Cinéma Novembre 2021

Brother (17 novembre 2021)

Première image : brother François apparaît à l’écran, en bure grise. II dit d’emblée : « j’aime les pauvres. » François est né dans la région parisienne, il est centralien. Après quelques années comme ingénieur ferroviaire, il est profondément bousculé par la question de sa vocation. La réponse se présente d’un coup à son esprit : tu seras Franciscain du Bronx. Il ne connaît de ces religieux pratiquement que le nom, vu chez ses parents comme titre du best-seller de Luc Adrian sur le sujet, il est sûr pourtant que c’est là sa place. Il rejoint les frères à Newark, dans le New Jersey, au centre de formation des novices.
À Paris il s’est lié avec le réalisateur de ce magnifique documentaire, Arnaud Fournier Montgieux. Celui-ci doit attendre la fin de son noviciat avant de pouvoir le filmer à Newark avec ses frères et avec les pauvres avec qui il parlait et qui faisaient avec lui d’étonnants chemins d’espérance. Ainsi de Ryan, qui a connu une descente aux enfers. Après le divorce de ses parents, l’absence de sa mère le laisse sans défense face aux sirènes de l’héroïne. L’addiction le conduira en prison pour faits de violence. Ainsi encore de Roberto, seul Blanc de son quartier. Entré en prison à 14 ans pour kidnapping et meurtre, il y est resté 16 ans. Il a cessé de tuer mais il est devenu un dealer respecté à Newark. Brother l’a rencontré dans son logement social lors d’une de ses visites dans l’immeuble. À les voir ensemble avec brother François, malgré leur différence absolue de vie, on dirait bien qu’ils sont amis.

Pour avoir des renseignements sur la programmation de ce beau film, allez sur le site de Saje : https://www.sajedistribution.com/accueil.html

Illusions perdues (20 octobre 2021)

Jeune poète angoumoisin, Julien part tenter sa chance à Paris, au bras de sa protectrice. Bientôt livré à lui-même dans la ville fabuleuse, il découvre les coulisses d’un monde voué à la loi du profit et des faux-semblants. Dans cette comédie humaine, tout s’achète et se vend, la littérature et la presse, la politique et les sentiments, les réputations et les âmes.
C’est un curieux coq à l’âne que de chroniquer le grouillement de vices du roman balzacien après avoir goûté la paix et la lumière des franciscains du Bronx ! Mais l’envers du décor sert aussi à apprécier l’endroit et avec un guide pénétrant comme Balzac, filmé par un cinéaste de race comme Xavier Giannoli, on ne risque pas de perdre son âme (quoiqu’une scène de lit aurait dû être évitée). L’auteur-réalisateur s’est concentré sur la deuxième partie du roman. C’est là que Julien, délaissant ses rêves de gloire littéraire, se voue au journalisme et à ses facilités. Les plumes acérées de ces nouveaux amis révèlent au grand jour comment tous s’abîment par l’appât de l’argent, des honneurs et du pouvoir, journalistes compris. La beauté, absente, règne encore pourtant, comme un lointain idéal. La réussite du film tient à ses images du Paris du XIXe siècle, superbement reconstitué, et plus encore à sa distribution exceptionnelle, galerie d’excellents acteurs dont chacun est idéalement son personnage.

François Maximin

© LA NEF n°341 Novembre 2021