Ce récit d’un voyage au Levant (Terre Sainte, Liban, Jordanie et Israël) effectué dans les années 60 pour Connaissance du monde n’a vieilli qu’en apparence : sûrement les recherches archéologiques ont avancé depuis presque 60 ans, les pèlerinages font partie du paysage palestinien et le pèlerin n’y est plus guère méprisé, les conditions politiques se sont modifiées avec le temps ! Mais qu’importe, la prodigieuse puissance d’évocation de Raspail fait tout le charme de ce petit livre ; avec bonheur nous plongeons dans les civilisations qui se sont succédé à Byblos, faisons ou refaisons connaissance avec ce sympathique peuple phénicien, admirons la gentillesse du « petit roi Hussein » de Jordanie, l’hospitalité des Bédouins, visitons la prestigieuse Petra et revivons l’épopée des croisades en rencontrant ce forban de Renaud de Châtillon (que l’auteur ne peut s’empêcher d’admirer un peu malgré sa crapulerie) et le si émouvant Baudouin IV, dit le Roi lépreux. À la suite de l’auteur, remontons un peu le temps jusqu’à la création de cet État d’Israël qui, dès l’origine, portait les germes des troubles que nous connaissons : deux peuples pour une même terre, cela ne peut pas marcher… hier comme aujourd’hui.
Marie-Dominique Germain
Terres saintes et profanes, de Jean Raspail, Via Romana, 2017, 150 pages, 19 €.
© LA NEF n°300 Février 2018