Lettre ouverte au clergé de France et au peuple de Dieu

Peut-on « pirater » impunément « le logiciel de la vie »[1] ?

TRIBUNE

Il n’est jamais évident d’apercevoir les changements de paradigme sur notre perception du vivant tant notre conscience vit dans le monde de ce temps, influencée par différents schémas et transgressions déjà opérées. On s’est déjà en quelque sorte accommodé à accepter l’avortement et le divorce malgré leur gravité : peut-être ne voyons-nous plus aussi clairement qu’il y a dix ans les effets sociétaux du mariage civil homosexuel. Pourtant, c’est bien un changement de paradigme qui est en train d’être opéré sous nos yeux à travers le vaccin à ARNm car ce qui est en jeu dépasse la transgression de lois macroscopiques liées à la nature humaine mais concerne des lois microscopiques qui sont au fondement de tout vivant. C’est bien un nouveau champ d’éthique qui apparaît à travers la réflexion sur les effets métaphysiques du vaccin à ARNm, celui de l’éthique de la cellule elle-même, qu’on pourrait ainsi dénommer éthique cellulaire. Or la cellule est à l’intersection entre le spirituel et la matière, la cellule est ce qui apparaît à la fois comme animé et source des différentes fonctions du vivant. Toucher à la cellule dans son fonctionnement intime, c’est nécessairement induire une nouvelle perception du vivant. Or jamais avant l’apparition des vaccins à ARNm on avait transgressé autant les lois multi millénaires du fonctionnement de la cellule. En nous attardant sur l’aspect métaphysique des choses, nous espérons pouvoir ainsi alerter particulièrement nos frères prêtres et nos pères évêques sur la gravité de ce qui est en train de s’opérer amorçant le transhumanisme car atteignant à la nature même des lois de la cellule, fondement du vivant.

Nous voudrions ainsi dans cet article montrer tout d’abord comment on peut parler d’une véritable transgression des lois régissant le fonctionnement cellulaire à travers la mise en évidence de cinq d’entre elles. Puis dans une seconde partie montrer comment le vaccin à ARNm induit une transgression de l’alliance éternelle au sens biblique du terme.

Tout d’abord, on peut parler de tromperie puisqu’il s’agit d’introduire dans la cellule, à son insu, une information génétique étrangère, encapsulée dans des nanoparticules lipidiques, alors qu’une cellule reçoit toujours comme étant sien un ARNm, qu’il vienne de l’intérieur d’elle-même ou d’un ARNm venant de l’intérieur d’une autre cellule (c’est le cas des exosomes qui contiennent de l’ARN messager). Dans le cas d’une invasion virale, le virus qui peut être à ARN se réplique en tant que virus à ARN si bien que la cellule voit tout de suite que c’est un élément étranger. Dans le cas présent, la frontière-membrane de la cellule elle-même qui permet de réguler l’intérieur de la cellule vis-à-vis de son contexte extérieur est elle-même leurrée par l’intrusion d’une information génétique étrangère qui ne se signale pas comme telle : si les nanolipides entourant l’ARNm étaient absents, il serait très rapidement dégradé. Porté par ces nanoparticules, il se conserve plus longtemps et sans que la cellule ne puisse s’apercevoir de l’intrusion. La situation est comparable à un ennemi qui entre à l’intérieur même du camp sans se faire remarquer, délivrant un message à l’insu de tous les défenseurs du campement et en se faisant passer pour l’un d’entre eux. Il n’est pas anodin qu’un véritable leurre soit imposé à la cellule, qu’une sorte de manipulation étrangère à son égard soit opérée, la trompant profondément car tout se passe comme si la cellule avait l’impression que le message transmis par une information génétique étrangère venait d’elle-même. Le terme de mensonge n’est donc pas trop fort puisque l’entrée dans la cellule se fait sous couvert d’une apparence et d’un artifice extérieur et, par un détournement de la fonction essentielle du ribosome qui consiste à traduire en protéines l’ARN messager provenant de l’ADN qui constitue le patrimoine génétique, opère un véritable « piratage du logiciel de la vie » selon les propres termes d’un grand responsable de l’entreprise Moderna [2].

