Les youtubeurs de droite, des combattants culturels ?

Valek, Papacito, Raptor, Lapin du Futur, Sanglier sympa, El Rayhan, Bruno le salé, Adrien Abauzit, Julien Rochedy… Ces noms ne vous évoquent rien ? Ils forment une partie de ces youtubeurs catégorisés à droite qui peuplent Youtube. Territoire de gauche, cette plateforme a vu se développer, avec l’apparition du Raptor Dissident en 2015, une vraie brèche pour les idées patriotes. Leur visibilité grandissante en fait pâlir beaucoup, avec des vidéos obtenant parfois plus de 4 millions de vues. Revendiquant une pensée « youtubeusement » incorrecte, ils abordent des sujets trop souvent traités par un seul prisme politique, comme l’immigration, le féminisme, l’histoire, les élections…

Youtube devenant de plus en plus stricte, ces créateurs doivent s’appuyer sur des statistiques et une solide communauté pour avoir de la visibilité. La tâche est difficile quand on sait à quel point la politique de censure de la plateforme est intraitable. En plus d’un environnement défavorable, la plupart d’entre eux se lancent sans soutien matériel ou monétaire. Allant vers des sujets polémiques, chacune de leurs vidéos demande des vérifications profondes pour ne pas risquer la censure, le procès ou les attaques des SJW, (Social Justice Warrior), ces personnes défendant souvent violemment des causes sociales progressistes (féminisme, multiculturalisme). D’autant que beaucoup avancent sans anonymat. Cependant, cela ne les empêche pas d’avoir plus de 900 000 (Lapin du Futur) voir 15 (Valek) ou 37 millions de vues (Raptor) au total sur leurs chaînes. Une audience massive.

On observe 2 courants distincts dans cette « droitosphère ». Tout d’abord ceux que l’on appellera les rabatteurs. Humour, franc-parler, identité et vidéos dynamiques sont leurs outils de prédilections. Accessibles aux plus jeunes, ils font des sujets généraux pour une première réflexion. Dans la vidéo « 2H DE COLLE » avec 162 000 vues, Papacito évoque ce phénomène : « On est suivis beaucoup par des jeunes assommés par le gauchisme, on représente un contre-pouvoir de masse qui est mainstream. C’est devenu une insulte à droite de faire du mainstream… Non au contraire, le mainstream (…) c’est un contre-pouvoir immédiat à la doxa de l’Education National, à la publicité et au divertissement. »

De nombreux témoignages montrent cette influence sur les jeunes. Dylan décrit : « J’avais découvert Valek Noraj à mes 15 ans et n’avais aucune conscience politique, c’était juste drôle. Puis j’ai découvert Raptor et Papacito dans les émissions le rdv dissident. À force d’écouter leurs visions, je me suis mis à vouloir me former physiquement et intellectuellement. Je me suis mis au sport, j’ai pris confiance en moi et j’ai commencé à beaucoup lire. » Une première approche de la politique, de l’actualité qu’ils ne trouvent pas ailleurs. Quentin partage son expérience : « J’ai d’abord flirté avec le milieu marxiste et stalinien, étant passionné par le monde communiste et venant d’un milieu populaire. La réalité m’a vite rattrapé. J’ai commencé avec Raptor vers mes 16 ans. Il était en train de buzzer et ces vidéos m’ont paru très pertinentes car elles répondaient à mes attentes, celle d’adolescent en pleine remise en question politique. » Vu le poids des écrans sur notre société, ces youtubeurs font un travail indispensable d’éveil politique de masse par l’humour.« On nous traite de « guignols » continue Papacito, « mais des mecs qui font des vidéos à 10 000 vus, les gens qui les regardent sont déjà de leur avis, ce ne sont pas des gens qui convertissent (…). Dans le combat de retour à la France, il ne faut pas négliger certaines forces »

Ces « mecs » sont la deuxième catégorie, avec des sujets plus précis, plus profonds, avec qui les jeunes peuvent creuser leur pensée. « Jai été de gauche jusqu’à l’année dernière », nous dit Lucas, « Je croyais sur parole les médias conventionnels. Le Raptor et les vidéos de ce style m’ont ouvert l’esprit en me poussant à chercher des arguments plus poussés de la part d’intellectuels. » Ainsi, certains se tournent vers les vidéos de Julien Rochedy ou Adrien Abauzit.

Un monde numérique où il est difficile de différencier celui qui s’arrête au divertissement et celui qui continue d’avancer. Mais à n’en pas douter, ces youtubeurs de droite sont la contre-culture internet indispensable au combat culturel de la droite.

Maryse Venard

© LA NEF le 9 mars 2021, exclusivité internet