L’Algérie française, la rébellion indépendantiste, la vigoureuse riposte de l’Armée, enfin notre retrait suivi par l’arrivée au pouvoir des insurgés, tout cela est déjà si loin que, parmi les acteurs principaux du drame, plus un seul ne reste en vie. Or, malgré une abondante bibliographie, des zones d’ombre subsistent, et des points mal élucidés. Celui, entre autres, relatif au Parti communiste algérien, à son action, au rôle qui fut le sien durant les années sanglantes de l’affrontement. Bien sûr, on savait des choses, mais peu liées, peu ordonnées. Et voilà le livre grâce auquel la question apparaît en pleine clarté et devient tout à fait intelligible. L’analyser ? Le résumer ? Impossible. Contentons-nous d’un regard rapide.
La naissance, au mois d’octobre 1936, du PCA, ancienne section algérienne du PCF, n’avait pas trop changé la donne, et le communisme, au sud de la Méditerranée, demeurait grosso modo (nonobstant, depuis 1950, une volonté d’indigénisation) l’affaire de militants européens petits-bourgeois, pieds-noirs ou métropolitains, influencés par les choix légalistes du PCF et adeptes d’un anticolonialisme assez platonique. Quand, avec la « Toussaint rouge », les prodromes de la guerre eurent éclaté, le PCA donc, pris au dépourvu, se trouva embarrassé. En 1955 cependant, comprimant une vieille défiance « ouvriériste » à l’égard du nationalisme autochtone, il approuve la lutte de « libération », mais n’entend y participer qu’en créant ses propres groupes de combat.
Interdit bientôt après, puis, dans la clandestinité, assujetti par le FLN, tandis que l’abandonnent presque tous ses membres européens, hostiles à l’indépendance et au terrorisme fellagha, le PCA, au lendemain de 1957, a pratiquement cessé d’exister. Ayant tenté, sous Ben Bella, de se remettre en selle, le nouvel État, en 1962, le déclara hors la loi.
Histoire cachée du Parti communiste algérien, de Jean Monneret, Via Romana, 2016, 176 pages, 18 €.