Deuxièmement, la cellule se trouve en quelque sorte investie, pour ne pas dire prise d’assaut, comme le suggère aussi l’idée de piratage, par un ARNm artificiel qui n’est pas véritablement un ARNm puisque comme l’indiquent les fabricants, il s’agit d’un ARNm modifié. D’ailleurs, le sigle de l’entreprise Moderna signifie modification of RNA. Comment rester indifférent au fait que pour la première fois dans l’histoire de la vie on introduise dans le corps humain des pseudo ARNm qui en ont l’apparence mais qui en diffèrent sur certains éléments constitutifs ? Une base ressemblant à une base azotée appelée la pseudo-uridine remplace ainsi l’uridine comme si de rien n’était, ayant la même forme tridimensionnelle que cette dernière mais qui n’est jamais présente dans les ARNm même si elle peut parfois apparaître dans les ARN de transfert. L’ADN s’écrit en effet sous forme de 4 bases azotées représentées par 4 lettres, A-T-C-G chacune étant la première lettre de composés biochimiques s’appareillant entre eux (l’Adénine avec la Thymine, la Cytosine avec la Guanine). Dans l’ARN, l’uridine remplace la thymine et dans le cas présent cette première est remplacée par la pseudouridine (lorsque l’uridine est en troisième place du codon) représentée par un Ψ. Une étude [3] de Kariko d’il y a 13 ans environ avait remarqué le fait que cette base modifiée permettait de diminuer à la fois les effets inflammatoires des ARNm artificiels tout en les rigidifiant pour leur permettre de mieux tenir sur eux-mêmes. Non seulement le ribosome, qui est une tête de lecture, est trompé (car traduisant comme venant de son propre ADN un ARN qui n’est pas de lui), mais ce qui est agencé est complètement artificiel. Une étude tente de montrer ainsi l’effet qu’une telle traduction peut provoquer sur la cellule concluant : « Our results demonstrate that the insertion of a single Ψ perturbs ribosome function and promotes the lowlevel synthesis of multiple peptide products from a single mRNA sequence ». [4] Et en tête de présentation de ce même document « Our work supports the idea that mRNA modifications can modulate mRNA translatability (traduction) and provides evidence that pseudouridine can alter tRNA selection by the ribosome ». L’étude montre ainsi qu’on ne sait pas vraiment les conséquences d’une telle substitution même s’il apparaît que le résultat en termes de forme de protéine est sensiblement le même. Non seulement certains résidus peuvent apparaître mais le ribosome semble lui-même perturbé dans sa capacité à appeler les acides aminés correspondants. Par ailleurs, tant Pfizer que Moderna ont eux-mêmes changé l’appariement de certaines paires de bases en l’occurrence en remplaçant les A Ψ par des CG dans le but de renforcer la structure de l’ARNm tout en prenant soin que les ARNt appellent toujours les bons acides aminés correspondants, sachant qu’un même acide aminé peut être codé de différentes manières [5]. Ainsi l’ARNm produit ne correspond pas à la transcription naturelle de l’ADN codant pour le spike. Il s’agit bien d’un ARNm artificiel sans compter les instructions de tête et de queue qu’on a rajouté pour que le ribosome ait l’impression qu’il a affaire à un véritable ARNm. Disons-le clairement, on n’a pas affaire à un vaccin à ARNm comme on nous le présente ordinairement mais bien à une injection d’ARNm modifié. Introduire dans la cellule de l’ARNm est déjà très problématique mais encore plus quand il s’agit d’un ARNm modifié. N’est-ce pas doublement préoccupant ?

« Disons-le clairement, on n’a pas affaire à un vaccin à ARNm comme on nous le présente classiquement mais bien à une injection à ARNm modifié. Introduire dans la cellule de l’ARNm est déjà très problématique mais encore plus quand il s’agit d’un ARNm modifié. »

Pour aller plus loin, en introduisant un pseudo ARNm, on atteint au code génétique lui-même. Rappelons que le code génétique n’est pas la suite des bases azotées de l’ADN à laquelle on pense naturellement (la fameuse double hélice) mais le tableau faisant correspondre les séquences de trois bases de l’ARN en acides aminés correspondants. Il y a vingt acides aminés codés par une série de 64 types de série de trois codons. Or ce code génétique est le même pour tous les êtres vivants à très peu d’exceptions près. En changeant l’uridine en pseudouridine, on crée environ une série de plus d’une dizaine de trois codons supplémentaires codant pour les mêmes acides aminés. Changer ce code dans le cas d’un tel vaccin, c’est se couper du mode naturel du fonctionnement universel du ribosome du vivant, en acceptant même temporairement de ne pas fonctionner comme l’ensemble des êtres vivants. On nous dira que la pseudouridine et l’uridine sont sensiblement la même chose. Or la biochimie montre dans tant et tant de cas combien des permutations peuvent altérer l’équilibre d’une molécule même si en terme 3D, leurs effets reconstituent bien la protéine de base recherchée. On ne peut accepter de jouer à un tel niveau du vivant dans ce qui constitue la matrice même du vivant pour toutes les espèces, à savoir le code génétique lui-même.

