Cinéma Novembre 2018 & DVD

Le cœur de l’homme (15 novembre 2018)
La société Saje, qui est spécialisée dans la diffusion de films ayant un message chrétien, ou du moins une proximité avec la foi, a eu le sentiment d’une rencontre rare en découvrant Le cœur des hommes. Ce film d’Éric Esau, produit par des évangéliques américains, ne s’adresse pas qu’à eux mais est susceptible de toucher tout chrétien, catholique comme protestant, et bien au-delà. En revanche il ne s’adresse pas à tous les âges mais seulement aux adultes et grands adolescents. Car son sujet est la dépendance au sexe, que ce soit par la pornographie, l’addiction sexuelle, notamment homosexuelle, et la double vie de la tromperie. La grande réussite de ce film est d’avoir réussi à pénétrer dans cet univers, qui est pour ses sujets presque toujours celui de la honte, en parlant vrai mais sans jamais donner prise ni à la complaisance ni au défaitisme. On le regarde avec gravité mais sans tristesse, en pensant au grand nombre qu’il pourrait aider. Peut-être sauver.
Le film est un docu-fiction. Une partie documentaire est faite d’entretiens avec des personnes victimes du sexe, d’une façon ou d’une autre. Elles sont six en tout, dont une jeune femme, qui racontent leur descente aux enfers avec une vérité stupéfiante. Témoignant tous d’une foi conservée, même si douloureuse, ou plus souvent retrouvée, ils livrent une vérité universelle. Vérité que confirme, dans sa compétence, un étonnant psychiatre à crinière de gitan, lui-même ardemment chrétien ; et vérité qu’illustre de façon inspirée la partie fiction du film. C’est une fable dure mais lumineuse de l’amour miséricordieux du Père pour son fils éloigné.
Le système de diffusion retenu consiste à choisir un jour unique – le jeudi 15 novembre – pour la projection du film. Un seul jour pour toute la France, ce pourrait être dérisoire mais le film sera projeté dans 250 salles sur tout le territoire. Si les projections sont confirmées ce pourrait être 30 000 personnes qui le verraient en même temps, un très bon chiffre pour un film aussi atypique celui-là (1).

En liberté ! (31 octobre 2018)
Une jeune inspectrice de police (Adèle Haenel) découvre que son mari, tué en mission, n’était pas le super flic qu’elle croyait mais un minable ripou. Pour réparer ses bavures, elle va voir l’homme que son mari avait injustement jeté en prison : le malheureux (Pio Marmaï) est décidé à rattraper ses huit années sous les verrous. On ne voit pas beaucoup de comédies vraiment comiques. Pierre Salvadori est un des rares à savoir en faire. Une idée de scénario hautement improbable trouve son point d’appui dans des personnages finement dessinés et aux interprètes savoureux. Ni la psychologie ni les scènes d’action drôlement musclées ne manquent et l’on rit beaucoup sans savoir toujours de quoi tant l’histoire est déroutante.

François Maximin

(1) Rens/. : www.sajedistribution.com

 

Du côté des sorties DVD…

PIE XII SOUS LE CIEL DE ROME
Film de Christian Duguay avec James Cromwell,
Saje Distribution, 2018, 2 x 1h40, 19,50 €
Alors que Pie XII est si souvent calomnié pour son « silence » sur la Shoah, ce téléfilm italien rétablit la vérité pour montrer à la fois l’action concrète du pape en faveur des Juifs de Rome persécutés et son terrible dilemme : parler, avec les conséquences en termes de représailles, ou se taire – ou du moins parler de façon plus elliptique !
Ce film pose remarquablement le problème et d’une façon passionnante et intelligente : toute l’histoire alterne entre l’action de Pie XII et la vie de jeunes fiancés juifs menacés, si bien qu’il y a toute une dimension romanesque très bien traitée. Une vraie réussite, à voir et à faire voir.

THE HOLLOW CROWN
Saison 1 : Richard II, Henri IV, Henri V (504 mn)
Saison 2 : Henri VI (deux parties), Richard III (360 mn)
L’Atelier d’images, 2018, chaque coffret 29,99 €.
Est rassemblée ici la série de téléfilms de la BBC diffusés entre 2012 et 2016 qui adaptent au petit écran les cinq grandes pièces historiques de Shakespeare qui couvrent une période allant de 1377 à 1485. La première saison évoque principalement les querelles de la Cour d’Angleterre et la Guerre de Cent ans (1137-1453) ; la seconde fait référence à « la guerre des Deux-Roses », guerre civile opposant la maison d’York (rose blanche) à celle de Lancastre (rose rouge).
Ces films sont très fidèles aux pièces de Shakespeare, seuls certains passages ont été coupés ; la mise en scène est sobre mais efficace et tous les acteurs sont excellents, avec parmi eux quelques vedettes : Ben Whishaw (Richard II), Jeremy Irons (Henri IV), Benedict Cumberbatch (Richard III).
Des films d’une certaine exigence, mais l’effort est largement récompensé qui permet d’approcher l’œuvre d’un grand génie, les Anglais sachant tout particulièrement mettre en valeur leur patrimoine littéraire.

KINCSEM, Film de Gabor Herendi,
Koba Films, 2018, 1h55, 19,99 €
Cette production hongroise est basée sur l’histoire vraie d’un cheval de légende, Kincsem, qui remporta toutes les courses auxquelles il participa. L’histoire se passe en Hongrie dans les années 1870 et met en scène un jeune aristocrate, Ernö Blaskovich, chassé 25 ans plus tôt de son château par un officier autrichien qui tua lâchement son père. Kincsem, cheval réputé indomptable, est pour lui un moyen de se venger de l’assassin de son père qui est un proche de l’empereur François-Joseph (qui a ici un rôle peu reluisant). Seulement cet assassin a une fille, Klara, dont notre héros, invétéré coureur de jupons, tombe sérieusement amoureux, ce qui complique passablement sa tâche ! Sans être un chef-d’œuvre, c’est un film plaisant et bien mené réservé au minimum aux grands adolescents.

Patrick Kervinec

© LA NEF n°308 Novembre 2018