Enceinte de mon premier enfant, la maternité évoquait essentiellement pour moi la joie de transmettre la vie, le bonheur de fonder une famille.
Rapidement, mon travail d’infirmière m’a confrontée à une autre réalité.
Une jeune femme enceinte de cinq mois est arrivée dans mon service pour menace d’accouchement prématuré. Très vite, elle mit au monde un enfant sans visage. En accord avec les parents, le médecin a décidé de ne pas le transférer en service de néonatologie mais de le laisser mourir (seul, sans aucun soin ni réconfort).
Je n’ai appris que plus tard que cette femme avait, en début de grossesse, demandé une IVG par aspiration. L’enfant sans visage était un deuxième fœtus qui n’avait pas été détecté et avait survécu à son frère.
L’image de cet enfant mourant seul sur une paillasse est restée gravée dans ma mémoire. J’étais impuissante à lui venir en aide, à le soulager, je n’ai pas eu le réflexe de le baptiser. Aujourd’hui encore, je garde au fond de moi une forme de culpabilité.
La perte de mon cinquième enfant m’a, quelques années plus tard, rappelé combien la maternité pouvait être source de douleur, de blessures, de culpabilité. Elle m’a rappelé combien cette souffrance est profonde, particulière et intime au cœur de la femme. Combien aussi elle est difficile et délicate à partager et à soulager.
Bien plus tard, une amie m’a parlé d’une association œuvrant notamment à l’accompagnement des femmes blessées dans leur maternité.
Je suis devenue « écoutante » à Mère de Miséricorde. Au fil des conversations, J’ai réalisé combien la grossesse pouvait être source de détresse, de peur, de questionnements, d’incertitudes. Combien l’avortement était fréquemment perçu comme une solution, mais une solution déchirante, littéralement « inhumaine ». Combien une femme enceinte pouvait se retrouver désespérément seule, et abandonnée lorsque l’arrivée d’un enfant non voulu faisait exploser sa belle histoire d’amour. J’ai appris qu’un avortement n’entraînait pas seulement la fin de vie d’un fœtus, mais pesait d’un poids énorme sur la vie de la maman.
J’ai aussi appris combien l’écoute doit être respectueuse, d’une infinie délicatesse et dénuée de tout jugement envers la personne.
J’ai vu, d’une blessure profonde, naître de très jolies fleurs. J’ai compris qu’il était possible de se relever après un avortement. J’ai vu de belles solidarités permettre à des mamans de faire face et de garder leur enfant. J’ai recueilli des témoignages bouleversants d’amour et de courage.
J’ai surtout touché du doigt l’importance et la puissance du jeûne et de la prière.
En effet, l’originalité et la force de l’association Mère de Miséricorde réside dans le fait qu’elle ne s’appuie pas seulement sur l’écoute, la compassion et l’accompagnement humain. Lorsqu’une vie est menacée, une chaîne de jeûne et de prière se met en place pour soutenir l’action des « écoutantes ». Je peux témoigner que le jeûne et la prière sont redoutablement efficaces et qu’il se passe des choses merveilleuses dans le cœur et la vie des mamans qui se confient à l’association.
Au-delà de l’accompagnement par l’écoute, le jeûne et la prière, l’association organise une à deux fois par an des sessions « stabat » destinées aux femmes (mais aussi aux hommes dont il ne faut pas négliger l’importance ni la souffrance) ayant connu des blessures liées à l’enfant « non né ».
C’est une session qui permet de prendre du recul et de la hauteur, alliant temps de formation, prière, veillées, messe, adoration. En cinq jours, la personne suivie par un accompagnateur formé, va se libérer du poids de sa souffrance et de sa culpabilité pour repartir apaisée, réconciliée avec elle-même et avec Dieu. Le chemin parcouru en cinq jours est impressionnant.
Mère de Miséricorde, propose également des « chemins de consolation » qui donnent vie à ce lien très particulier et très fort qui unit les parents à leur enfant non né. Plusieurs sanctuaires en France (la Sainte-Baume, Montligeon, La Garenne-Colombe), accueillent cette initiative. Après avoir parcouru les différentes étapes de ce chemin, les parents qui le souhaitent, accompagnés par un prêtre, sont invités à donner un prénom à leur enfant et à apposer une plaque gravée, matérialisant ce lien d’amour et de mémoire. Là aussi, il est impressionnant de voir combien cette démarche peut être libératrice et pacifiante.
Au cœur de la souffrance humaine, Dieu est présent et Il agit.
Mère de Miséricorde est un des révélateurs de cette Présence agissante.
Véronique Quilton
Besoin d’aide : 08 00 74 69 66 / contact@meredemisericorde.org / https://www.meredemisericorde.org