La transgression concerne également le fait d’introduire de l’extérieur un ARN en quelque sorte sans paternité d’ADN stable, à proximité, le codant et le régulant dans sa densité, sa présence dans un temps donné… Il est vrai que le débat reste ouvert sur la capacité de l’ARNm à être transcrit de manière inverse dans l’ADN, ce qui pose des questions de fait car qu’est ce qui pourrait correspondre à de la pseudouridine ? Mais en fait, en rigidifiant le pseudo ARNm, tout se passe comme s’il était une sorte de source primitive d’information, une sorte « d’ADN de substitution » puisqu’il n’est plus la copie fugitive exacte de l’ADN dont il est issu. Il se comporte comme un message en soi durci par l’intensité de concentration de pseudouridine et pouvant rester « assez longtemps » dans le corps. Or, comme le dit une fiche des évêques de France éditée dans le cadre de la sortie de la loi de bioéthique, « la plasticité du vivant renvoie à une tension dynamique entre robustesse et vulnérabilité »[6]. En insérant un élément « robuste » de cet ordre dans la cellule, ne le fait-on pas au détriment de son adaptabilité, de sa plasticité ? Sur cette question, nous n’avons aucun recul. Des études montrent combien plusieurs mois après des personnes continuent à produire des protéines spike. Là encore la cellule est leurrée : c’est oublier que le lien causal ADN-ARN n’est pas anodin et qu’il peut engendrer des phénomènes épigénétiques extrêmement fins et dont il faut redouter l’altération en raison de la présence de ces pseudo ARNm modifiés (se trouve ainsi fabriquée une macro-molécule artificielle supplémentaire, structurant un nouveau message génétique par pseudourylation, avec liaisons 0H supplémentaires, qui est une biotechnologie que nous pouvons certainement qualifier à bon droit d’intervention « transhumaniste », vu que cela modifie génétiquement la cellule, par apport d’une injection génétique synthétique étrangère).

Enfin, c’est le système immunitaire qui est leurré par l’introduction à l’intérieur de la cellule d’une protéine qui lui apparaît nécessairement bonne au début car venant d’elle-même. C’est pourquoi il faut un certain temps pour la cellule pour commencer à combattre les spikes alors même que par cette manière d’être leurrée, elle a pu en produire autant. La grande différence entre un vaccin classique et une injection génique à ARNm est que le premier induit une réaction naturelle immédiate du système immunitaire, alors que dans la seconde, le système immunitaire lui-même est contraint à un certain type de fonctionnement le faisant agir de manière différée, sans doute disproportionnée ou tout au moins de façon totalement imprévisible à ce jour, dès lors qu’il comprend qu’il est attaqué. Certaines études sembleraient même suggérer que les anticorps répondant au spike pourraient être non pas neutralisants mais facilitants et de plus non pertinents pour un coronavirus, vu que l’immunité cellulaire, renforcée par des traitements serait plus efficace sur ce type de virus que des vaccins ; ces anticorps en viendraient à altérer voire à détruire toute l’immunité naturelle car s’ils deviennent dominants, ils ne permettraient plus aux autres anticorps d’exercer leur fonction. Nous savons que les vaccins à virus atténués diminuent déjà l’immunité naturelle. Qu’en sera-t-il de ceux-là qui provoquent une immunité artificielle ?

C’est dans un regard métaphysique qu’il nous faut nous placer pour comprendre que la cellule comme fondement du vivant est profondément bousculée sans compter les effets secondaires qui pourraient être dus à la protéine spike elle-même[7].

Cette analyse implique donc de poser un nouveau champ d’éthique appelé éthique cellulaire dans lequel quelques principes de base apparaissent :

– Tout d’abord, respecter la fonction du ribosome qui est de produire des protéines dont l’architecture dépend toujours du patrimoine génétique : quand les ribosomes produisent des protéines, ils en produisent toujours avec leurs fonctions propres. Elles n’en produisent pas pour autre chose que ce que le vivant dans son ensemble réclame. Par conséquent, détourner la cellule de sa finalité en lui ordonnant de produire quelque chose qui n’est pas en rapport direct avec sa finalité fonctionnelle, bouleverse l’ordre métaphysique de la cellule.

