Projet de campagne publicitaire du Conseil de l’Europe en 2021 : « La beauté est dans la diversité. La liberté est dans le hijab ».

Islamisme : quelle stratégie de conquête ?

Les Occidentaux et tout particulièrement les instances européennes refusent de voir que l’islamisme a un plan concerté et totalement public pour islamiser l’Europe et la soumettre à la charia. Explications.

L’objectif islamiste néo-impérial de conquête-islamisation et donc de soumission de l’Europe et du monde est souvent attribué aux seuls « salafistes-djihadistes » de Da’ech ou Al-Qaïda, etc., adeptes du « califat global » et de la « propagande par la violence ». Ce but apparemment démesuré, suprémaciste et donc totalitaire, est en fait d’abord l’objectif de représentants éminents de l’islamisme mondial dit « institutionnel », tantôt soutenu par des États « amis de l’Occident » jugés « respectables » (Arabie Saoudite, Qatar, Pakistan, Turquie d’Erdogan), tantôt par des institutions intergouvernementales ou associatives.
Prenons l’exemple du célèbre prédicateur égypto-qatari, vedette d’Al-Jazira, Youssef al-Qaradawi, ex-coprésident de l’institut de formation des imams européens de Saint-Léger-de-Fourgeret (Nièvre), récemment décédé (2022) et qui a instruit des générations de « fréristes » dans le désir de conquête de Rome et de l’Europe. Dans une fatwa (1) qui se réfère à un hadith célèbre, al-Qaradawi, également ex-président du Conseil Européen pour la Fatwa et la Recherche, chargé d’orienter les musulmans européens, rappelait souvent la « prophétie » de Mahomet : « la ville d’Héraclès sera conquise en premier, c’est-à-dire Constantinople », et il expliquait que Rome « reste à conquérir, et nous espérons et croyons qu’elle sera conquise. […] L’islam retournera en Europe en conquérant et en vainqueur, après en avoir été expulsé deux fois : une fois d’Andalousie, au sud, l’autre fois à l’Est… ». Al-Qaradawi est souvent revenu sur ce thème dans son émission hebdomadaire d’Al-Jazira, ajoutant : « Toute terre n’est pas obligatoirement conquise par l’épée […]. Nous voulons qu’une armée de prédicateurs et d’enseignants présentent l’islam dans toutes les langues et tous les dialectes… Avec la volonté d’Allah, l’islam retournera en Europe, et les Européens se convertiront à l’islam. Ils seront ensuite à même de propager l’islam dans le monde, mieux que nous, les anciens musulmans. Tout cela est possible pour Allah » (2).

Islamiser l’Europe et désassimiler les musulmans vivant en Europe

Cette idéologie, fondée sur le règne de la charia et du califat planétaire, appelée à soumettre l’humanité, est portée depuis des décennies par les grandes institutions musulmanes : wahhabisme-salafisme ; Ligue islamique mondiale ; pôle indo-pakistanais déobandi (3) ; le Qatar, parrain du Hamas et des Frères musulmans ; le pôle « néo-ottoman » de Recep Tayyip Erdogan ; l’Organisation de la coopération islamique (OCI), qui réunit cinquante-sept pays musulmans désireux d’instaurer un ordre international alternatif fondé sur la charia ; ou encore, de façon singulièrement subversive et efficace, par l’Organisation du monde islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ISESCO, sorte d’UNESCO islamique, influencée par les Frères musulmans).
Filiale de l’OCI, l’ISESCO œuvre à l’islamisation de la planète et en particulier de l’Europe, et prône la non-assimilation et la non-intégration des musulmans d’Occident, présentés comme « mis en danger » par les mœurs des infidèles. Dès sa fondation en 1981, l’ISESCO s’est ouvertement opposée à l’intégration des musulmans aux valeurs des sociétés non-musulmanes, « convaincue que les composantes culturelles et éducatives du monde islamique contribuent grandement à assurer sa pérennité et lui permettent de résister aux facteurs de fourvoiement, de dénaturation et d’aliénation, et de faire face aux diverses attaques et opinions dénigrant l’éducation, la science et la culture islamiques » (4).
L’ISESCO organise des séminaires sur « la façon de traiter les images stéréotypées de l’islam dans les programmes de télévision européens ». Plus intéressants sont ses textes officiels, consultables en ligne, qui décrivent les stratégies pour islamiser l’Europe et empêcher les musulmans – dès le plus jeune âge – de s’intégrer aux sociétés d’accueil. Dans un document intitulé « Stratégie de l’Action Islamique Culturelle à l’extérieur du Monde islamique », un véritable « programme commun » panislamiste à usage intra-occidental, est préconisé et diffusé auprès des associations musulmanes d’Europe qui se décline en différents points :
– « Garantir la sécurité culturelle et l’immunité nécessaire au développement de la personnalité du musulman en le formant aux principes de l’islam et de la culture islamique. […]
– Renforcer l’attachement des enfants des communautés musulmanes à leur personnalité musulmane et aux valeurs sociales authentiques.
– Mettre en œuvre les objectifs généraux du développement culturel global visant à éduquer et à former un musulman fier de sa religion et de son identité. […]
– Garantir aux enfants des musulmans vivant en dehors du Monde islamique, une éducation afin de les protéger de l’invasion culturelle et de l’aliénation intellectuelle exercée par l’hégémonie de certains systèmes éducatifs. […]. Les enfants des communautés musulmanes s’exposent à un procédé méthodiquement conçu pour les imprégner des valeurs occidentales et leur faire adopter la pensée, le comportement, les us et les habitudes qui sont en corrélation avec ces valeurs.
– Représenter les communautés islamiques auprès des décideurs dans les pays occidentaux en obtenant des sièges dans les parlements européens ou en participant à la vie politique afin de faire entendre la voix des musulmans pour que leurs réclamations religieuses et culturelles soient prises en compte.
– Former en Europe une communauté islamique (la Oumma) aux principes coraniques. 
»
On retrouve plus loin le prosélytisme conquérant lorsque le document aborde les conversions en Occident : « La vérité est que le Coran continue à rayonner de toute sa splendeur, imperméable à tout doute ou toute allégation mensongère […]. On ne les compte plus, toutes les personnes qui se convertissent à l’islam dans les sociétés occidentales, parfois rien qu’en écoutant le Coran et son exégèse, ceci sans compter que ceux qui s’y sont convertis et le pratiquent en secret sont le double de ceux qui ont affiché ouvertement leur conversion. »

