Benni (22 juin)
Benni, 9 ans, est une enfant caractérielle, enfermée dans sa violence. Elle n’aspire qu’à retrouver l’amour maternel que sa mère, fragile, ne sait pas lui donner. Les services sociaux la prennent en charge et, de foyer en foyer, son assistante sociale et son éducateur tenteront tout pour calmer ses blessures et l’aider à s’intégrer.
Nora Fingscheidt, la réalisatrice de ce film allemand, explique en avoir choisi le thème par rapport à sa propre enfance de sauvageonne. Mais elle ne s’est pas crue pour cela spécialiste des « caractères forts » et a mené une enquête approfondie auprès des enfants et des services sociaux, de sorte que le portrait de Benni a une grande force de vérité. L’actrice qui lui prête vie, Helena Zengel, parait si proche de son personnage qu’on la croirait elle-même caractérielle. Après ce film (son deuxième), qui a connu un succès exceptionnel dans son pays (600 000 entrées dès les premiers jours), sa carrière ne risque pas de s’arrêter ! Après avoir suivi Benni dans divers foyers, selon un procédé narratif haché et répétitif, reflet de sa vie intérieure brouillonne, on voit finalement arriver Michael, un éducateur doué d’une force et d’une finesse qui feront découvrir à Benni la paix. Pour un temps. La fin ne permet pas de dire si cela sera définitif mais les images font penser qu’elle s’en sort par le haut. Heureuse, enfin, Benni, qui nous rend heureux avec elle.
L’amour à la ville (22 juin)
L’amour à la ville est la réédition d’un film italien de 1953 qui paraît tout à fait d’actualité à l’époque du Me Too. C’est un film à sketchs comme les Italiens en ont porté le genre à un point de perfection. Six sketchs – six courts métrages – sont ici mis en scène par des réalisateurs souvent prestigieux. Aux côtés des moins connus Lizzani et Maselli, on trouve en effet Zavattini, Lattuada, Antonioni et Fellini. Le ton des histoires varie mais l’impression d’ensemble est celle de la compassion pour les femmes, victimes moins de certains abuseurs que du système social général qui ne leur fait pas la partie belle. Le film marque un sommet du néoréalisme, proche de son terme. À ce titre les décors extérieurs, ceux d’une Italie loin encore d’avoir achevé sa reconstruction, sont ternes et sales, loin du glamour que le titre suggère. Mais il s’agit moins d’amour que des différentes relations que peuvent avoir hommes et femmes, tirées de faits vécus.
L’Amour qu’on paie, de Lizzani, dénonce la prostitution ; Tentative de suicide, d’Antonioni, recueille les témoignages éloquents de rescapées ; Une agence matrimoniale, de Fellini, est la seule comédie de l’ensemble, acide et géniale ; Les Italiens se retournent, de Lattuada, brocarde le voyeurisme de rue ; L’Histoire de Catherine, de Maselli et Zavattini, est un drame déchirant de l’abandon d’enfant ; Le Bal du samedi soir, de Dino Risi est un regard amusé sur un bal populaire. L’ensemble est plus qu’une rhapsodie, un grand film qui marque durablement.
François Maximin
© LA NEF n°327 Juillet-Août 2020