Un été pourri à tous les niveaux

TRIBUNE

Avant la rentrée qui promet une année mouvementée et grave, petite rétrospective des illusions estivales : PMA, Pass sanitaire, motu proprio, crise Afghane, j’en passe et des meilleurs…

On ne peut pas dire que l’été fut des plus lumineux. A-t-on seulement eu un été ? Les petits prophètes nous ont pourtant annoncé des étés caniculaires, catastrophiques, infernaux et de plus en plus longs. Les métamorphoses climatiques ont donné tour à tour dans la peur du dôme de chaleur et le constat implacable de la goutte froide. Pluies, orages et averses de la Normandie jusqu’à l’Alsace, peu de surf et pas de vagues. S’il fait trop chaud, j’ai raison, on va tous mourir ; s’il fait trop froid, j’ai aussi raison, et on va tous mourir. Face, je gagne ; pile, tu perds.

René Guénon fait le distinguo dans la Crise du monde moderne entre la société médiévale, du temps long et de la permanence, essentiellement chrétienne, et la société moderne, qui, animée par le progrès, doit toujours aller vite, de l’avant, de manière effrénée, ce qui engendre une instabilité profonde et des grands troubles. Actuellement, chaque année passée doit faire l’objet d’un progrès, d’une petite révolution et d’un changement. En quelques mois, nous avons été assaillis de toute part et tout semble apparaître avec clarté et converger au même endroit : les structures familiales sont éparpillées, les individus atomisés et laissés au marché et à la consommation ; les corps libres sont émancipés mais contrôlés, réglés, tracés et vaccinés ; le virus justifie un reset et la raison du pouvoir bancaire ; la guerre horizontale entretient la peur, le chaos par le terrorisme et l’immigration incontrôlée. Dans une perspective mondialiste, l’individu est affranchi de toutes les structures, de toutes les frontières, de toute morale ; il est à la fois acteur du monde par des gestes quotidiens, a droit « de » et droit « à » ; il est un prédateur pour lui-même puisque responsable du dérèglement climatique, du virus et de la pollution, produit d’une trop grande quantité qui nuit à la qualité.

L’été a commencé en fanfare, Tuba mirum sonum, par le vote au Parlement, le 29 juin, de la loi de bioéthique ouvrant le droit à la PMA pour toutes, promulguée ensuite le 3 août. Nous assistons un peu plus chaque jour à la mort du père, devenu, comme le rappelait Agnès Buzyn, « une fonction symbolique ». Le père est invité à ne plus exister, à ne plus tenir sa place dans un couple, dans une famille, alors même que le patriarcat est la loi à visage humain. Tous les processus de féminisation, culturelle et intellectuelle, depuis un demi-siècle, ont accompagné ces vastes et profonds changements au nom des droits de l’amour et des individus. Klaus Schwab dans son livre diabolique, Great reset : la grande réinitialisation, explique qu’il faut « redéfinir les frontières de l’éthique ». Notatum est. Redoutons des changements plus vastes dont la PMA n’est qu’une composante ; à ce qu’on légalise l’euthanasie, non point dans une perspective stoïcienne et helléno-chrétienne mais purement libérale ; à ce qu’on allonge la durée de l’avortement ; à ce que les droits des individus s’affranchissent de tout au nom de l’amour. Le joli monde que v’là !

La PMA prépare la GPA. Qu’avons-nous donc fait comme objections contre la GPA ? Marchandisation des corps, trafic d’enfant, soumission des plus faibles aux bourgeois chéris de la mondialisation qui ont un désir d’enfant. Quand on associe droit des individus et libertés des personnes – le marché et le progrès – plus aucune opposition de principe ne tient sans l’intervention du politique. Des homosexuels ont un désir d’enfant comme ils ont un désir de nuggets ou de cookies. La conception est devenue une envie, alignée sur la consommation, au même titre que l’avortement. J’en veux, j’en veux plus ; j’en ai eu envie, j’en veux encore. On retrouve les mêmes oppositions cristallisées entre la tradition et les droits des individus, la nature et l’argent, moyen de compenser l’affront fait à la nature. C’était sans compter sur la GPA éthique. La blague ! Elle reposerait sur un encadrement et sur du bénévolat. L’idée même d’une GPA éthique confirme les objections que l’on a pu décrire. Parce que grands sont les abus, il faudrait alors y mettre de la morale. Qu’on la rende éthique ne change rien à l’affaire : la GPA reste une GPA. Que l’on passe de la hache à la piquouze, un condamné à mort sera condamné à mort. Je serais curieux de voir quelle femme de 20 à 35 ans, sans problème d’argent, avec une situation stable, accepterait de porter un enfant qui n’est pas le sien pour une autre sans rétribution aucune. L’argent est justement l’intermédiaire capable de réparer l’affront fait à la nature et procéder une sorte d’équivalence. Le reste n’est que de la poudre de perlimpinpin.

