Patrice Martineau © DR

Patrice Martineau : chanter libre et sans peur

Il avait chanté « Les joies du Paradis », « L’enfant de Mongolie », « Le Liban », « L’épopée de Jehanne » ou encore « La vie de famille ». Patrice Martineau revient aujourd’hui avec un neuvième album solo, engagé et percutant : « Réfractaire ! » C’est ainsi que s’intitule ce nouveau disque qui interroge sur la comédie humaine, l’air du temps, les migrants, la pandémie, la souveraineté, la bioéthique, la vocation de la France… C’est pendant le premier confinement qu’il s’est remis à écrire. « Quand on étouffe, on a envie de pousser des cris », confie-t-il. On retrouve dans ses chansons un fond de mélancolie, comme une complainte, la tristesse d’un monde qui meurt. Mais sa musique, sautillante et joyeuse, apporte à cet ensemble une candeur pleine d’espérance… malgré tout. En 35 ans de carrière, Patrice Martineau n’a jamais craint de dénoncer les dérives de son temps et de défendre ce qui lui apparaissait comme essentiel : la foi, la vie, la famille, l’histoire, la mémoire… Du sang de révolté coule dans ses veines et la soumission à un système de plus en plus sclérosé lui est devenue insupportable. « Nos pères ont donné leurs vies pour la liberté et, nous, nous nous taisons, constate-t-il amèrement. Le mensonge est partout, nous avons peur de la vérité, nous avons peur des mots, nous avons peur des gens, nous n’osons plus rien dire. » Cette loi du silence est acceptée lentement, intégrée progressivement, par tous les pans de la société. Les libertaires d’hier se taisent, les artistes s’y complaisent et les catholiques courbent l’échine, se résignent.
Dans sa chanson « Y’a plus de grenouilles dans le bénitier », c’est justement à l’Église et à ses pasteurs que Patrice a décidé de s’adresser : « Les partis récupèrent les grands-messes / Les dealers s’occupent de la jeunesse / Et vos ouailles courent chez les bouddhistes / Les sectes, les musulmans, les j’m’enfoutistes / Messieurs les clercs, n’soyez pas étonnés / Qu’il n’y ait plus de grenouille dans le bénitier. » Un ton plutôt inattendu que le chanteur de 68 ans a tenu à expliquer : « Cette chanson est une révolte d’amour pour l’Église. Trop de prêtres se sont laissés emporter par l’esprit du temps au lieu de se tourner vers l’Éternité. La beauté liturgique est en panne et le sacré a disparu de très nombreuses paroisses. » Selon lui, cette situation est grave « parce que c’est justement en se nourrissant de beauté et de sacré, qu’on trouve la force pour affronter les difficultés du monde ». La France en a terriblement besoin.
Cet album « s’inscrit dans la veine et l’esprit de mes ancêtres les Vendéens de 93, tout comme le pamphlet sur les Gaulois réfractaires de Philippe de Villiers qui m’a amicalement préfacé ce disque », explique-t-il. C’est un appel au sursaut des consciences endormies. « Sans l’espérance, sans le Christ, le monde se perd, répète-t-il. Notre monde a besoin de Vérité pour se libérer. » Et si ces grands troubles, que traversent aujourd’hui nos sociétés occidentales, étaient une occasion de purification, une grâce offerte pour nous réveiller de notre torpeur et nous tourner définitivement vers le seul vrai Bien qui peut combler les cœurs et les esprits ?

Marine Tertrais

Patrice Martineau, « Réfractai­re ! », préface de Philippe de Villiers, CD Rejoyce, 2020, 35 mn, 16 €. Site : https://martineaupatrice.wixsite.com/officiel

© LA NEF n°333 Février 2021