El Reino (17 avril 2019)
Manuel López-Vidal est un homme politique espagnol influent dans sa région. Alors qu’il doit entrer à la direction nationale de son parti, il se retrouve impliqué dans une affaire de corruption. Pris au piège, il plonge dans un engrenage infernal. Le réalisateur espagnol Rodrigo Sorogoyen et sa coscénariste Isabel Peña frappent encore un grand coup après le remarqué Que dios nos perdone (2017). Le personnage central, joué par Antonio de La Torre, n’inspire d’abord ni antipathie ni sympathie particulière. On voit seulement que c’est un technicien efficace de la vie politique. En privé, c’est un époux et père de famille estimable et l’affaire de corruption qui le rattrappe (des juteuses requalifications de terrains agricoles en terrains constructibles) ne le frappe pas directement, mais son ami. Il s’en sort chaque fois avec doigté et assurance, de sorte qu’on ne sait pas si on doit s’inquiéter pour lui ou s’agacer de son invincibilité. Mais le jeu où il se débat devient sans cesse plus resserré et quand il pense, à la fin, pouvoir abattre l’atout qui le fera triompher de ses adversaires, il tombe sur le plus redoutable d’entre eux, imprévisible : une simple animatrice de télévision qui le met en face, non du grand scandale qu’il affronte mais des petites irrégularités de toute nature, qu’il a accumulées. Cette scène morale, inattendue après l’impressionnante mécanique du thriller qui roulait jusque-là sans à-coups, est comme la note aiguë, unique, d’une flûte solo après les accords majestueux de l’orchestre. L’impression du film entier s’en trouve profondément transformée.
Le vent de la liberté (10 avril 2019)
En pleine guerre froide, deux familles ordinaires d’Allemagne de l’Est rêvent de passer à l’Ouest. Leur plan : construire une montgolfière et survoler la frontière. Passer en montgolfière la frontière entre l’Est et l’Ouest ferait déjà un formidable film de fiction. Mais si c’est une histoire bien réelle, c’est alors la matière d’un film extrêmement aventureux, plein de suspense et d’héroïsme, à soulever d’enthousiasme. L’histoire réunit deux jeunes pères de Famille qui se mettent à rêver devant une compétition américaine de montgolfières. Peter Strelzyk (joué par Friedrich Mücke) et Günter Wetzel (David Kross) unissent leurs talents pour confectionner l’enveloppe et le brûleur alimenté au gaz. Leurs familles se joignent à eux pour le vol mais ils échouent près de la frontière. Ils peuvent tirer les leçons pour renouveler l’expérience, mais maintenant la Stasi est au courant et les traque. Inutile de dire qu’on serre les fesses pour eux jusqu’au moment du décollage. Et encore pendant le vol. Le film n’a pas les atouts classiques qui le feraient remarquer des cinéphiles mais pour un public sans a priori il est un des plus beaux moments qu’on puisse vivre devant un écran, renouvelant en chacun les ressources de courage et de refus de la fatalité qu’il recèle.
François Maximin
DVD à signaler
VICTOR. DE L’OMBRE À LA LUMIÈRE
FILM DE BRANDON DICKERSON
avec Patrick Davis
Saje Distribution, 2019, 1h46, 19,99 €
Victor, jeune ado de Puerto Rico, débarque avec sa famille à Brooklyn au début des années 1960 pour chercher une vie meilleure. Celle-ci s’avère bien difficile et, avec un père au chômage, les difficultés financières deviennent vite inextricables. Pour aider sa famille, Victor se lance dans la revente de la drogue et devient lui-même accro. Une lente descente aux enfers dont ses parents essaient en vain de le sortir. Jusqu’au jour où la rencontre avec un jeune pasteur va changer leur vie.
Une histoire vraie et émouvante bien transcrite pour le cinéma, avec de bons acteurs et une ambiance rétro sur fond de musique rock des sixties. Si le thème est dur, l’histoire est traitée de telle façon que ce beau film puisse être vu en famille.
ÉPREUVES DE FOI Tome 1
Jean-Paul II / Mère Teresa / Saint Jude Thaddée
Saje Distribution, 2019, 2h24 (3 x 48 mn), 19,50 €
Voici une approche très originale qui, en trois épisodes, raconte les miracles réalisés en priant Jean-Paul II, Mère Teresa et saint Jude Thaddée. Il s’agit d’une série brésilienne contant des miracles survenus au Brésil avec des histoires touchantes comme celle de cette femme médecin ayant perdu la foi à la suite de la mort de son jeune fils et à qui le Saint-Siège demande d’examiner une guérison miraculeuse due à Jean-Paul II, la maladie concernée étant sa spécialité. L’esprit de cette série est fort sympathique, on y apprend des choses peu connues, mais la réalisation, trop convenue, n’est cependant pas tout à fait à la hauteur.
Patrick Kervinec
© LA NEF n°313 Avril 2019