Venus essentiellement de la massive hémorragie, à partir du VIIe siècle, des chrétientés orientales en proie, le plus souvent, aux hérésies pullulantes, les premiers succès de l’islam peuvent-ils, de nos jours, se répéter dans un Occident affligé d’une lourde déperdition identitaire et tétanisé par l’horrible perspective d’avoir des ennemis ? À cette inquiétude exprimée depuis longtemps déjà, on a répondu que l’histoire est surprenante et que, parmi les scénarios possibles, celui-ci mérite d’être considéré. Toutefois, quand François Billot de Lochner use du terme « islamisation », il veut parler de l’emprise grandissante d’un projet politique et d’un projet de société qui, sous couvert de religion, s’avère en conflit avec la culture, les traditions, la manière de vivre françaises, et non de l’adhésion éventuelle du peuple autochtone à la charia. Un tel projet, en tout cas, s’appuie sur de zélés propagandistes, sur des structures communautaristes bien approvisionnées en moyens financiers, sans oublier l’immanquable assistance de pouvoirs publics lâchement complaisants. Et ses résultats, nous voulons dire les signes du grave glissement en train de se produire, touchent des champs multiples (du vêtement à la nourriture, de l’école au travail et aux loisirs), auxquels s’est ajoutée la sortie de terre, durant ces quinze dernières années, d’un nombre important de mosquées. Alors, y aurait-il là, comme l’avance François Billot de Lochner dans l’ouvrage hardi, instructif, circonstancié que nous recommandons, une « conquête sournoise » de la France ? Quelques-uns le pensent et s’en émeuvent. Mais pour beaucoup d’autres, adeptes obstinés de la posture de l’autruche, on sait trop leur je-m’en-fichisme.
Michel Toda
Chronique de l’islamisation ordinaire de la France, de François Billot de Lochner, Pierre-Guillaume de Roux, 2017, 298 pages, 23 €.
© LA NEF n°299 Janvier 2018