteur, son « livre et le cœur de son père [ont] destin lié ». Tant que les mots contant l’histoire familiale se couchent sur le papier, le cœur paternel sera irrigué de sang, comme maintenu en vie par une curiosité vorace : il veut connaître la vie de son aïeul, dont il porte fièrement la chevalière.
François Bouyé
LE DERNIER COMBAT
CRAIG JOHNSON
Gallmeister, 2024, 410 pages, 24,90 €
À l’occasion du décès d’un ancien militaire noir, Walt Longmire découvre une caisse avec un million de dollars en billets. Mais surtout, tout semble indiquer que cet argent serait le fruit de la vente du célèbre tableau La Dernière Bataille de Custer, censé avoir brûlé en 1946 dans l’incendie de la caserne du 7e de cavalerie où il était exposé. Son enquête le mène sur la piste d’un trafiquant d’art original, avec quelques cadavres à la clé. Walt Longmire peine à se remettre de ses exploits au Mexique (cf. Le cœur de l’hiver) et ses problèmes de santé atténuent sa vigueur, ce qui se traduit sur le rythme de ce roman, dont l’enquête peu fouillée est loin d’être la meilleure de notre shérif du Wyoming. Heureusement, l’auteur nous éclaire sur ce fameux tableau relatant la mort de Custer à Little Big Horn, on apprend ainsi bien des choses sur cette bataille mythique.
Simon Walter
© LA NEF n° 375 Décembre 2024