– Deuxièmement, il faut veiller à cet autre principe de ne jamais bouleverser ce qui la constitue en propre à savoir le fait que sa capacité d’extériorité vient de son intériorité. On ne peut forcer le fonctionnement interne d’une cellule sans conséquence, un peu comme on ne peut tirer sur des pieds de carotte pour les faire pousser par force. On n’a pas le droit d’introduire au sein de l’« intériorité la plus intime » de la cellule une information génétique étrangère à l’organisme sans dommage sur celle-ci. Introduire de l’extérieur un message génétique différent qui viendrait informer intérieurement la cellule devrait constituer une limite non franchissable. Nous savons que les OGM ont eu de graves conséquences sur le vivant : comment d’un côté accepter cela et ne pas tenir compte des effets possibles d’un passage en force d’un message de nature génétique sur le vivant ?

– Enfin, ne pas bousculer les équilibres si fragiles du système immunitaire qu’on peut comparer à un cristal : ne pas atteindre ses dynamismes propres mais savoir composer avec eux.

En effet, l’apport de médicaments peut venir modifier le métabolisme d’une cellule et tout vaccin classique peut susciter des réactions immunitaires naturelles, mais ceux-ci n’enclenchent jamais le ribosome à traduire une information génétique comme sienne, alors qu’elle est étrangère.

On me dira : qu’est ce qui fonde une éthique[8] cellulaire ? C’est que toutes les cellules vivantes fonctionnent sur le même schéma grosso modo et que si ce schéma si précis existe et est universel c’est qu’il est le fruit d’équilibres et source d’équilibres qu’on ne connaît que très peu. Vouloir le bien de la cellule, c’est lui permettre de réaliser naturellement sa fonction. Cette fondation d’une éthique de la cellule se justifie dans le fait que les corps des êtres vivants sont profondément un, particulièrement celui de l’homme. En forçant le fonctionnement de la cellule à produire autre chose que ce pour quoi elle est faite, on transgresse l’unité de base du vivant, ce qui ne peut pas ne pas avoir des effets sur la manière dont nous acceptons la notion de limite dans l’éthique elle-même. On ne joue pas avec ces équilibres de la cellule comme si on jouait avec de simples dés dans la main. Ils sont le fruit d’une sagesse et d’agencements qui nous dépassent. Ce que nous pouvons faire dans l’infiniment petit à l’échelle atomique et qui semble être acceptable serait comparable à une capacité éventuelle à déplacer telle ou telle planète du système solaire, voire la lune qui nous gêne avec les marées, pour voir ce que cela donne. Le principe de prudence nous pousse ainsi à mettre une limite à ces tests. Dans cette perspective métaphysique, nous avons donc mis en évidence cinq transgressions du fonctionnement de la cellule qui ne peuvent être acceptées ni sur le plan métaphysique ni sur le plan moral et qui nécessitent une prise de conscience pour pouvoir mettre une limite à ces recherches qui pourraient bien s’apparenter à ce qui est décrit dans le livre Frankenstein.

« On ne joue pas avec ces équilibres de la cellule comme si on jouait avec de simples dés dans la main. Ils sont le fruit d’une sagesse et d’agencements qui nous dépassent. »

Parole de Dieu et transgression sur le vivant.

Si la Parole de Dieu met en évidence les conséquences graves des péchés contre la vie, elle semble souligner la gravité encore plus grande des péchés contre ce qui fonde la vie elle-même. N’oublions pas que la première bénédiction de Dieu dans la Bible est associée à la capacité de procréer[9] qui est en elle-même image de la fécondité divine qu’Il donne en partage aux vivants. Atteindre aux lois mêmes du vivant qui sont tout entières tournées vers la transmission de la vie, c’est atteindre ce désir de bénédiction que Dieu a voulu communiquer dans le don même de la possibilité de transmettre la vie. C’est défigurer le symbole de sa bénédiction.

