Avec Pour une alternative catholique, J.-N. Dumont nous donne un livre lumineux, c’est-à-dire limpide et éclairant. Le constat de départ est celui de la difficulté que les catholiques éprouvent à trouver leur place dans une société sécularisée, qu’ils ont pourtant contribué à édifier. L’État ne repousse l’Église aux marges, parmi les « religions », que pour mieux se parer de ses attributs sacrés, et prétendre faire à sa place le salut de l’homme. Tout en s’ingéniant à dissoudre le tissu social pour n’avoir face à lui que des individus en guerre les uns contre les autres, réalisant lui-même les conditions mythiques de son pouvoir absolu. Que faire, alors ? Plusieurs pistes s’offrent au croyant. La première, illusoire, est de tenter de reprendre le pouvoir, en oubliant qu’ici-bas l’Église ne sera jamais que militante, jamais triomphante. La deuxième est celle du repli, de la marginalité, de la protestation. La troisième est celle du compromis avec le monde, l’Église renonçant à la posture d’autorité, et acceptant que ses propositions s’insèrent dans le débat. L’auteur complète ce tableau par la présentation de trois auteurs ayant chacun contribué à la réflexion : Montalembert, chantre du catholicisme libéral, Péguy, éternel révolté contre l’inévitable détournement politique des élans mystiques, et Cavanaugh. Pour ce dernier l’Église en tant que communion objectrice de conscience, résistante à la peur, restauratrice de lien social, source d’initiatives alternatives, est en soi politique. Par excellence.
Jean-François Chemain
Pour une alternative catholique, de Jean-Noël Dumont, Cerf, 12017, 218 pages, 18 €.
© LA NEF n°296 Octobre 2017