Le drame des «transgenres»

Au Canada, aux États-Unis, des pères de famille ont été condamnés pour violence familiale à une peine de prison et au retrait de l’autorité parentale. Leur crime commun ? Ils se refusent, pour l’un, à appeler sa fille de 12 ans par un prénom masculin, pour l’autre, à accepter la « transition » médicale de son fils.
Nous aurions tort de nous croire préservés de ces « faits divers » d’outre-Atlantique. Hic et nunc une énième loi vient de franchir une énième marche dans la déconstruction d’une jeunesse qui n’en peut plus de se voir couper sous le pied ses racines et repères. Ainsi la loi du 31 janvier 2022 crée une infraction sanctionnant les pratiques visant à modifier « l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne », c’est-à-dire, à essayer de dissuader quelqu’un de changer de sexe. Peine encourue : deux ans d’emprisonnement et 30 000 € d’amende, 45 000 € si l’infraction est commise au préjudice d’un mineur.
2000 mineurs sont aujourd’hui suivis en consultation en France parce qu’ils ne se reconnaissent pas dans le genre qui leur a été « assigné » à la naissance. Une croissance exponentielle.
Les associations Juristes pour l’enfance et Famille et Liberté (1) ont réuni le temps d’un colloque des personnalités du monde médical et associatif pour tenter de décrypter ces appels à l’aide et discerner ensemble des éléments de réponse. D’un questionnement banal à l’adolescence et qui passe le plus souvent avec le mûrissement de la personnalité, un nombre grandissant de jeunes ne se reconnaissent pas dans leur propre corps. Une complaisance ambiguë, sous couvert de « bienveillance », prétend prendre au pied de la lettre ce qui est un appel au secours aux ressorts plus profonds. C’est ainsi qu’en France, on administre des bloqueurs de puberté dès dix, douze ans et on accepte le changement de prénom à l’école, pensant ainsi donner du temps à l’enfant avant qu’il se décide vraiment pour l’un ou l’autre genre. Illusion car dans la plupart des cas (95 à 98 %) la transition sociale (se faire reconnaître à l’école comme de l’autre sexe) conduit à une transition médicale. La difficulté de se déjuger et la pression, parfois très vive, des organisations LGBTQI+ qui les prennent alors en main, rendent un retour en arrière difficile, d’autant que le problème de fond n’a pas été traité.
Commence alors le douloureux parcours des traitements hormonaux et de la chirurgie lourde dont la description clinique du Dr Anne-Laure Boch, neurochirurgienne à La Pitié-Salpêtrière, devrait faire réfléchir. Mais ce n’est pas fini. Il faut bien avoir conscience que l’on fait d’un être médicalement sain une personne dépendante à vie de traitements médicaux lourds et soumise à des effets secondaires destructeurs d’une vie normale. Tout cela pour quoi ? Pour un changement d’apparence et non pas d’être. Notre sexe est inscrit dans chacun de nos gènes et ni les traitements ni les opérations ne peuvent le modifier. Ce processus aboutit seulement à une dissociation de la personne entre être et paraître. Avec toutes ses conséquences.

Le droit des parents bafoué
Avons-nous encore le droit de guider nos enfants qui pensent, sur la foi d’un simple ressenti, qu’un tel processus les libérerait de leur mal-être ? La loi citée en préambule voudrait l’interdire. Toute aide psychologique, tous « propos répétés visant à modifier l’identité de genre vraie ou supposée » peut être qualifiée de « thérapie de conversion ». Un amendement a néanmoins été obtenu qui exonère de l’infraction lorsque « les propos répétés invitent seulement à la prudence et à la réflexion ». Prudence ! Prudence ! C’est tout ce que les parents ont le droit de dire, risquant, s’ils s’aventurent plus loin, deux ans d’emprisonnement, 45 000 € d’amende et le retrait de l’autorité parentale. Un praticien consulté par les parents serait mis en danger de peines similaires et de l’interdiction d’exercer. Autrement dit, les jeunes en mal d’identité sont livrés à eux-mêmes et à leurs angoisses pendant que les adultes – parents, écoles, médecins – doivent détourner le regard et ne surtout pas chercher à comprendre.
Cette loi « contre les thérapies de conversion » pourrait bien se retourner un jour contre ses auteurs : s’il s’agit bien d’« interdire les pratiques visant à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne », que font donc les lobbies LGBTQIT+ si ce n’est investir les écoles, les écrans, les livres et les jeux pour suggérer aux jeunes, dès l’âge de 3 ans, qu’ils seraient peut-être aussi bien dans l’autre sexe et qu’on leur a peut-être fait violence en leur « assignant » un sexe à la naissance ? Thérapie de conversion, avez-vous dit !
Un espoir : les pays qui sont « en avance » sur nous pour expérimenter les changements de sexe chez les enfants, le sont aussi pour en réaliser les conséquences et revenir en arrière. En Norvège, en Suède, au Royaume-Uni, le nombre de détransitionneurs, ceux qui cherchent à revenir sur leur transition, ne cesse de croître. Aux États-Unis, à la suite de l’Arkansas, une quinzaine d’États ont des projets de loi interdisant la « transition » des mineurs. Nous y viendrons aussi. Mais combien d’enfants sacrifiés avant d’ouvrir enfin les yeux ?

Claire de Gatellier
Présidente de Famille et Liberté

(1) https ://juristespourlenfance.com et https://familleliberte.org

© LA NEF n°345 Mars 2022