La Bible a une expression toute spéciale pour caractériser la manière dont Dieu a voulu faire alliance avec les créatures : elle parle d’alliance éternelle. C’est ainsi que cette expression apparaît la première fois dans la Bible lorsque Noé sort de l’arche pour qualifier le fait que Dieu s’engage à tenir la création dans une stabilité pour favoriser la vie de l’homme : « Quand l’arc sera dans la nuée, je le verrai et me souviendrai de l’alliance éternelle qu’il y a entre Dieu et tous les vivants »[10] dit le Seigneur. Cette idée de stabilité conférée par l’alliance éternelle est confirmée par les dernières paroles de David dans son testament « Oui, ma maison est stable auprès de Dieu, il a fait avec moi une alliance éternelle »[11]. Dans le livre de l’Ecclésiastique, lorsque l’auteur conclut sa petite note au chapitre 17 sur la place de l’homme dans la création, il termine ainsi : « Il leur accorda encore la connaissance, il les gratifia de la loi de la vie, il a conclu avec eux une alliance éternelle »[12] qui signifie l’engagement de Dieu pour les lois de la vie de l’homme. Si à la fin du récit du déluge, l’alliance avec la création est qualifiée d’éternelle, c’est que Dieu s’est engagé à en maintenir les lois de stabilité. Il y a alliance éternelle quand l’éternité de Dieu s’engage à stabiliser les lois qui fondent le vivant. Toute loi de stabilité du vivant est expression de l’éternité de Dieu car ce qui est fondé pour durer est proprement divin. Aussi l’Ecclésiastique peut-il encore affirmer au sujet de Noé : « Des alliances éternelles furent établies avec lui, afin qu’aucune chair ne fût plus anéantie par le déluge »[13] au sens où chaque espèce vivante est constitutivement objet d’une alliance éternelle afin de favoriser la vie de l’homme. Ce lien entre éternité de Dieu et engagement divin dans la création éclate dans un verset qui a beaucoup fait parler de lui[14] pour défendre la création ex nihilo : « Celui qui vit éternellement a tout crée ensemble »[15]. L’unité au sein de chaque espèce comme l’unité sans confusion entre les espèces est caractéristique de l’alliance éternelle.

Par ailleurs, l’expression alliance éternelle apparaît plusieurs fois dans la Bible pour qualifier l’engagement fidèle de Dieu à l’égard de son peuple. De même que Dieu est fidèle dans sa création selon un esprit éternel, de même le peuple peut-il compter sur Dieu dans une fidélité qui lui est comparable. La notion d’alliance éternelle qualifie donc d’abord dans la Bible l’alliance avec la création : celle-ci est don de stabilité pour chaque espèce, don d’unité pour chacune d’entre elle et avec les autres afin de refléter spatialement une dimension d’éternité temporelle, don d’une promesse en vue de manifester une alliance aussi fidèle avec les hommes. Il est ainsi poignant de voir dans le livre de l’Apocalypse, au moment même où la terre semble vaciller, qu’un ange intervient pour réconforter les hommes « ayant une bonne nouvelle éternelle (evangelion aionon) à annoncer. Il criait d’une voix puissante : « Craignez Dieu et glorifiez-le, car voici l’heure de son jugement, adorez donc Celui qui a fait le ciel et la terre et la mer et les sources »[16]. Au temps du déluge, l’ébranlement des éléments rappelle à l’homme qu’il a cherché à s’approprier l’alliance éternelle avec la création, qu’il l’a transgressée en voulant mettre la main sur elle. Par cet ébranlement, Dieu veut lui rappeler qu’Il est la source de leur stabilité et non l’homme lui-même. De même, au cœur de l’ébranlement du cosmos dont nous parle l’apocalypse pour la fin des temps, il est rappelé par l’Ange que Dieu a fondé une alliance éternelle avec la création, parole qui est un signe que les hommes l’ont oubliée et qu’ils ont voulu à la fin des temps eux-mêmes s’en faire l’auteur. Ce qui apparaît nouveau dans l’histoire des hommes est cette capacité qu’ils ont de pouvoir transgresser cette alliance éternelle en allant jusqu’aux racines de la fondation des lois éternelles. Par exemple, si l’ARNm repose sur 4 bases azotées bien précises, c’est qu’il y a des raisons de fondation qui nous dépassent mais qu’il faut accueillir et tout faire pour protéger. Poser une cinquième base (la pseudo-uridine qui d’ailleurs n’est pas simplement azotée) , c’est tenter le Seigneur en cherchant à remettre en cause ces lois éternelles. C’est bien la notion d’éternité de ces lois au sens où elles expriment une Éternité à l’œuvre qui est proprement atteinte par ces transgressions.

« C’est bien la notion d’éternité de ces lois au sens où elles expriment une Éternité à l’œuvre qui est proprement atteinte par ces transgressions. »

