Cinéma Juin 2022

Claret (DVD et VAD sur lefilmchretien.fr et www.cuult.fr/ le 15 juin 2022)

En 1930, l’écrivain espagnol Azorin dénonce la « légende noire » qui depuis 60 ans flétrit l’évêque espagnol Antoine-Marie Claret (1807-1870), et ses œuvres. Le film de Pablo Moreno suit cette enquête d’Azorin, en rapportant les faits, bien réels, qui révèlent la vraie figure de ce saint évêque et fondateur d’ordre.
On rejoint Antoine dans sa famille, à Sallent en Catalogne, où il naît en 1807. Son père tisserand lui transmet le goût du travail. En s’arrêtant sur une image pieuse de Marie, le film révèle qu’Antoine connaît un autre métier, imprimeur. On le découvre soudain séminariste : le film a fait une ellipse sur la formation religieuse reçue du curé.
À l’écran, l’abbé Claret a maintenant un visage d’adulte affirmé comme celui dont nous avons la photo. C’est un prédicateur infatigable qui met à profit ses talents d’imprimeur en éditant en livrets ses sermons. Antoine-Marie fonde l’ordre des missionnaires clarétains. Au faîte de cette activité débordante il est nommé évêque de Cuba par la reine Isabelle II. Là, il imprime à nouveau livrets et images pieuses. L’ambiance chaleureuse ne doit pas tromper. Les propriétaires n’aiment pas que l’évêque se montre favorable aux esclaves. Ils fomentent des attentats auxquels le saint échappe de peu.
Nouvelle mission à haut risque pour l’évêque ; devenir le confesseur de la reine. Le film change là de registre, devenant un drame psychologique de haute altitude qui entraîne le spectateur profondément dans l’âme du confesseur et celle de la reine. C’est en France, à l’abbaye de Fontfroide, que Mgr Claret rend sa belle âme. C’est le mérite de ce beau film, à la musique sensible, de le faire connaître.

La ruche (1er juin 2022)

Le mari de Fahrije est porté disparu depuis la guerre du Kosovo, en 1998. En plus de ce quasi-deuil, sa famille manque d’argent. Fahrije veut résoudre elle-même ces difficultés et lance une petite entreprise apicole, réservée aux femmes. Comme elle est moins habile que son mari pour manier les ruches, elle lance son association dans une nouvelle production : l’avjar, un consommé kosovar traditionnel, à base de poivrons rouges.
Ce premier film d’une réalisatrice kosovare, Blerta Basholli, est fondé sur une histoire vraie. L’actrice principale, Yllka Gashi, a une présence impressionnante qui ne se laisse jamais quitter des yeux. Une chose irrite cependant dans ce film, mais ce n’est pas le film, qui est beau, émouvant et profond. C’est la lecture, « obligée », de son scénario, recopiée de commentaire en commentaire et d’un féministe agaçant. Mais que la réalisatrice soit féministe, très bien, reste que son film ne charge pas la population masculine – on se demanderait sinon pourquoi les femmes tiennent tant à retrouver leurs maris disparus.

François Maximin

© LA NEF n°348 Juin 2022