Ordinations à Toulon le 19 septembre 2020 © Antoine Bordier

Dernières ordinations dans le Var !

Alors que l’on parle d’une seconde vague pour la Covid-19, dans le diocèse de Fréjus-Toulon la dernière vague des ordinations a eu lieu le samedi 19 septembre. En tout, Mgr Dominique Rey, qui fêtait, aussi, ses vingt années d’ordination épiscopale, aura ordonné 9 nouveaux prêtres et 7 nouveaux diacres. Zoom sur cette seconde vague.

Les séminaristes de La Castille s’activent pour terminer les préparatifs, et, faire que la Messe des ordinations de 9h30, qui aura lieu sous la grande tente blanche, soit une réussite. La tente peut contenir 500 personnes, au lieu des 2000 habituels. 500, ni plus ni moins, en fonction des mesures restrictives liées au Covid-19. Les futurs ordonnés tout de blanc vêtu, avec leur étole de diacre, pour les futurs prêtres, sont recueillis et joyeux. Aux pieds des grands platanes, qui bordent l’allée centrale du château de La Castille, ils ressemblent à des anges. Quelques mois plus tôt, au mois de juin, la première vague des ordinations comprenait deux prêtres et deux diacres. Ils étaient les précurseurs. Les prochains viennent des 4 continents : Afrique, Amérique, Asie, Europe. Un vent international souffle sur le Var, sur ce diocèse atypique, qui, depuis les années de Mgr Joseph Madec, et, les vingt années, qui viennent de s’écouler, de Mgr Rey, a inversé la tendance baissière des vocations sacerdotales. Ici, l’Église universelle est une réalité humaine, qui aurait vocation à se répandre sur toute la France. Leur point commun à tous ces futurs ordonnés : ils ont été formés au séminaire de La Castille de l’Immaculée Conception, pour le plus grand nombre. Un séminariste, Mario, a été formé au séminaire missionnaire Redemptoris Mater, qui se situe à La Seyne-sur-Mer. Devant la grande tente blanche, Françoise vient d’arriver. C’est une habituée de ces ordinations depuis une quarantaine d’années. Elle a connu Mgr Madec : « Je suis heureuse de pouvoir assister à ces ordinations. Je me rappelle celles du temps de Mgr Madec. C’était, déjà, une grande joie. Lorsqu’il a ouvert le séminaire de La Castille, tout le monde disait qu’il était fou. Je peux dire qu’il a eu raison. Et, avec Mgr Rey, il y a eu une continuité et un développement très important. Notre diocèse a besoin de prêtres, comme les autres. Il y a urgence. »

« Le prêtre, comme le Christ, célèbre le dernier repas »

Il est 9h30, les servants d’autel avancent suivis par les futurs ordonnés, et, la centaine de prêtres, qui ont fait le déplacement. La célébration est lancée avec le chant d’ouverture, qui résume à lui seul l’enjeu : « Prêtres du Seigneur, messagers de la Bonne Nouvelle, vous bâtissez l’Église du Christ… ».

Alexis (d’Anyama, en Côte d’Ivoire), Jacques (de Solesmes), Mario (de Ciudad del Este, au Paraguay), Gabriele (de Palerme, en Italie), Jesus David (de Valera, au Venezuela), Simon (de la Martinique), Jorge Luis (d’Hobo en Colombie), Leonardo (de Natal, au Brésil), Pierre-Edouard (d’Arcachon), Joachim (d’Ho-Chi-Minh, au Vietnam), Juan Alfredo (de La Romana, en République Dominicaine), Felipe (de Sao Paulo, au Brésil), prennent place devant l’autel. Dans son homélie, Mgr Rey parlera beaucoup de cet « autel ». Avant d’officier les rites des ordinations, il a, semble-t-il, voulu marquer le coup, en répétant plusieurs fois ce mot. Comme si la vie du nouveau prêtre y était greffée. « L’autel dans la vie de l’Ancien et du Nouveau Testament, dans la vie de l’Église, signifie la présence de Dieu. La Bible s’achève par un repas : celui de la Cène. Ils sont 12 autour du Christ, comme vous aujourd’hui. L’autel, c’est le dernier repas, c’est le lieu du partage, du service. Le prêtre, comme le Christ, célèbre le denier repas. C’est, aussi, un appel à toute la communauté ecclésiale, afin qu’elle y prenne place. Que la communauté devienne une vraie famille, un seul et même corps. L’Eucharistie qui est célébrée par le prêtre sur l’autel permet cette communion. L’Eucharistie est le sacrement de cette communion. L’autel, n’est pas simplement une table-sacrée. C’est le lieu du sacrifice, du Vendredi Saint. Avec le Christ qui s’offre, le prêtre est là pour épouser toute la croix. Il reçoit, vit et transmet ce sacrifice aux hommes. La croix est pour nous une souffrance. Mais, c’est, aussi, un lieu d’engendrement. Le tombeau où est enfermé le Christ, par Sa Résurrection, devient le berceau de la vie éternelle. Il n’y en a pas d’autre. L’autel, la croix, le tombeau sont des lieux d’espérance. Par Sa Miséricorde, par votre ordination, le Christ vous envoie pour sanctifier le monde. »

Premières bénédictions

Mgr Rey appelle tous les ordinands. Ceux-ci s’avancent et s’allongent face contre terre au pied de l’autel. Puis, un par un, en commençant par les diacres, il monte les quelques marches, et, s’agenouillent devant l’autel. Sous la grande tente, un silence divin règne. L’évêque leur impose, alors, les mains. Les diacres reçoivent l’évangéliaire. Puis, c’est au tour des futurs prêtres de s’avancer. Leurs mains sont ointes du Saint-Chrême, et, ils reçoivent le calice et le ciboire du saint sacrifice. Le rite d’ordination, c’est aussi la vêture des vêtements diaconaux et sacerdotaux. La cérémonie se termine vers midi. Dehors, sur la grande prairie, aux pieds des grands platanes qui la délimite, les nouveaux prêtres bénissent un par un, et, pour la première fois, des fidèles, qui font la queue, comme le veut la tradition. La joie se lie sur leur masque. Le vent de midi apporte sa fraîcheur sur La Castille, alors que le soleil perce à travers les nuages. L’année prochaine, ils seront au moins sept à devenir « comme le Christ ».

Textes et photos réalisés par Antoine BORDIER

LA NEF le 28 septembre 2020