Cela me fait penser à la transgression opérée par Adam et Ève sur l’arbre de la connaissance du bien et du mal, ou encore appelé arbre de la connaissance. L’ADN ne peut-il pas être vu allégoriquement comme un arbre de la connaissance qu’on ne peut impunément violer ? Car il ne faut pas se tromper après les recherches sur l’ARN, rien n’arrêtera les recherches sur l’ADN si celles-ci peuvent permettre de rallonger la vie, voire, pour les transhumanistes les plus radicaux, de devenir immortels, par l’introduction, dans l’ADN, de gènes d’exception. Dieu a mis une limite à Adam et Ève : il ne fallait pas toucher à cet arbre de la connaissance. Il semble que le scénario se répète : Dieu a mis la limite de ne pas toucher aux structures intimes du vivant en empêchant l’homme de déterminer ce qui apparaît bien ou mal dans le fonctionnement du vivant. Il y a un mystère caché dans l’ADN et dans le fonctionnement de son expression : si une partie est compréhensible, Dieu ne veut pas qu’on touche à ce qui en constitue le fondement. Il était tentant pour Adam et Ève d’en connaître davantage sur cet arbre de la connaissance du bien et du mal mais le salaire de cette connaissance acquise fut l’interdiction de toucher à l’arbre de la vie, la mort leur étant conférée comme un certain bienfait nécessaire, fruit de la désobéissance à Dieu. Alors qu’il y a des frontières éthiques qui ont été dépassées sans entraîner encore d’intervention divine, il semble que le dépassement de frontières métaphysiques ne puisse pas rester sans conséquences car elles sont le gage de la possibilité même de l’éthique. Si les conditions de la liberté humaine ne sont pas remplies, comment l’homme pourrait-il rester un homme ?

Dieu peut-Il rester insensible à cela ? Le prophète Isaïe dit : « La terre est profanée sous les pieds de ses habitants, car ils ont transgressé les lois, violé le décret, rompu l’alliance éternelle. C’est pourquoi la malédiction a dévoré la terre, et ses habitants en subissent la peine »[17]. Une chose est de favoriser l’avortement, autre est de modifier par des chimères ou autre injection génique la nature même des fonctionnements du vivant garantissant des fondations éternelles. Deux choses abominables à des degrés différents : dans un cas, par l’avortement, on transgresse la loi de la vie qui reste cependant intangible, dans l’autre, on touche à la loi de la vie elle-même. On n’a jamais vu une telle transgression de l’ordre métaphysique qui brouille les repères du respect inconditionnel dû au vivant. Le bien et l’être étant convertibles, toucher aux racines de l’être, c’est commettre une action désordonnée et brouiller même notre capacité à comprendre l’existence d’un ordre moral entendu que le bien est le plein accomplissement de l’être et que l’élément le plus fondamental du vivant – la cellule – se trouve entravé dans son plein exercice naturel. Ainsi, comme l’affirme Isaïe, ces transgressions sur la vie elle-même ne peuvent pas rester sans conséquence du point de vue du jugement divin.

Quelle est la raison profonde de cette transgression ? C’est qu’on a fabriqué des « possibles »[18] recélant de nouveaux potentiels à partir de matériels inertes. Si l’on respecte la mise en garde des évêques de France concernant la réduction du vivant à des fonctionnalités augmentées[19], demandons-nous ce qu’il en est de la fabrication de « possibles » artificiels à partir de matériel inerte ? S’il y a une place pour la recherche en biotechnologie, elle consiste à dévoiler les potentiels naturels, leurs agencements et à les actualiser ou à les réactualiser en cas de déficience. Comme le rappelle le cardinal Cottier, « une saine technologie a pour domaine l’actualisation des potentiels »[20]. Comment accepter qu’au cœur de nos cellules soient introduits des « possibles » artificiels et exogènes, c’est-à-dire des fonctionnalités augmentées s’apparentant à la systémique de la cellule alors qu’ils n’ont pas été pensés avec le tout dans l’unité du projet des origines et qu’ils ne sont pas des potentiels naturels de la cellule ? Ce qui détermine un potentiel, c’est son positionnement dans sa capacité d’actualité mais aussi son positionnement par rapport à tous les autres potentiels pour lesquels il peut être occasion d’actualité. L’erreur de jugement sur les vaccins à pseudo ARNm, c’est qu’on les prend pour de la pure actualité à la façon cartésienne alors qu’ils sont aussi des possibles recélant des potentiels artificiels dont les effets ne sont pas connaissables en termes d’interaction avec les autres potentiels naturels de la cellule. Nous voulons préciser que l’intégration exogène de certains virus a été effective dans l’histoire naturelle de tout organisme, mais le corps lui-même savait les intégrer car ils étaient repérables en tant que tel comme virus et un potentiel de mémorisation était actualisé sans doute en vue de l’immunité naturelle. Dans le cas présent, on introduit ex abrupto et incognito un potentiel artificiel fabriqué dont les effets ne sont pas connus. En fabriquant ces ARNm, on s’approche du vieux rêve d’essayer de créer du vivant à partir de l’inerte en prenant le risque de mettre le grain de sable dans les rouages du vivant qui pourrait tout enrayer. C’est la première fois que la biotechnologie permet d’introduire un ARNm seul venant de l’extérieur alors que tout ARNm est produit et régulé par du vivant. Nous sommes à un point crucial de l’avenir du vivant : accepterons-nous qu’il repose sur des lois divines inviolables ou accepterons-nous des concessions pour essayer de casser ces lois pour un peu plus de potentiel de vie sur terre dont on ne sait rien sur le caractère mortifère à long terme ?

