Vous venez de créer un Master 2 de Bioéthique Jérôme Lejeune, qui ouvrira ses portes en octobre 2025. Les inscriptions viennent de commencer. Pourquoi proposer un Master 2 de Bioéthique ? Et pour qui ?
Aude Dugast – Dans le panel des formations en bioéthique existant en France, il semble qu’aucune n’offre un Master 2 avec diplôme d’Etat, permettant de répondre aux nouvelles problématiques éthiques dans une approche résolument respectueuse de la vie humaine, de son commencement à sa fin naturelle.
Ce Master 2 de bioéthique, créé par notre nouvelle Chaire internationale de Bioéthique Jérôme Lejeune et l’Université Francisco de Vitoria de Madrid, bénéficie de l’expertise académique de la grande Université Francisco de Vitoria et de la triple expertise médicale, scientifique et bioéthique de Jérôme Lejeune.
Nous souhaitons offrir cette expertise dans le domaine de la bioéthique non seulement sur le plan spéculatif mais aussi dans l’ordre de l’agir, puisque l’éthique est un savoir pratique. L’actualité française, tristement assombrie par le vote sur l’euthanasie, illustre cette nécessité de former son intelligence et sa conscience afin de savoir appréhender les enjeux juridiques, philosophiques et éthiques de nombreuses professions, pour pouvoir agir droitement dans son domaine de compétence.
Ce Master 2 est ouvert aux étudiants et professionnels en philosophie, santé, droit, ingénierie, ayant déjà validé un M1 dans ces disciplines.
Ce Master de bioéthique se réfère à Jérôme Lejeune et à Elio Sgreccia. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Face aux défis contemporains dans le domaine de la bioéthique, notre Master développe une réflexion qui s’inscrit dans une philosophie personnaliste fondée ontologiquement, dans la droite ligne de l’œuvre de Jérôme Lejeune et de la réflexion académique portée par Elio Sgreccia. Ces deux grandes figures de la Bioéthique moderne, qui ont tous deux présidé l’Académie pontificale pour la Vie, sont les points de références du Master. Méconnu en France, Elio Sgreccia (1928-2019) est pourtant le père de la bioéthique personnaliste fondée ontologiquement et l’un des plus grands bioéthiciens contemporains au niveau international. Professeur de Bioéthique, il a fondé et dirigé le Centre de Bioéthique de l‘Université Catholique du Sacré Cœur de Milan, en lien avec la Faculté de médecine et chirurgie de l’Hôpital Gemelli à Rome. Il a été membre du Comité national d’Ethique en Italie, et est l’auteur de l’incontournable Manuel de Bioéthique, traduit en 12 langues, (France : ed. Mame, 2004) référence internationale en la matière. Elio Sgreccia était aussi cardinal de l’Eglise catholique. Jérôme Lejeune, comme on le sait, a été, lui, par toute son œuvre, le témoin magistral de cette bioéthique réaliste respectueuse de la vie de tout être humain. L’Attestation des Serviteurs de la Vie qu’il a rédigée à la création de l’Académie pontificale pour la Vie, exprime, en quelques lignes à méditer, ce credo.
Vous mettez en avant une bioéthique personnaliste fondée ontologiquement. Qu’est-ce que cela signifie ?
Concrètement, le personnalisme ontologique s’enracine dans la loi naturelle et la dignité de la personne humaine et renoue avec la médecine hippocratique en l’actualisant au regard des problématiques contemporaines. La philosophie personnaliste de Sgreccia propose de considérer la valeur centrale de la personne humaine comme critère de discernement pour savoir ce qu’il est techniquement possible de faire et ce qu’il est moralement licite de faire. Dans cette formidable analyse des données morales et techniques de l’éthique biomédicale, enrichie par l’expérience, Elio Sgreccia donne une interprétation nouvelle des clefs de l’agir éthique pour le monde contemporain. Il propose ainsi une nouvelle voie, à la fois traditionnelle car fondée sur le respect de la loi naturelle, et moderne car enrichie par l’expérience contemporaine et les découvertes scientifiques les plus récentes, qui permet de sortir de nombreuses impasses philosophiques et éthiques et d’aider très concrètement les soignants, les juristes, les législateurs…
Dans ce contexte, quels sont les outils mis à disposition des étudiants du Master ?