Le 12 juillet, le Président Macron s’est adressé à son peuple. Fini de jouer, il a sonné la fin de la récré. Le bon Roy Manu, pour le bien de son peuple, a imposé le passeport sanitaire dans le but de vacciner les populations. Les philosophes d’ambiance, en bons sophistes, affirment que ce passeport est une garantie pour nos libertés afin de nous faire renouer avec le civisme. Que la bourgeoisie se rassure, si Macron avait refusé d’imposer le passeport sanitaire, elle aurait applaudi des deux mains tout pareil ; que les sieurs Enthoven et Ferry se rassurent aussi, Orwell avait tout expliqué : la paix c’est la guerre. Pourquoi donc un vaccin pour un virus qui épargne grosso modo 99 % de la population ? Pourquoi avoir renoncé à un traitement et, au contraire, pourquoi imposer ce pass sanitaire qui crée un apartheid généralisé entre les vaccinés et les non vaccinés, mettant au rebut le libre-arbitre et les responsabilités individuelles ? Questions brûlantes. Que l’on accepte de ne plus boire une bière en terrasse, soit, mais que le passeport sanitaire devienne une garantie pour continuer à exercer son travail relève de l’ignominie. Ce chantage jusque dans la suspension du salaire est une violence inouïe. Il a fallu lire La psychologie des foules de Gustave Le Bon pour se rendre compte de la manière dont on crée les conditions d’un consentement généralisé des populations. Après les avoir torturées, elles perdent toute capacité de raisonnement. Après l’avoir perdue, elles sont infoutues de reconnaître le véritable fascisme à cause d’une narration bien en place : le virus tue donc il faut se faire vacciner pour les autres (cet « autre » très abstrait), pour cela il faut imposer un passeport sanitaire, ceux qui n’y adhèrent pas sont des égoïstes, des coupables (nous y sommes bientôt), assimilables à des violeurs selon Michel Onfray, passé de l’autre côté.

Il ne faut pas non plus être une grande âme pour s’apercevoir aussi que cette incitation vaccinale est l’occasion d’une immense manne financière pour les groupes pharmaceutiques. Contrôle des corps et profit convergent au même endroit. Une fois que l’on a mis le doigt dans l’engrenage, on ne peut plus en sortir. Une fois que l’on a pensé l’idée de passeport sanitaire (déjà dans les cartons de l’UE en 2019, antecovidium) , la machine est prête à fonctionner à vie. Il faudra bien un rappel du vaccin l’année prochaine, et peut-être l’année d’après, pour un autre variant, ou un autre virus, et tout cela en prévision ; vaccination massive et répétée dont on ne connaît pas les effets à moyen et long terme. Ce contrôle des corps, à la chinoise et de manière technologie et technocratique au nom du bien, ne va pas sans un contrôle de la monnaie, également dans les cartons de la même UE avec la possible suppression de l’argent et la mise en place d’une monnaie digitale. Tout comme Basile Zaharoff refourguait des armes à l’Allemagne et à l’Angleterre pendant la première guerre mondiale, Pfizer mise maintenant sur les médicaments contre les thromboses et les complications cardiaques. Hasard ? Non, pile je gagne, face tu perds.

