« Catholiques LGBT » : un concept vide de sens mais non sans danger

TRIBUNE LIBRE

Les modernes aiment bien le langage. Parce qu’ils sont habitués à considérer que le verbe est créateur. Pas celui de Dieu ; le leur. Leurs discours sont créateurs d’univers ; le leur, toujours le leur, celui qu’ils prétendent inventer, jour après jour, contre l’univers même que Dieu a créé.

Puisqu’il n’a que faire de l’univers réel, le discours moderne, allant au-delà du réel, se déploie naturellement dans la contradiction. Les exemples pullulent.

Ce que l’on appelle encore « l’Église d’Allemagne » en apporte un exemple supplémentaire. Récemment, la presse a fait écho, avec bienveillance, à un courant que l’on appelle les « catholiques LGBT », qui se plaignent de l’Église en ce qu’elle les conduirait à la clandestinité et serait fermée à la reconnaissance de leurs « droits ».

Il faut donc être très clair : qu’est-ce qu’un « catholique LGBT » ? La réponse est simple : RIEN.

Ce concept ne recouvre rien. Il a autant de signification que celui de « cercle carré » ou de « licorne rose ». Une simple vue de l’esprit.

Dans l’Église, il y a des catholiques ; des saints, des pécheurs ; des demi-saints, des demi-pécheurs. Si certains sont homosexuels, qui luttent ou non pour conformer leur vie à la morale de l’Église, l’homosexualité n’est pas un marqueur religieux. Elle n’a rien à voir avec la confession religieuse ni avec la définition d’un fidèle du Christ, dont la loi est la même pour tous.

Ceux qui se disent « catholiques LGBT » ne sont que des menteurs, des charlatans. Ils prétendent à la fois être « catholiques » ET « LGBT », c’est-à-dire être catholiques ET apôtres d’un lobby impérialiste contraire à la morale catholique. Être à la fois au Christ ET au monde.

De cette contradiction patente émerge une certitude absolue : ces gens sont « LGBT », oui, militants d’une cause qui entend faire abandonner à l’Église ses principes moraux en la matière. Mais « catholiques », non, ils ne le sont pas, et ils ne le sont pas à proportion qu’ils sont davantage « LGBT ». Le reste n’est que bavardage frivole.

Ou plutôt, l’expression « catholique LGBT » est un vocabulaire de combat, qui a la même signification et la même ambition que, celles, par exemple, de « catholique moderniste » ou de « catholique marxiste ». Elle a pour objet, avec les manœuvres intimidantes qui l’accompagnent, de FORCER l’ensemble des catholiques à admettre, dans leur psychologie, et conséquemment dans la pratique de l’Église, qu’il y a place, dans le catholicisme, pour des revendications destinées à le détruire.

Dans cette expression, le mot « catholique » vise le champ où cette propagande s’exerce ; le mot « LGBT », comme le mot « moderniste » ou le mot « marxiste », vise ce en quoi le catholicisme doit basculer.

La morale de l’histoire est toujours la même : la bataille pour la vérité, la liberté, la vie, se joue d’abord sur les mots. Un catholique digne de ce nom doit refuser, résolument, obstinément, l’emploi de l’expression « catholique LGBT », car s’il l’intègre dans son propre esprit et son propre vocabulaire, alors il a perdu la bataille. Il doit, au contraire, mettre en demeure ceux qui l’emploient de le justifier, et les éclairer sur l’incompatibilité radicale des termes qui la composent.

Patrick Poydenot

© LA NEF le 15 février 2022, exclusivité internet