Communisme : cent ans, cent millions de morts !

1917-2017 : nous voici au seuil de l’année marquant un siècle de communisme sur le monde. Dès 1997 Le livre noir du communisme, sous la direction de Stéphane Courtois, en établissait irréfutablement un bilan minimum de 85 millions de victimes en 80 ans mais ayant dépassé plus probablement le chiffre de cent millions. C’est le 9 novembre de cette année-là, anniversaire de la création de la terrible Tcheka, et aussi de la chute du mur de Berlin, qu’à la Mutualité à Paris nous avions clamé l’exigence d’un « procès international des crimes contre l’humanité des régimes communistes ».
Nous avions ce jour-là, à titre d’exemple de ce qui nous apparaissait une formidable nécessité pour l’humanité, jugé du cas d’un criminel français, le communiste Georges Boudarel à l’œuvre, pendant la guerre d’Indochine, dans le tristement célèbre « camp 113 » pour rééduquer, par la plus sadique convergence de tortures morales et physiques, des centaines de nos soldats faits prisonniers. La proportion des rescapés, dans ce camp et ses pareils, fut inférieure à celle d’Auschwitz… Le grand avocat Jean-Baptiste Biaggi, légendaire héros de la guerre et de la Résistance, déclara solennellement à l’issue de la journée la condamnation de Boudarel à l’indignité nationale.

LE COMMUNISME PAS MORT
Mais nous n’avions pas seulement voulu cette journée pour que les derniers survivants, désespérés d’une « justice » française ayant étrangement conclu à la prescription de ces crimes-là, aient au moins la satisfaction de savoir que Boudarel n’allait pas finir ses jours dans l’impunité morale. Nous avions tenu à rappeler que le communisme, certes s’effondrant en Europe de l’Est avec la chute du Mur, n’était hélas pas mort en Chine et dans les trois pays d’Indochine, en Corée du Nord et à Cuba. Et chez nous, en France, le marxisme-léninisme, néo-stalinien ou trotskyste, exerçait toujours son emprise dans la politique mais plus encore dans la culture et les médias.
Une preuve éclatante de cela vient d’en être apportée avec tous les indécents encensements de Fidel Castro qui ont suivi sa mort, tel celui de l’affligeante Ségolène Royal, s’illustrant dans une grotesque apothéose de négationnisme.
Mais par-delà ce triste fait, observons encore que si, à juste titre, les abominations nazies sont sans cesse évoquées, demeure le contraste du fait que celles du communisme, plus gigantesques encore dans l’étendue et la durée, sont globalement occultées, et ce, presque autant à droite qu’à gauche.
Le 19 mars 1937, dans l’encyclique Divini Redemtoris, le pape Pie XI qualifiait le communisme d’« intrinsèquement pervers ». Quatre-vingts ans plus tard, on peut mesurer que résida aussi dans cette absolue perversion comme un immense génie diabolique d’arriver à faire oublier un passé de massacres et de génocides, et un présent d’oppressions et de persécutions dans la continuité des totalitarismes maoïste ou stalinien.

LA CONSTITUTION D’UN GRAND TRIBUNAL DE L’HISTOIRE
Voilà pourquoi nous continuerons à militer pour que puisse se former parmi les nations le grand tribunal de l’histoire sur le communisme, « horizon indépassable de l’esclavagisme moderne ».
Le 9 novembre 1997, nous avions principalement traité du cas particulier de l’infâme Boudarel et du camp 113 à la lumière des témoignages de quelques survivants et notamment de notre ami, le légendaire officier parachutiste Ivan Tommasi. Mais parlèrent aussi des rescapés de bien des enfers communistes. Notre initiative fut commentée favorablement dans bien des médias, et non des moindres, en France et ailleurs, mais trop souvent présentée, ainsi dans le Figaro, comme la volonté d’aboutir à un « Nuremberg du communisme ». L’expression était inadéquate. « Nuremberg » fut en effet un tribunal international avec condamnations et peines de mort effectives ; entaché hélas par le fait de la présence parmi les juges des criminels soviétiques pour juger des criminels nazis. Selon nous, c’est à chaque pays de juger ses bourreaux comme il en a été au Cambodge et en Lituanie.
Mais ce que nous croyons toujours nécessaire pour la mémoire de cent millions de morts et d’innombrables vies dans le malheur, c’est la constitution d’un grand tribunal de l’histoire, international, qui devra établir le bilan global, pour la mémoire des victimes et pour l’honneur de l’humanité, d’un siècle d’abominations communistes.
Puisse la Russie, la première patrie persécutée, en prendre l’initiative.
Prions pour cela la Vierge Marie dans l’exact centenaire aussi de ses apparitions et de ses prédictions à Fatima.

Bernard Antony

Bernard Antony est président de l’AGRIF, de Chrétienté-Solida­­rité, du Centre Charlier et directeur de la revue Reconquête. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Le communisme 1917-2017 (Godefroy de Bouillon, 2017).