Papa Francesco, le 16 juillet, sponte sua, a promulgué le motu proprio Traditonis custodes. Sa Sainteté signe l’obsolescence programmée de la messe traditionnelle. Que des vieux la chérissent, il le consent, mais ne comprend, en revanche, que couic à l’idée que des jeunes puissent être touchés par une messe de toujours et une liturgie profonde et sublime, un trésor manifeste de l’Église. Au lieu de croire à une menace tradi comme il y aurait une menace fantôme dans Star wars, faudrait-il déjà faire un bilan de l’Église actuelle, cinquante ans après Vatican II et la réforme liturgique et le lien avec la chute de la pratique religieuse, la perte de foi et de sacré dans la société. Si le pape n’est pas capable de voir que ce qui menace l’Église est l’islam, moteur d’une guerre horizontale et d’un grand remplacement en Europe, le consumérisme progressiste, et, enfin, le transhumanisme, dont la vaccination mondiale par ARN messager est déjà une première étape, il nous reste à prier Notre Dame pour qu’elle lui mette une main sur le cœur et une autre sur l’oreille et qu’elle lui dise : « Un miracle est encore possible. »

À la fin de l’été, alors qu’il n’était plus possible de boire un spritz en terrasse sans montrer un ausweis, a éclaté la crise afghane. La petite bourgeoisie qui gère la complexité du réel, alors qu’elle se mouche bien de l’Afghanistan, s’est mise à pérorer avec tous les souverains poncifs qu’on lui connaît : droit de l’homme, droit des femmes, et tutti quanti… nous ne sommes par experts mais posons simplement quelques questions. Pourquoi assistons-nous depuis trente ans, soit depuis la fin de l’URSS, à une déstabilisation de l’Orient, moyen ou proche ? C’est l’Irak, l’Afghanistan, l’Algérie, la Libye, puis la Syrie, l’Irak à nouveau et l’Afghanistan, rebelote. Comment une armée de ploucs des montages a réussi à reprendre le pays sans verser une goutte de sang, tirer un coup de fusil ? Pourquoi les États-Unis ont laissé pour 85 milliards de matériel militaire ? Quid du président afghan parti avec une valise de 160 millions de dollars ? Quid des plans d’opium et du marché de l’héroïne ? Pourquoi les États-Unis ont renoncé et qu’ils cherchent à traiter avec le nouveau Mollah ? Pourquoi la diplomatie française souhaite que les talibans forment un gouvernement « inclusif » quand on sait qu’ils lapident les homosexuels et changent les femmes en Belphégor ? Pourquoi donc se préparer à des flux migratoires importants, 5000 en France, 10 000 en Allemagne, pour l’instant, quand on sait qu’il y a 92 % d’hommes et 8 % de femmes, et que les Afghans sont surreprésentés dans les actes de délinquances, de terrorisme, de viol en Finlande et en Allemagne, selon le collectif Némésis ? Le monde moderne, depuis 1991 revient toujours à ses fondamentaux, au triptyque qu’on lui connaît : crise sanitaire, crise économique, crise terroriste.

La rentrée à ceci d’excitant qu’elle promet des réjouissances, des découvertes, des rencontres, et des choses inédites. Tout sera politique, cette année, probablement. Allons-y ! Pourtant, puisque le Seigneur nous l’ordonne, exerçons la vertu d’espérance. Merci Seigneur de nous donner des épreuves, nous les acceptons et réussirons à les surmonter ! La question fondamentale sera bien nos libertés et notre souveraineté face à la dictature sanitaire. Bien des citoyens peuvent se demander même jusqu’à quand ils auront encore le droit de cité. Le sentiment d’être sur un siège injectable, en sursis, peut devenir une réalité. Oui, la Libération viendra mais nos dirigeants iront là où on les laissera aller. Les manifestations récurrentes contre le pass sanitaire sont une opportunité de renouer avec notre histoire. C’est tout le peuple réel que l’on a pu voir défiler pour l’instant, les homines bonae voluntatis. On trouve des Français de tous les milieux, du bobo en blazer étriqué aux gilets jaunes ; du notable à mallette, chemise courte, aux gars de la France périphérique, cabossés par l’existence. La retraitée paisible côtoie la minette étudiante ; des boomers sont avec les familles ; la jeunette gauchiste et le bourgeois en imperméable. Des mémés qui aiment la castagne suivent la marche derrière de beaux garçons. Dans la foule, j’ai même aperçu une fois deux anges vêtus dans des robes à fleurs, arborant un drapeau royaliste ; ceux de la bonne nouvelle. Et bien que cette bonne nouvelle arrive et nous assure des jours précieux.

Nicolas Kinosky

© LA NEF, le 6 septembre 2021, exclusivité internet