Seul État au monde à porter le nom d’une famille – les Séoud –, l’Arabie n’est pas très à l’aise avec l’identité nationale de ses populations, d’autant plus que la situation se complique avec les tribus qui composent son immense territoire. Mais, jusqu’à présent, la capacité du Royaume à garantir la paix sociale par la redistribution de la rente pétrolière a laissé de côté cette question qui pourrait s’avérer cruciale pour l’avenir, surtout si l’on y ajoute la complexité du système concernant la dévolution successorale. Telles sont quelques-unes des questions examinées avec minutie par l’auteur. Politologue et spécialiste des monarchies de la péninsule Arabique, Fatiha Dazi-Héni maîtrise parfaitement son sujet. Elle entraîne le lecteur francophone dans un univers qu’il connaît finalement très peu, tant est prégnante l’image obscurantiste appliquée à ce pays. L’absence de vie culturelle et les atteintes aux droits de l’homme y sont bien réelles, mais des signes d’évolution pointent pourtant à Riyad, notamment avec le plan Vision 2030 qui anticipe l’après-pétrole. En courts chapitres, l’auteur fait aussi le point sur le rapport conflictuel qui oppose l’Arabie à l’Iran et à ses satellites (Irak, Syrie, Hezbollah libanais, houthis yéménites), sur sa position relative à la question palestinienne, ses échanges avec Israël et ses liens avec les pays occidentaux, en particulier la France. Un ouvrage très utile pour mieux saisir la place de l’Arabie dans la géopolitique du Proche-Orient.
Annie Laurent
L’Arabie Saoudite en 100 questions, de Fatiha Dazi-Héni, Tallandier, 2017, 366 pages, 14,90 €.
© LA NEF n°300 Février 2018