Varsovie © Maksym Kozlenko-Commons.wikimedia.org

Pour l’honneur de la Pologne

La Pologne, depuis l’arrivée du parti PiS au pouvoir en 2015, a été particulièrement stigmatisée par la gauche libérale d’Europe occidentale. La dictature y régnerait, on y détruirait la démocratie, on y supprimerait l’indépendance de la justice, la liberté de la presse y serait menacée, les minorités (sexuelles notamment) persécutées et l’antisémitisme et la xénophobie y seraient largement répandus. Un tel tableau n’est pas seulement l’œuvre de quelques journalistes occidentaux, mais également de représentants d’une partie de la presse polonaise.
Cependant, les faits contredisent ces allégations. En Pologne, ont lieu des élections dont la régularité n’est pas contestée. Le gouvernement et le président bénéficient d’un large soutien populaire. De nombreuses manifestations, marches et protestations font partie du quotidien. La plupart mettent en cause le gouvernement, ce qui n’empêche pas qu’elles soient protégées par la police polonaise.
Les médias indépendants sont-ils menacés ? À l’inverse de ce que dit l’opposition, les médias, en Pologne (presse, télévision, internet), qui devraient logiquement être polonais, ne le sont pas (1). Seuls quelques magazines sont la propriété de Polonais. La majorité des médias attaque le gouvernement sans aucune retenue, et elle le fait librement sans rencontrer d’entrave.
La Pologne est-elle un pays antisémite, xénophobe et intolérant ? Il suffit de considérer le nombre de pays d’Europe où les synagogues et les écoles juives sont protégées par la police pour assurer leur sécurité. En Pologne c’est totalement inutile. Notre pays, ces dernières années, a accueilli environ 1,5 million de réfugiés en provenance de l’Ukraine en guerre. Les jeunes Français venus en 2016 à Cracovie pour les JMJ peuvent témoigner de l’ambiance régnant ici. Interrogés par les journalistes, ils ont insisté sur l’atmosphère de liberté, mais aussi sur la bienveillance et l’hospitalité des Polonais.

Jan L. Franczyk

Pourquoi viser la Pologne ?
D’où viennent donc ces tentatives consistant à discréditer la Pologne et les Polonais ?
Il semble que cela tienne aux Polonais eux-mêmes. À leur caractère, à leur attachement aux trois valeurs suivantes : Dieu, Honneur et Patrie. Ces trois mots expriment la hiérarchie des valeurs qui ont guidé et guident toujours la majorité des Polonais selon l’interprétation suivante : tout pour la patrie, certes, mais viennent d’abord l’amour de Dieu puis l’Honneur. C’est pourquoi les Polonais n’ont jamais plié le genou devant les envahisseurs qui ont effacé, pendant plus de cent ans, la Pologne de la carte de l’Europe. Les Polonais ne se sont agenouillés que devant Dieu.
Pour la préservation de l’identité polonaise, l’Église a toujours joué un rôle essentiel. C’est grâce à la divine Providence que les Polonais ont eu, par ces temps difficiles, de remarquables pasteurs. La grande majorité des Polonais est profondément attachée à la tradition, à Dieu et à sa Mère. C’est dans l’Église qu’elle cherche et trouve, non seulement ses pasteurs, mais aussi ses défenseurs.
C’est cet attachement à la tradition, à l’Église, à la famille traditionnelle, au respect de la vie humaine, de la conception jusqu’à la mort naturelle… qui suscite le déchaînement de haine de ceux qui voudraient que le christianisme soit détruit, ou tout au moins cantonné dans les sacristies.
Ainsi, l’archevêque métropolitain de Cracovie, Mgr Marek Jedraszewski, a été attaqué début août, lorsqu’après une série de marches profanatoires des propagandistes de l’idéologie LGBT, il s’est clairement exprimé au sujet de cette idéologie, en la considérant comme une idéologie totalitaire, à la suite de celles des siècles derniers.
La Pologne se trouve être, aujourd’hui, un signe de contradiction face à la culture postmoderne et à la dictature du relativisme. Car les Polonais se souviennent des paroles de saint Jean-Paul II, prononcées le 26 mars 1981 : « Sachez appeler péché, un péché, et non pas “émancipation” ou “progrès”. »
En Europe se déroule une lutte qui n’est pas tant de nature politique ou économique que spirituelle – c’est la lutte avec les forces des ténèbres, la lutte opposant la culture de mort à la culture de vie. C’est ici que se trouve la raison essentielle des attaques portées contre la Pologne, et la vision chrétienne de l’homme et de la société.

Jan L. Franczyk
(Traduction Thaddée Grzesiak)

(1) La télévision est pour 70 % dans des mains étrangères, les radios écoutées sont pour 60 % étrangères, 90 % des journaux régionaux sont la propriété du groupe Pologne-Presse dont le capital est allemand (consortium Verlagsgruppe Passau), etc.

Jan L. Franczyk, adjoint au doyen de l’Université de pédagogie de Cracovie, appartient à la Commission de l’Éducation nationale. Membre de Solidarité, emprisonné après l’état de siège de 1981, il rédigeait le bulletin clandestin Krzyz Nowohucki / La croix de Nowa Huta. Il est également rédacteur en chef de l’hebdomadaire Glos – Tygodnik Nowohucki / La Voix hebdomadaire de Nowa Huta.

© LA NEF n°318 Octobre 2019