« C’est la première fois que la biotechnologie permet d’introduire un ARNm seul venant d’une information génétique étrangère alors que tout ARNm dans une cellule est instruit par l’ADN propre du vivant. »

Conclusion

Entre le transhumanisme et la transfiguration, il faut choisir son camp. Entre la transgression des lois éternelles et l’accueil de l’alliance éternelle, il faut encore choisir son camp. Nous avons à être des gardiens de la nature et en aucun cas des apprentis sorciers. Il se pourrait très bien que toutes ces transgressions soient le début d’une grande régression pour l’avenir de l’humanité. Si la stratégie des vaccins était la bonne pour éradiquer les coronavirus, nous attendrions avec impatience qu’un vaccin digne de ce nom, respectant tous les potentiels de la cellule soit rapidement mis sur le marché. Mais rien n’est moins sûr que ce soit la meilleure stratégie d’autant que des traitements actuels prouvent aussi leur efficacité et que les variants de ce coronavirus risquent de muter perpétuellement. « Il faudra bien vivre avec »[21] comme le dit le président de Moderna car les faits nous montrent, par exemple en Israël que l’immunité collective artificielle face au coronavirus est bien une quête illusoire sauf à développer une immunité collective naturelle.

Dans le sillage de la lettre de Mgr Aillet qui nous a donné beaucoup de joie, nous sommes prêts à monter une équipe de réflexion avec ceux d’entre vous qui seraient désireux de continuer l’étude de ces questions pour mieux saisir prophétiquement le temps que nous vivons et que l’Église puisse ainsi participer en acteur éclairé à un juste développement des biotechnologies.

Nous invitons les responsables d’Église à réfléchir sur la manière dont les familles peuvent rester libres de leurs choix pour leurs enfants, à la manière dont ils peuvent encourager l’opposition au passe sanitaire qui cache une vaccination obligatoire déguisée, car comme le dit Martin Steffens, « le passe sanitaire est une défaite de la morale. En effet, c’est une défaite de la morale que de menacer des citoyens responsables à coups d’amendes ubuesques »[22]. Par ailleurs, ils sont aussi invités à se manifester pour ne pas contribuer par leur silence à acter cette gestion de crise effectuée dans la précipitation et le manque de légitime prudence, vu que, faut-il le rappeler, ces vaccins sont toujours en phase expérimentale, ne bénéficiant à ce jour que d’une autorisation conditionnelle de mise sur le marché.

La France est en train de se lever pour résister avec des personnes lumineuses, aimantes et bienveillantes, des familles avec beaucoup d’enfants, des intellectuels engagés, des aides-soignants, des auxiliaires de vie, des médecins et des personnels de toutes professions en grande souffrance, comme nous avons pu le constater en participant nous-mêmes aux dernières manifestations. Sans compter la souffrance de ceux qui n’osent pas manifester mais qui se voient contraints de se faire vacciner malgré eux ou acculés à suspendre leur travail ou à démissionner. Nous avons eu l’occasion d’écouter la souffrance de beaucoup de personnes de bon sens qui se sentent abandonnées, de pouvoir leur donner le sacrement de réconciliation alors qu’elles se sentent à ce jour rejetées par l’Église. Nous remercions les évêques de France pour la belle prière écrite en la fête de l’Assomption 2021 qui nous invitent à prier pour « ceux qui se sentent méprisés » et qui fait appel à la liberté. La fraternité nationale est vraiment l’antidote contre tout esprit de division et nous souhaitons qu’elle soit effective dès les jours prochains. Ce serait complètement dommage que les catholiques ou du moins ceux qui ont une conscience vive de l’importance de ces enjeux renoncent à ce combat en faveur de la vérité et de la justice et ne se tiennent pas un minimum à l’écoute d’une grande partie de la population qui souffre.

