Migrations anciennes et nouvelles en Europe, de Jean Étèvenaux

Aux premières décennies du XXe siècle, les bateaux, encore lents, permettaient de douter que le globe soit petit, notait Paul Morand en 1926. Et d’ajouter aussitôt : « Un jour prochain, on s’apercevra que les Compagnies de navigation nous ont trompés. Alors les Chinois et les nègres viendront nous disputer les bonnes terres ; il y aura une lutte de races pour les meilleurs climats… » C’était prophétiser le phénomène migratoire d’une ampleur et d’une hétérogénéité sans précédent auquel l’Europe se trouve exposée depuis déjà pas mal d’années et qui, à présent, dépasse toutes les cotes d’alerte.
Problème gravissime ? Que oui ! Jean Étèvenaux, acteur de la vie culturelle lyonnaise et qu’on ne saurait taxer d’extrémisme, en détaille les principaux aspects avec diligence, en quantifie (autant qu’il se peut) les effectifs, en spécifie les lieux de provenance. Malgré d’ambiguës « politiques de retour » pratiquées entre 1972 et 1977, le regroupement familial, la demande d’asile, la clandestinité (absorbée par des régularisations à tire-larigot) n’avaient cessé d’accroître, sur notre continent, la masse des nouveaux venus. Et celle-ci, quoique dès lors fort considérable, représentait, la suite nous l’a appris, une faible tête de colonne – comme la masse terriblement grossie d’aujourd’hui ne forme que la pointe avancée d’une prévisible submersion des Français et autres Européens de souche, cernés dans quelques zones réduites du pays de leurs ancêtres et enclins, doit-on craindre, à tous les abandons.
Ni invention d’intellectuel ni affabulation de propagandiste, le « Grand Remplacement » a d’ailleurs été érigé en concept officiel. Car, chose à savoir, la rhétorique onusienne le préconise d’une manière très claire (cf. le document de sa section des Affaires économiques et sociales, diffusé le 17 mars 2000) pour la France, l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni, victimes, au demeurant, et victimes consentantes, d’une Turquie experte en chantages et en insolences (laquelle, ayant d’abord laissé inonder l’Europe par des centaines de milliers d’individus en transit sur son territoire, menace à chaque instant de lui envoyer des contingents supplémentaires si elle ne se plie pas à ses caprices).
Question : pendant longtemps, la France, vaille que vaille, a reconduit obstinément l’échéance de sa ruine. Et maintenant ?

Michel Toda

Migrations anciennes et nouvelles en Europe, de Jean Étèvenaux, Saint-Léger Éditions, 2017, 272 pages, 17 €.

© LA NEF n°299 Janvier 2018