L’éthique étant un savoir pratique, le Master offre une formation non seulement sur le plan spéculatif mais aussi dans l’ordre de l’agir. Il y a donc des cours de Bioéthique fondamentale (les divers types de bioéthique, introduction aux fondements de la bioéthique personnaliste fondée ontologiquement, fondements anthropologiques et éthiques de la bioéthique), et des cours de Bioéthique appliquée (commencement de la vie, fin de vie, Bio-droit, éthique et bioéthique clinique, recherche en bioéthique et questions émergentes, bioéthique et écologie intégrale, famille et bioéthique.).
Quelles sont les autres caractéristiques de votre M2 ?
Ce Master diplômant (60 ECTS) est 100% en ligne. Les cours sont dispensés trois soirs par semaine (18h-20h) et sont accessibles en direct ou en différé pour permettre à tous d’étudier selon son rythme, y compris aux professionnels. Les cours sont prolongés par un accompagnement pédagogique personnalisé de chaque étudiant par les professeurs.
Le Master est 100% en français mais ouvert à l’international : les étudiants du Master profitent d’un réseau européen de professeurs qui leur permettra d’élargir leur horizon, par les savoirs, les cultures et les expériences de différents pays. Ils peuvent participer aux Congrès internationaux de bioéthique organisés par la Chaire à Rome. Ils bénéficient aussi d’ouvertures vers des universités européennes et américaines, avec lesquelles la Chaire développe des accords. La Chaire propose en effet d’autres formations, comme en France, la Master-class Science et Ethique Jérôme Lejeune, qui est une formation d’expertise pour les jeunes soignants et étudiants en médecine, suivie par 900 étudiants depuis 7 ans (cours on line ou en présentiel le mardi soir (20h-22h).
Pouvez-vous nous dire quelques mots du très prochain Congrès de Bioéthique organisé par la Chaire internationale de Bioéthique Jérôme Lejeune, ces vendredi 30 et samedi 31 mai, à Rome ?
Après le succès des deux précédentes éditions, ayant réuni chaque fois 400 personnes, parmi lesquels de nombreux jeunes, nous proposons cette année une réflexion sur le lien entre la Science et la Vérité. Le choix du titre, ‘La splendeur de la vérité en science et en bioéthique’, est un appel à renouer avec la joie de l’intelligence qui découvre la beauté de la vérité. Un appel à la liberté de l’intelligence.
Les experts, philosophes, mathématiciens, astronome, médecins, généticiens, juristes, venant de nombreux pays (voir programme) s’interrogeront sur l’existence de la vérité, sa contingence et sa démontrabilité scientifique, l’existence de la loi naturelle, les points d’accord et de désaccord entre la Science et la Révélation (ex : Big Bang, Adam et Eve, …), la recherche de la vérité morale en déontologie médicale (ex : le conseil génétique), la vérité sur l’homme (ex : dysphorie de genre), etc.
Le Congrès s’adresse aux scientifiques, aux soignants, aux philosophes, aux juristes, étudiants ou professionnels.
Tous les thèmes abordés, de la loi naturelle à l’objection de conscience, de l’apparition de l’homme sur terre à la question du gender, sont reliés par ce fil rouge : existe-t-il ou non une réalité que l’intelligence peut saisir ? Beaucoup de jeunes sentent avec précision qu’il faut pouvoir affronter cette question et en tirer les conséquences, dans le domaine privé et professionnel. C’est en pensant à eux que nous avons conçu le programme de ce congrès.
Aude Dugast
Directrice académique (section francophone)
Chaire internationale de Bioéthique Jérôme Lejeune
Info Congrès : Vous pouvez encore vous inscrire pour suivre les sessions en-ligne. Les conférences, suivies en direct, bénéficient de la traduction simultanée en 4 langues dont le français.
https://internationalbioethicscongress.org/?lang=fr
Le Master 2 de Bioéthique en bref :
- L’OBJECTIF : Donner les fondamentaux nécessaires à un bon discernement en bioéthique
- COMMENT ? 100% en ligne – Diplôme d’état en 1 an – 60 ECTS
- Mai 2025 : début des candidatures.