In Gad we trust !

Reste un peu : l’excellent film de Gad Elmaleh sort en salles le 16 novembre 2022.

Le nouveau film de Gad Elmaleh, Reste un peu, qui sort en salle le 16 novembre est un OVNI à plus d’un titre. D’abord parce qu’il est réalisé et interprété par l’acteur lui-même, ses parents et sa sœur Judith, mais aussi une vraie religieuse (irrésistible avec son sourire et ses baskets !), un vrai prêtre (frère de la Communauté Saint-Jean et curé de la Paroisse Sainte-Cécile de Boulogne) ou un vrai rabbin. Ensuite parce qu’il entend raconter le singulier chemin vers la foi catholique qu’est en train d’effectuer la star du rire de confession juive, né au Maroc il y a une cinquantaine d’années. Enfin, parce qu’il ne se termine pas exactement comme on pourrait le penser…

La Promesse
Bien qu’il additionne à la fois des scènes dé­sopilantes et d’autres particulièrement touchantes, le film – c’est vite évident – mélange le vrai et le faux. Et si un jour Gad Elmaleh devait devenir un catholique de plus, on comprend aussi que cela ne ferait pas un juif de moins…
C’est d’ailleurs une femme juive, la Vierge Marie, qui semble tirer les ficelles d’une histoire qui n’en est encore qu’à ses débuts, faite de joies et de tourments intérieurs. Après tout, chaque chemin de foi n’est-il pas une aventure personnelle, qui touche au plus intime et dont il est difficile de rendre compte dans son intégralité ? Dans cet esprit, le film Reste un peu est un hommage tout en finesse et en humour à la primauté de la conscience, à la liberté intérieure, mais aussi au peuple juif, peuple de la Promesse, ce peuple « à qui Dieu a parlé en premier » comme le dit la liturgie catholique chaque Vendredi saint.
Aujourd’hui encore, tout comme Gad Elmaleh, d’autres suivent un chemin de conversion, à l’exemple de Fabrice Hadjadj qui se déclarait athée et anarchiste avant de rencontrer le Christ.
La figure et le chemin du cardinal Jean-Marie Lustiger sont aussi évoqués à plusieurs reprises. Le film se termine d’ailleurs sur un propos de l’ancien archevêque de Paris, décédé en 2007. Les convertis du judaïsme ne cachent pas combien il n’est pas si évident pour les Juifs eux-mêmes d’assumer un héritage qui mélange tant de paramètres : politiques, culturels, religieux, historiques, identitaires… Passer au christianisme devient dès lors une démarche douloureuse et insolite. Henri Bergson (1859-1941) ou Simone Weil (1909-1943) auront vécu le même tiraillement.

Dieu est aux commandes
Il n’en reste pas moins rafraîchissant qu’en ces temps difficiles où les catholiques de France rasent un peu les murs, ce soit un Marocain issu de la communauté juive séfarade qui ait envie de les réveiller. Il pourrait bien y arriver ! Et montrer en plus qu’en dépit des apparences, Jésus-Christ (seul vrai absent du film) vient lui-même frapper à la porte de nombreux cœurs et qu’il a juste besoin de disciples authentiques et crédibles pour l’aider. À la fin du film, on se prend même à penser que Dieu se rit peut-être de nos grandes réflexions pour élaborer de nouvelles méthodes d’évangélisation, à grand renfort de congrès, de réunions et de démarchages… Plus que jamais, il est aux commandes et souhaite seulement que nous soyons les saints dont ce monde a besoin.
Il reste à remercier Gad Elmaleh ; son humour et son talent sont un vrai cadeau. Mais en ces temps difficiles où rendre compte de l’espérance qui nous habite est un vrai défi, produire un film sur la spiritualité en général et la foi catholique en particulier atteste surtout d’un authentique courage.

Abbé Pierre Amar

Entre Ciel et Terre (2 novembre 2022*)

Faire un film sur le purgatoire ? Qui brave à ce point le respect humain ? Il s’appelle Michal Kondrat, est Polonais et a déjà réalisé un film sur sainte Faustine. Il affiche tranquillement – rareté dans le monde du cinéma – sa foi catholique. Son film sur le purgatoire, très complet, commence par un docufiction sur la figure méconnue de l’Ukrainienne Fulla Horak (1909-1993). D’abord athée et persifleuse, elle est devenue une de ces mystiques dotées de visions du purgatoire. Les théologiens ont reconnu leur conformité à la foi, ce que montrent à l’écran plusieurs prêtres polonais ou italiens (dans la filiation de Padre Pio). ll y a aussi un Français, Don Paul Denizot, le recteur du sanctuaire de Montligeon pour les âmes du purgatoire. Leurs propos soulignent que le purgatoire est un état d’espérance et de joie, puisqu’on verra Dieu, autant que de purification et de souffrance. Et l’on sort du film joyeux, justement, résolu à prier pour les défunts, qui répondent en intercédant pour les priants.

François Maximin

© LA NEF n°352 Novembre 2022