L’Agneau
(16 avril 2025)
Pour son seizième film, Cheyenne-Marie Caron revient sur le thème des abus sexuels de prêtres, mais d’une façon inattendue : en délivrant un message d’amour aux prêtres. Aujourd’hui épaulée par Canal+, mais gardant sa combattivité intacte, elle bénéficie d’une excellente distribution, de dialogues profonds, et de grands décors.
On suit le jeune père Paul – l’Agneau – qui reçoit deux visites : un homme qui se plaint que sa femme divorce, le privant de ses filles, et une prostituée noire qui veut se confesser. La femme divorce parce que son mari a abusé de leur fille. La prostituée dit qu’elle ne peut pas changer de vie parce que c’est sa mère, en Afrique, qui l’a prostituée dès l’âge de 8 ans.
L’évêque a constitué une cellule d’écoute pour les victimes d’abus de prêtres. Elle permet d’entendre le témoignage des victimes dans une scène d’une gravité très prenante.
Le drame se noue quand la fille aînée du mari abuseur accuse le père Paul d’attouchements. L’évêque la croit. Jadis on accusait les évêques de jouer les prêtres contre les victimes. Ici c’est l’inverse. L’évêque renvoie le père Paul à la procureur. Son interrogatoire est une des meilleures scènes du film, les psychologies y sont aiguisées. Entre la fille qui s’amuse du prêtre, la femme qui méprise son mari et la procureur qui nie la bonne foi, le film a une misogynie qu’on ne pardonnerait pas chez un réalisateur !
Le drame final est moins crédible. Mais pour cela justement, il est incapable de faire oublier la puissance des scènes précédentes qui font voir toute la cruauté de la menée à l’abattoir de l’agneau sans défense.
Bernadette de Lourdes
(24 et 27 avril 2025)
Créé en 2019, le spectacle musical Bernadette de Lourdes n’a longtemps été visible qu’à Lourdes. Depuis, il a été donné dans de nombreuses villes en France et à l’étranger, et maintenant à Rome où il est le spectacle musical du jubilé. Il manquait un dernier lieu pour ce spectacle triomphal : le cinéma. Ce sera réalisé à deux occasions en avril, le 24 à 20h et le 27 à 16 h (1).
Va-t-on perdre le charme de la scène dans une simple captation de représentation ? Eh bien non ! La réalisation est si respectueuse, la force de la scénographie telle, les costumes si authentiques, qu’on entre sans être retenu dans la musique et dans le jeu des acteurs-chanteurs. Cette musique de Grégoire, conforme au grand style des « musicals », voit sa force d’émotion décuplée par les mots simples du livret, qui tirent eux-mêmes leur puissance des réalités qu’ils décrivent : la pauvreté de la famille Soubirous, l’obtusité du commissaire interrogateur, le trouble de la population face aux récits de Bernadette et surtout la merveilleuse simplicité de celle-ci. Cette Bernadette est la perle précieuse du spectacle dans l’incarnation que lui donne Eyma.
François Maximin
(1) Voir les séances sur bernadettedelourdesaucinema.com/
© LA NEF n° 379 Avril 2025