French actor Gérard Depardieu at the premiere of "MAMMUTH" at the Berlinale Palast, February 19th, 2010

Ça tombe bien, c’est Carême

L’argent, la bêtise, la trahison et l’immoralité sont de gauche. Ils ne se sont jamais autant manifestés en France qu’aujourd’hui, ce qui nous oblige à déduire qu’hélas la France est de gauche. En veut-on quelques tristes exemples ?
Alors qu’Alexei Navalny est mort dans des geôles sibériennes ressemblant étrangement aux goulags, l’influence poutinienne en France est telle que l’on entend partout des gens se réjouir de la mort de cet « homophobe », de ce « fasciste », de ce « raciste ».
L’influence russe se manifeste hélas déjà autrement et tragiquement en France, où un Malien psychopathe, arrivé par l’Italie, a poignardé trois personnes à la gare de Lyon, dont l’une très grièvement, pour venger son pays, soi-disant ruiné, abîmé, dominé et colonisé par la France. Ce discours étant le triste résultat de la propagande russe déversée dans les pays du Sahel : Vladimir Poutine et ses sbires n’ont eu qu’à réactiver les méthodes du KGB, et toute l’anti-France amoureuse du totalitarisme leur est tombée dans les bras.

Les mœurs du monde de la culture

Autre exemple de la gauchisation profonde de notre pays : les mœurs ignobles du « monde de la culture », en premier lieu du monde du cinéma, sur lesquelles notre pseudo-élite qui savait, a fermé les yeux, et continue en partie de fermer les yeux. Ainsi, le répugnant Depardieu, icône des années post-soixante-huit, « monstre sacré » des années Giscard et Mitterrand, semble avoir vécu cinquante ans durant comme s’il était demeuré dans les Valseuses, cette œuvre abominable de Bertrand Blier. Troussage de domestique, tripotage de maquilleuses et de techniciennes, mains sous la jupe d’actrices, tous les témoignages qui sortent enfin (prélude à un retour à la morale, c’est-à-dire à une droitisation de la France ? espérons-le) convergent pour donner quelque apparence de crédibilité systémique aux mots abjects que le gros Gégé emploie dans les images du documentaire de Yann Moix en Corée du Nord. Mais au-delà de Depardieu, c’est un monde complet qui nous apparaît comme vérolé, avec l’assentiment de beaucoup : Gabriel Matzneff, Bastien Vivès, Gérard Miller, Benoît Jacquot, Jacques Doillon, Philippe Garrel, on ne compte plus les enfants de Sade, cet immonde porc de gauche dont les livres devraient retourner dans l’enfer des bibliothèques et dont Pasolini (rare homme de gauche que l’on sauvera) avait pourtant démontré il y a longtemps quel préfascisme il incarnait.
Maritain écrivait dans L’Homme et l’État : « Un peuple libre a besoin d’une presse libre – libre de l’État, et libre aussi de la servitude économique et du pouvoir de l’argent. » Comme il semble que la liberté soit une valeur de droite (voir La Nef du mois dernier), on en déduit immédiatement que l’argent est une valeur de gauche puisqu’il réduit la liberté, notamment par son pouvoir de censure. Or, a-t-on jamais vu que la presse française soit concentrée dans si peu de mains, et des mains si milliardaires ? Il faut se rendre à la triste évidence que la presse française est de plus en plus de gauche.

La chute de l’éducation

Autre exemple : la chute de l’éducation. Nos enfants ne savent plus lire (il y a longtemps qu’ils ne savaient plus compter déjà) : la faute évidemment, comme cela a été relevé cent fois, à la méthode globale des années 80. Mais la faute surtout aujourd’hui aux écrans. Mais que regardent-ils sur leurs écrans : des vidéos bien sûr. Comme la recherche de la vérité est de droite, que le livre est le moyen le plus sûr (avec la prédication) d’atteindre à la vérité (d’où la Bible), tout ce qui empêche de lire est de gauche. Ainsi, toute émission de télévision est de gauche, tout réseau social, toute plateforme de vidéos. Hélas, on n’a jamais produit autant de vidéos, d’images, au point qu’elles remplacent tout autre type de média. On n’est pas sorti de l’auberge de gauche.
En veut-on un dernier et terrible exemple ? Les abus, tels qu’emprises ou toute manipulation sexuelle, qui ont eu lieu dans l’Église, n’ont pu évidemment apparaître qu’à cause de la perte de l’autorité habituelle, celle des évêques, celle du pape, celle des structures généralement bâties par l’Experte en humanité depuis 2000 ans pour prévenir l’apparition de telles perversions. Or l’autorité est évidemment de droite, donc tous ces abus sont le fait d’une idéologie de gauche entrée dans l’Église, telles les fumées de Satan. Quoiqu’un timide nettoyage ait été fait, les communautés pourries de l’intérieur continuent pour certaines d’exister, voire, ajoutant un crime à l’autre, de se pavaner dans des émissions des télévisions à visée faussement évangélisatrice.
Triste tableau de notre pays que nous dressons là. Heureusement, nous avons l’espérance et savons que rien n’est perdu : il suffit de se débarrasser de l’argent, de la bêtise, de la trahison et de l’immoralité. Ça tombe bien, c’est carême.

Jacques de Guillebon

© LA NEF n° 367 Mars 2024