L’actuel Préfet de la Congrégation pour les Évêques a été professeur à l’Institut pontifical Jean-Paul II pour les études sur la famille et le mariage. Dans le sillage de l’exhortation apostolique Amoris laetitia (AL) du pape François, le cardinal Ouellet nous livre ici « un complément dans le domaine précis de la sacramentalité du mariage ». Le prélat soutient deux intuitions théologiques majeures : (a) le mariage n’est pas d’abord une réalité naturelle élevée à la dignité de sacrement, mais il doit se comprendre, et être présenté, essentiellement à partir du Christ (comme « participation au grand mystère de l’amour nuptial du Christ pour l’Église ») ; (b) l’avenir de l’évangélisation ne doit pas seulement passer par la famille, il doit partir de la famille : « église domestique », née du mariage et vivant de l’Eucharistie, la famille est la cellule de base de l’Église et elle sera le fer de lance de l’évangélisation du monde contemporain. « Je crois personnellement que nous avons encore fort peu exploité le potentiel évangélisateur de la famille » (p. 122).
Sur la question de l’accès à l’Eucharistie pour les divorcés-remariés, le Cardinal préconise à nouveau la « communion spirituelle » plutôt que la communion sacramentelle. Il écrit à propos de la note 351 d’AL : « dénoncer […] Amoris laetitia sur la seule base d’une note en bas de page qui signifierait une rupture de la tradition ecclésiale, m’apparaît franchement simpliste, voire outrancier. Il est vrai que la note appelle des précisions ultérieures quant aux critères de son application » (p. 22). Le Cardinal a le mérite de proposer ensuite un cas d’application de cette note. Ce cas me semble peu convaincant car trop subjectif, mais il présente au moins l’avantage d’essayer de sortir du mode « incantatoire » jusqu’alors pratiqué : « Dans certains cas, il peut s’agir aussi de l’aide des sacrements » (note 351).
Famille, deviens ce que tu es ! du Cardinal Marc Ouellet, Parole et Silence, 2016, 160 pages, 16 €.