Film « La prière » © Le Pacte

La Prière / Ready Player One

LA PRIÈRE

Thomas, adolescent toxicomane, est conduit dans la montagne, vers une communauté catholique de jeunes laïcs qui ont connu la même dérive que lui et qui tâchent de s’en sortir, au prix de règles de vie strictes et exigeantes : pas de filles, pas de contact avec l’extérieur mais il faut fuir la solitude. Chacun a un « ange gardien » à ses côtés. Pour Thomas ce sera Pierre. Dans ce cadre rigoureux, la journée se passe tout entière entre des temps de travail et des temps de prière. Thomas vit bien les premiers jours. Mais rapidement il « pète un câble » et s’enfuit. Dans une ferme, une jeune fille le convainc de retourner dans la communauté. Cette fois c’est pour de bon. Comme les autres, Thomas se plie au rythme inflexible, prière, travail… Il y trouve sa vocation, du moins pense-t-il.
Réalisateur agnostique, Cédric Kahn surprend en imaginant – non sans sources réelles – une communauté catholique, qui évoque par endroits une secte mais se montre réellement chrétienne et profondément spirituelle. Les séances de prière pourraient être spectaculaires d’une façon ou d’une autre mais Kahn se contente de restituer ce qu’il a pu voir et, plutôt que d’inventer un contenu gestuel et oral, il fait simplement prononcer, en entier, les prières catholiques, « Je crois en Dieu », « Notre Père », « Je vous salue Marie », qui alternent avec les chants les plus priants de nos paroisses.
Dommage qu’une une inepte scène de sexe, jurant dans l’ensemble, tache ce très beau film.

READY PLAYER ONE

En 2045, le monde a piteuse allure. Comme ses voisins, Wade, un adolescent mal dans sa peau (Tye Sheridan), vit dans un empilement de mobiles homes. Dans cette existence morne, il en vit une autre passionnante, sur le site de l’Oasis, un univers virtuel d’une incroyable profusion, où se retrouvent tous les habitants. Là, sous l’aspect de son avatar, il peut vivre des aventures qui n’ont d’autre limite que son imagination. Ce monde fantastique a été créé par un génie mort sans descendance, qui a imaginé une chasse au trésor dans l’Oasis pour léguer son œuvre. Wade tente sa chance.
Le roman éponyme d’Ernest Cline, a été adapté par le légendaire Steven Spielberg. Un choix inespéré avoue l’écrivain. Clins d’œil : des personnages des films de Spielberg (comme le tyrannosaure de Jurassic Park) apparaissent dans les images, parmi des dizaines d’autres personnages qui forment ensemble une sorte de panthéon de la pop culture où tous les spectateurs geek vont prendre un bain enivrant de nostalgie de leur enfance.
Cet aspect est le meilleur du film. Celui de l’aventure proprement dite est ébouriffant dans les images mais deux éléments manquent : le suspense, étouffé avec l’impossibilité de mourir dans l’Oasis, et la présence d’un méchant consistant. Ben Mendelsohn est très expressif mais pas assez intimidant. Autre point perfectible : la face socio-philosophique de l’histoire qui cherche comment les richesses du monde virtuel pourraient bénéficier au monde réel. La réflexion tourne court et les nouveaux propriétaires ne trouvent qu’un pis-aller : fermer l’oasis deux jours par semaine !

François Maximin

© LA NEF n°302 Avril 2018