Cinéma Mai 2025

De mauvaise foi

(7 mai 2025)

Nous attendions avec impatience ce premier film produit par Saje. En adaptant le roman de Thomas Hervouët, Les pieuses combines de Réginald (Quasar, 2014, réédité sous le titre De mauvaise foi), les producteurs ont choisi une comédie légère pleine de rebondissements. Réginald Le Vaillant (Pascal Demolon), notaire parisien « vieille France », inquiet pour l’avenir de son château familial dont certaines parties tombent en ruines, veut profiter du prochain mariage de sa fille Athénaïs, jeune catholique fervente, avec Eliott Moulard, golden-boy gauche-caviar et athée, qui propose de prendre en charge la rénovation du bâtiment. Le problème est que très vite Réginald et son épouse Blandine comprennent qu’Eliott n’est pas le mari qu’il faut pour leur fille. Providentiellement, Réginald enregistre le testament d’une comtesse mourante qui lègue sa fortune à Arthur, jeune peintre fauché… mais à la condition que ce dernier soit catholique, ce qui ne semble guère être le cas. Réginald va ainsi monter tout un stratagème pour faire se rencontrer Athénaïs et Arthur et emmener tout ce petit monde faire une retraite à Paray-le-Monial, espérant ainsi rapprocher Arthur de la foi… et de sa fille.
Si l’aspect comique du film est un peu lent à démarrer, on entre sans peine dans ce petit univers tournant autour de la personnalité de Réginald, magistralement interprété par un Pascal Demolon qui crève l’écran et finit par nous faire rire aux éclats – notamment à l’occasion d’un dîner au château qui est la scène la plus désopilante du film. Bref, pour un premier essai, c’est une réussite, on passe un excellent moment de détente.

Christophe Geffroy

Natacha presque hôtesse de l’air

(2 avril 2025)

Natacha a toujours rêvé de devenir hôtesse de l’air mais elle est trop grande. Un jour, à l’aéroport, elle se trouve témoin du vol de La Joconde et se lance aussitôt à la poursuite du tableau, sûre qu’ainsi on lui permettra d’être hôtesse. Elle, efficace et intrépide, est flanquée dans sa course d’un steward aussi malhabile que couard. Tous deux pistent le tableau jusqu’en Italie.
Un film a priori insignifiant. Et pourtant !… En effet la comédie commence sur les chapeaux de roues, très drôle, qui nous replonge dans les années 60, quand l’ombre du Général couvrait le pays. On y voit le ministre de la culture André Molrat (Malraux, bien sûr) découvrir la politique médiatique et la mère de Natacha (victime du patriarcat) pousser sa fille à l’autonomie. Les personnages rêvant à l’avance de notre époque féministe ont de quoi agacer, mais ce n’est qu’un des nombreux anachronismes hilarants du récit qui rappellent ceux d’OSS 117. Ils font le plaisir des spectateurs adultes tandis que les jeunes s’enthousiasment pour les péripéties aventureuses de Natacha, dans la veine de L’homme de Rio. La réussite du film, comme souvent dans les comédies, ce sont les seconds rôles, qui ont ici chacun leur moment de gloire (Didier Bourdon, Isabelle Adjani…).

François Maximin

© La Nef n° 380 Mai 2025