Depuis sa création, en 1872, la municipalité de Bethléem a toujours été dirigée par un maire chrétien, mais pour la première fois, cette fonction est exercée par une femme, Vera Baboun, élue en 2012. Fille d’une famille aisée de la cité qui vit naître le Christ, ce professeur d’université et mère de cinq enfants, retrace ici son parcours peu ordinaire dans une société palestinienne encore largement patriarcale, malgré des évolutions que V. Baboun considère comme bienvenues car, dit-elle, la femme doit découvrir et assumer avec courage son propre rôle. Elle-même attache une grande importance au soin avec lequel elle s’occupe de sa ville, surmontant vaillamment ses épreuves personnelles, entre autres l’emprisonnement de son mari, Johnny, condamné par la justice israélienne pour avoir soutenu la première Intifada (1987-1993), puis mort prématurément. Femme décidée, elle se préoccupe aussi de sortir la Palestine de l’abandon dans lequel la tiennent les dirigeants du monde, s’alarmant notamment du déclin numérique des chrétiens. V. Baboun revient souvent sur les effets malsains du mur construit par Israël, qui étouffe et isole Bethléem. Elle consacre de belles pages au jumelage de la cité avec Lourdes, à ses rencontres avec le pape François, ainsi qu’à l’évocation de la canonisation par ce dernier de deux religieuses palestiniennes, Mariam Baouardy et Marie-Alphonsine Ghattas (2015). Grâce au témoignage de foi et de confiance en Dieu qui se dégage de ses confidences, l’auteur contribue à rapprocher le lecteur francophone du peuple souffrant de Bethléem.
Annie Laurent
Pour l’amour de Bethléem, ma ville emmurée, de Vera Baboun, Bayard, 2016, 190 pages, 15,90 €.
© LA NEF n°297 Novembre 2017