Nous comprenons tout à fait que le pape puisse inviter à la vaccination lorsqu’elle concerne des vaccins à caractère traditionnel et qu’il recommande que tous puissent y avoir accès au nom de la justice sociale. Se vacciner avec des vaccins qui ont fait leur preuve peut être perçu comme « un acte d’amour » comme le dit le Pape François, au sens, sans doute, où ce serait favoriser l’immunité collective. Avec un vaccin à ARNm, qui est une injection génique et qui n’a donc pas la portée morale et métaphysique d’un vaccin traditionnel, aucune certitude ne peut être avancée quant à la positivité de cet acte.

Que personne ne se sente jugé par cet écrit s’il était vacciné car une chose est la transgression métaphysique et la disposition à une nouvelle perception de l’être qu’elle ouvre, une chose encore est la transgression morale imputable au genre humain dans son ensemble comme une sorte de péché collectif, autre chose est le choix personnel et délibéré d’un consentement éclairé à un mal de nature que l’on pourrait nommée « métaphysique », molestant les lois sacrées inscrites dans le vivant. En effet, toute intervention humaine de « piratage du logiciel de la vie », comme nous l’avons mis en lumière, risque de nous faire entrer dans une culture transgressive, contribuant à faire passer dans les faits les vues transhumanistes. Que le sang qui coule de l’arbre de vie qui est le Christ, nous sauve de toutes les transgressions contre l’arbre de la connaissance du bien et du mal ! Que les cœurs de Jésus et de Marie si obéissants au Père et qui ont accepté d’obéir aux lois les plus intimes de la vie soient notre refuge !

Père Olivier Nguyen
directeur de l’institut alliance Plantatio
Roselyne Legall
docteur en philosophie, spécialisée en bioéthique et en biologie moléculaire.


1 Expression utilisée dès 2017 par le directeur en chef de l’office médical de l’entreprise Moderna Tal Zaks, lors d’un Ted Talk. Cf. youtube.com/watch?v=r3UboxYLHcM
2 Ibid.
3 Karikó, K., Muramatsu, H., Welsh, F. A., Ludwig, J., Kato, H., Akira, S. & Weissman, D. (2008). Incorporation of Pseudouridine Into mRNA Yields Superior Nonimmunogenic Vector With Increased Translational Capacity and Biological Stability. Molecular Therapy 16(11): 1833-1840. https://doi.org/10.1038/mt.2008.200.
4 Eyler (dir.) « Pseudouridinylation of mRNA coding sequences alters translation » in PNAS, 12 nov 2019. Cf. aussi, Martinez (dir.), “Pseudouridine synthases modify human pre-mRNA co-transcriptionally and affect splicing” in bioRxiv https://doi.org/10.1101/2020.08.29.273565; 5cf. Seneff : « Another curious modification in the RNA code is that the developers have
enriched the sequence in cytosines and guanines (Cs and Gs) at the expense of adenines and uracils (As and Us). They have been careful to replace only the third position in the codon in this way, and only when it does not alter the amino acid map (Hubert, 2020). It has been demonstrated experimentally that GC-rich mRNA sequences are expressed (translated into protein) up to 100-fold more efficiently than GCpoor sequences (Kudla et al., 2006). So this appears to be another modification to further assure synthesis of abundant copies of the spike protein. We do not know the unintended consequences of this maneuver » in International Journal of Vaccine Theory, Practice, and Research 2(1), May 10, 2021 p 45.
6 Cf fiche Interaction biologie et psychisme éditée par la conférence des évêques de France.
7 Cf Salk Institute, Circulation Research. 2021 ; 128:1323–1326. DOI : 10.1161/CIRCRESAHA.121.318902 April 30, 2021
8 Le terme éthique dit bien comportement sain et convient bien plutôt que morale.
9 Genèse 1,28
10 Gen 9,16
11 2 Sa 23,5
12 Ecc 17,12.
13 Ecc 44,18.
14 Cf Concile Latran IV et Concile Vatican I
15 Ecc 18,1.
16 Ap 14,6-7
17 Is 24,5.
18 Le terme « possible » est précis et se distingue de potentiel en lui-même qui dit quelque chose de naturel. Cf. le livre à portée épistémologique de Claude Debru, le possible et les technologies, 2003, PUF.
19 Ibid fiches préparées en vue du travail sur la loi de bioéthique de 2020, fiche biologie et psychisme
20 COTTIER, Deviens ce que tu es, enjeux éthiques, Ed Saint Maur, Parole et Silence 2004.
21 Cf Propos de Stéphane Bancel en janvier 2021
22 Interview à Aletheia de Martin Steffens du 16/07/2021, présentant son livre Faire Face écrit avec Pierre Dulau


© LA NEF le 18 août 2021, exclusivité internet, mise à jour le 8 septembre 2021