DVD pour temps de confinement

LES ÉBLOUIS
Film de SARAH SUCO

Pyramide Vidéo, 2020, 1h39, 19,99 €
Frédéric et Christine Lourmel (Éric Caravaca et Camille Cottin), avec leurs quatre enfants, forment un couple un peu perdu, loin de la pratique religieuse. À Angoulême, ils découvrent une communauté charismatique qui redonne un sens à leur vie. Ils s’en approchent de plus en plus au point de rentrer dans cette « communauté de vie » où quelques familles cohabitent avec des religieux et religieuses sous la direction d’un berger (Jean-Pierre Darroussin), lui-même curé de paroisse. Assez vite, Camille, leur fille aînée de 14 ans (Céleste Brunnquell), à qui l’on interdit ses anciennes activités, comprend qu’il s’agit d’une secte avec un embrigadement et une forte emprise spirituelle sur ses parents qui ne jurent que par le berger. Le film raconte avec force et émotion comment Camille se bat pour sortir ses frères et sœurs de cet enfer. Il est servi par une interprétation remarquable d’où émerge la belle figure de la jeune Camille, bouleversante de vérité. C’est un film fort et émouvant, mais dur et à réserver aux adultes avertis.
Cette histoire vraie est celle vécue par la réalisatrice Sarah Suco (38 ans). Il ne s’agit pas d’un film anti-chrétien, mais d’une dénonciation justifiée d’une certaine dérive sectaire qui a réellement existé dans certaines communautés charismatiques, surtout les « communautés de vie ». L’un des bémols que l’on peut adresser au film est que l’on se demande ce qui attire les Lourmel dans cette secte, tant il est clair d’emblée que l’on a affaire à des fous ! Mais cela montre peut-être comment des personnes fragiles et déstabilisées peuvent se laisser entraîner et subir un ascendant qui leur ôte toute défense face à l’emprise d’un gourou, ici particulièrement odieux. Ce film pose la question de la légitimité des « communautés de vie » dans l’Église, celles-ci semblant peu naturelles pour une famille et l’on est effaré de constater que le diocèse (le berger étant curé d’une importante paroisse d’Angoulême) n’ait pas exercé un contrôle suivi d’une telle communauté ! On peut espérer que, depuis l’institution en 2015 de la « Cellule contre les dérives sectaires dans l’Église catholique », de telles dérives soient devenues impossibles !

Christophe Geffroy

LE JEUNE MESSIE
Film de CYRUS NOWRASTEH

Saje Distribution, 2020, 1h46, 19,99 €
L’histoire narre le retour d’Égypte de la Sainte Famille et ses premiers temps à Nazareth. Si l’on fait abstraction du fait que le scénario met en scène un Jésus de sept ans qui ne sait pas qui il est et cherche à le savoir, et que Hérode Antipas – il vient de succéder à Hérode le Grand – imite son père et veut achever le « massacre des innocents » en tuant le jeune Messie, et cela en donnant des ordres aux soldats romains, donc si l’on fait abstraction de ces deux erreurs théologique et historique, le film est de bonne facture, bien réalisé, avec des moyens honorables dans un cadre magnifique et de bons acteurs, dont le célèbre Sean Bean dans le rôle du centurion romain chargé d’assassiner Jésus. La figure de saint Joseph, présenté comme le chef assumé de la Sainte Famille, est particulièrement réussie, alors que la Sainte Vierge apparaît en contraste assez effacée.

Patrick Kervinec

LES VÉTOS
Film de JULIE MANOUKIAN avec Clovis Cornillac et Noémie Schmidt

UGC, 1h32, 14,99 € sortie DVD le 6 mai 2020
Dans le cœur du Morvan, Nico et Michel sont les seuls vétérinaires associés dans un cabinet qui tourne sans arrêt. Or, voilà que Michel annonce son départ en retraite et appelle sa nièce, Alexandra, tout juste diplômée, et n’ayant pas été prévenue de la raison de sa venue urgente. La Parisienne, qui ne songe d’abord qu’à partir et quitter ce « trou paumé » retrouve peu à peu les repères de son enfance. Film sympathique et plaisant au message qui l’est tout autant : montrer l’importance de ces campagnes trop souvent abandonnées où il fait finalement bon vivre. Seule petite critique qui ne doit pas empêcher de voir ce film agréable : l’absence de surprise et de rebondissement dans un scénario trop prévisible.

P.K.

BREAKTHROUGH
Film de ROXANN DAWSON

Saje Distribution, 2019, 1h56, 19,99 €
John, le fils adoptif de Brian et Joyce Smith, joue avec des camarades sur un lac gelé dans l’État du Missouri, lorsque la glace se brise soudainement, emportant John dans les eaux glacées. Resté vingt minutes sous l’eau le temps que les secours le retrouvent miraculeusement, il est transporté, quasiment mort, à l’hôpital. Son état ne laisse aucun espoir ; sa mère, cependant, ne croit pas à la mort de son fils et remue ciel et terre pour que tout soit fait pour le sauver. Sa prière et celle de toute sa communauté parviennent à obtenir le miracle tant souhaité.
Basé sur une histoire vraie qui s’est produite en 2015, ce film faith based réalisé par les évangéliques américains se situe dans la bonne moyenne de leur production : sans pathos exagéré, il tient le spectateur en haleine par une mise en scène efficace et d’excellents acteurs. Il contribue aussi à nous faire mieux connaître ce monde des évangéliques, à la foi certes si émotionnelle (et avec d’horribles « liturgies » de pop louange), mais une foi cependant exemplaire à bien des égards qui pousse ces chrétiens à une belle solidarité face au drame.

C.G.

© LA NEF n°324-325 Avril-Mai 2020