Nefarious
(28 mars 2025)
Voici le « pitch » glaçant de ce film de possession de Cary Solomon et Chuck Konzelman (coréalisateurs de Unplanned et Dieu n’est pas mort) : « Le jour de son exécution, un tueur en série condamné à la chaise électrique subit une dernière évaluation psychiatrique au cours de laquelle il révèle être possédé par un démon. Il affirme qu’avant la fin de la journée, le psychiatre aura lui-même commis trois meurtres. »
Passons sur l’invraisemblance (mais peut-être authentique ?) d’une ultime visite de psychiatre à un condamné, juste avant son exécution. L’important est cette conversation entre les deux hommes, un jeune psychiatre inexpérimenté mais solide, et ouvertement athée, et un tueur en série qui se proclame possédé par le démon Nefarious, dont il exécute tous les ordres avec docilité, lui-même se jugeant innocent de ses crimes. La clé du suspense est de savoir si le psychiatre va juger le condamné responsable ou non. Cela donne une conversation d’une intensité et d’une profondeur spirituelles rarement atteintes dans un film. Le démon du condamné sait tout sur son interrogateur et il le pousse dans des retranchements dont celui-ci a beaucoup de mal à sortir. Grâce à Dieu, le jeune psychiatre, superbement interprété par Jordan Belfi (injustement méconnu malgré une longue filmographie) ne se refuse jamais à la confrontation et cela nous vaut, de la part de Nefarious, des vues sur le péché, individuel et collectif, d’une salutaire pertinence. Quant aux trois prochains crimes du psychiatre prophétisés par le démon, ils ont une actualité que personne ne pourra éluder.
Bridget Jones Folle de lui
(12 février 2025)
Le cinéma, ce n’est pas seulement Ordet ou 2001. C’est aussi le cinéma commercial, « facile », capable de conjuguer comédie, sentiment et verdeur. La série des Bridget Jones, dont sort aujourd’hui le quatrième volet, en est un bon exemple. Bridget (Renée Zellweger) est une Londonienne bien de son époque, féministe et sans tabous, mais romantique, qui épouse un mari parfait (Colin Firth) dont elle a deux beaux enfants, en restant toujours amie avec un soupirant coureur (l’excellent Hugh Grant). Ce quatrième épisode est celui de la « deuxième vie », après la mort du mari. Veuve, ayant renoncé à son métier de productrice de télévision, et perdue, Bridget, entourée de sa pétulante cour d’amis, se décide à repartir. Elle enchaîne gaffes sur méprises, mais chaque tentative pour se hisser la tête hors de l’eau est l’occasion de scènes psychologiques et sentimentales très drôles, d’une étonnante justesse. Si l’on n’a pas les oreilles prudes, on sera touché par ces approches de la vie sentimentale dans le marasme du veuvage. On rira de toutes ces tentatives courageuses ou ineptes pour que Bridget obéisse à l’ordre de son père sur son lit de mort : « Promets-moi, non de survivre, mais de vivre. » Alors la comédie en pyjama, ou en lingerie fine, se hausse discrètement, sans toutefois oser faire le dernier pas, jusqu’au bord du surnaturel.
François Maximin
© LA NEF n° 378 Mars 2025