Le victimisme

La grande supercherie – d’ailleurs fort efficace – des islamistes est que, bien qu’ils soient doctrinalement antisémites, christianophobes, suprémacistes, misogynes et foncièrement hostiles aux « polythéistes » et athées, ils se font passer pour des victimes du « racisme » et des acteurs légitimes de la lutte contre les discriminations, donc en faveur de la tolérance ! On l’a vu récemment avec le scandale des fonds européens dédiés à la lutte contre la discrimination des réseaux ECRI et ENAR alloués à des associations islamistes turques et fréristes (FEMYSO, etc.) qui infiltrent les milieux antiracistes et les institutions de l’Union européenne, du Conseil de l’Europe et de l’OSCE, sur instruction ou sur « méthode » de l’ISESCO et des Frères musulmans, notamment en promouvant des campagnes de lutte contre « l’islamophobie » et en faveur du hijab et du communautarisme islamiste (5).
Rappelons que Youssef al-Qaradawi, évoqué plus haut – référence suprême des Frères musulmans européens, de l’ISESCO ou de la FEMYSO, associations agréées comme « antiracistes » par les instances européennes –, a déclaré publiquement que les Juifs devront être tués par les bons musulmans, et ceci « même s’ils se cachent derrière les pierres et les arbres, car la nature parlera pour les dénoncer et les musulmans pourront les tuer… » Ce Qaradawi a même expliqué, à propos des Juifs, « que Hitler leur a donné une leçon la dernière fois, mais que la prochaine serait donnée par les musulmans », en concluant « qu’il serait honoré de mourir en martyr »… Le génie des Frères musulmans, de l’ISESCO, et autres structures de l’islam « institutionnel », est en fin de compte d’utiliser la mauvaise conscience postcoloniale européenne et de réussir à faire croire que les musulmans seraient « persécutés », de sorte que la « réparation » consisterait à laisser s’appliquer un agenda néo-obscurantiste visant à faire des musulmans une communauté séparée. Cette stratégie de la « paranoïsation » fonctionne puisque, d’après une étude de l’Institut Montaigne, un tiers des musulmans penserait que la charia serait supérieure aux lois de la République… Une bombe à retardement géopolitique.

Alexandre Del Valle

(1) www.islamonline.net, 2 décembre 2002. http://www.islamonline.net/fatwa/arabic/FatwaDisplay.asp?hFatwaID=2042
(2) Al-Jazira, 30 novembre 2000, http://www.al-jazeera.net/programs/shareea/articles/2000/11/11-30-3.htm.
(3) École de pensée musulmane traditionaliste, d’obédience sunnite, présente en Inde, au Pakistan et en Afghanistan.
(4) https://www.isesco.org.ma/fr/wp-content/uploads/sites/ 2/2015/05/Strat%C3%A9gieExtVFLR1.pdf. « Stratégie de l’action culturelle islamique à l’extérieur du Monde islamique », https://www.isesco.org.ma/fr/the-islamic-cultural-action-outside-the-islamic-world/.
(5) ECRI : Commission européenne contre le racisme et l’intolérance, dépendant du Conseil de l’Europe ; ENAR : Réseau européen contre le racisme, ONG européenne.

© LA NEF n° 358 Mai 2023